J’ai fait la paix avec ma césarienne - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

J’ai fait la paix avec ma césarienne

ventre de femme avec de la creme
Une Fabuleuse Maman 22 juin 2023
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Quand mon premier enfant est né, l’expression « il est sorti du ventre de sa mère » a pris tout son sens avec violence ce jour-là.

Mon fils est né par césarienne, sortie amère après un travail long et douloureux.

Ce jour-là, non, on ne sait pas tout.

Et, non, l’accouchement, ce n’est pas tout !

Il est des parts de soi que l’on voudrait rejeter, gommer, voir disparaître… et pourtant elles font bien partie de nous, comme cette part un peu brûlée fait partie d’un gâteau par ailleurs délicieux.

Mon entrée dans la maternité est un gros morceau sur lequel je me suis longtemps fait les dents.

J’ai mastiqué, mâché et remâché pour tenter de comprendre à quel moment et pourquoi la recette avait « raté ». Tout avait si bien commencé !

Nous avons vécu une très belle grossesse avec peu de maux et déjà une belle relation à trois avec l’haptonomie, préparation à la naissance qui unit déjà Maman, Bébé et Papa, dans une communication sans mot, faite de caresses, d’invitations, de douceur et de respect.

J’avais un projet d’accouchement physiologique.

Rester le plus longtemps possible à la maison en gérant les contractions, être toujours en communion et communication avec mon bébé Petite Merveille, sans péridurale ni médicalisation, vivre une naissance heureuse par voie naturelle (basse), partager un moment magique ! Mais rien ne s’est passé comme prévu…

Si ! J’ai très bien géré les contractions du dernier mois à la maison… mais au contrôle du jour du terme prévu, tout était fermé : étonnement ! Mais nous avons grappillé avec plaisir, en couple, chaque minute, heure, jour de liberté. Je commençais à appréhender l’inconnu de la naissance entre 2 monitos.

5 jours après, je suis entrée à la maternité, au service « grossesse pathologique » pour déclenchement.

Au début, je suis sereine et confiante dans mon corps, mon bébé, l’équipe, mon mari.

Au bout de 39 heures de travail, ma dilatation atteint laborieusement les 4 cm. Je prends la péridurale.

10 heures et 2,5 cm plus tard, alors que je suis épuisée et que j’ai peur de perdre mon bébé, je comprends que la césarienne est la solution pour qu’il vive. Mais cette phrase revient avec amertume : « tout ça, pour rien ! » accompagnée d’un immense sentiment d’échec, de tristesse et de culpabilité de ne pas avoir « réussi » ! Je me sens impuissante (comme mon mari qui ne sait plus comment me soulager), incapable, passive et coupable. Mon fils naît, je l’entrevois, image floue, puis il part avant que je ne puisse le toucher.

Je reste en éveil, prête à être mère, mais mon enfant n’est pas là.

Le peau à peau sera vécu avec son papa (comme tant d’autres moments de fusion et de complicité les premiers jours, mois, années). L’allaitement sera ensuite difficile à mettre en place : j’ai besoin d’aide entre l’épuisement, la cicatrice et l’inconnu… La première tétée ne dure qu’un instant, j’ai tellement peur de le faire tomber. Rien n’est simple ni spontané.

Je découvre qu’être mère, ce n’est pas du gâteau.

Il pleure, il boit souvent, je ne peux pas me reposer. Je ne veux plus être mère. Je ne reconnais pas cet enfant comme étant Petite Merveille. Tout était si simple quand il était en moi. La délivrance est pour moi un enfermement. J’ai l’impression que je vis un cauchemar : ça ne peut pas être vrai. Je vais me réveiller et accoucher pour de vrai ! Je suis traumatisée.

Il me faudra un mois et beaucoup de soutien pour sortir la tête de l’eau, arrêter de me laisser bousculer, déséquilibrer et noyer par…

…les vagues des « pourquoi ? » et des « et si ? » qui submergent tant de mamans césarisées,

parfois pendant des années :

  • Pourquoi ça s’est passé comme ça ?
  • Pourquoi mon corps ne s’est-il pas ouvert ?
  • Pourquoi n’ai-je pas réussi ?
  • Pourquoi est-ce que je ne me sens pas mère ?
  • Pourquoi ne suis-je pas heureuse ?
  • Pourquoi est-ce que je n’aime plus mon bébé ? [un immense merci à cette psychologue qui m’a dit bien plus tard que ce n’est pas parce que je ne sentais pas que je l’aimais que je ne l’aimais pas, qui m’a révélé que je n’avais jamais cessé de l’aimer… même dans ma nuit]
  • Pourquoi tant de souffrances, de doutes, de jours sombres et de nuits blanches ?
  • Et si je n’avais pas été déclenchée ?
  • Et si je n’avais pas accepté la péridurale ?
  • Et si mon corps ne m’avait pas lâché ?
  • Et si je pouvais tout recommencer ?
  • Et si je ne retrouvais jamais le goût de la vie ?
  • Et si je ne m’attachais pas à cet enfant ?
  • Et si je n’étais pas capable d’être mère ? 
  • Et si j’étais moins apte que son papa si formidable ?
  • Et si être mère, c’est si dur, alors pourquoi l’ai-je voulu ?

À ressasser ces mots poisons pleins de piquants, je m’étais englué dans ces idées noires, la gorge serrée, les yeux secs d’avoir trop pleuré, le cœur fermé, à la recherche d’une cause inconnue.

Aujourd’hui je le sais : je ne méritais pas toute cette souffrance !

Quelle que soit ton entrée dans la maternité, tu ne méritais pas de douter, de souffrir, de subir. Personne ne le mérite. La souffrance est pourtant là, légitime, unique et incomparable.

La naissance de nos enfants ne dit pas notre valeur et ne limite pas notre relation avec eux.

Se mêlent tristesse, souffrance, colère, peur de le perdre, de me perdre… et aussi soulagement, joie : « Il est né, il est là, la vie a triomphé. C’est fini. »

Mais non, ce n’est pas fini. Au contraire, tout commence !

J’ai une cicatrice à accepter, un enfant à accueillir et le tout à aimer. 

Mon enfant est là. Il n’a pas choisi de naître ainsi. Ce n’est pas sa faute… ni la mienne. Ce n’est la faute de personne d’ailleurs.

La vie continue. Il y a un enfant à aimer, un enfant qui a terriblement besoin de sa maman… et cette maman unique et irremplaçable, c’est moi !

Il y a tant la cicatrice du corps que celles du cœur et de la tête qui ont besoin d’être reconnues, accueillies et soignées.

« Nous portons tous les cicatrices de nos blessures de vie. Nous pouvons choisir de les considérer comme paralysantes en nous apitoyant sur les raisons qui les ont causées ou décider de les honorer, car elles disent aussi que nous avons survécu et que cela nous a peut-être rendus plus forts ou plus lucides. » dit Jacques Salomé.

La césarienne n’est pas une fin.

Ce n’est pas le plus beau des débuts… mais tout ne se joue pas dans les premières minutes, heures, mois, avant 3 ou 6 ans ! La vie continue malgré et avec ta douleur. Il n’est jamais trop tard pour guérir et aimer.

Et avec le temps, j’ai choisi une nouvelle question : « Comment ? » et elle ouvre plein de possibles, un horizon d’espérance, de paix, d’amour, de joie et de bons moments.

  • Comment, avec ces cartes-là, jouer une belle partie ?
  • Comment ajouter des ingrédients pour que la vie soit savoureuse ?
  • Comment choisir la vie ?
  • Comment tisser le lien, entretenir la confiance et la complicité ?

« Comment » permet de croquer la vie.

Alors, aujourd’hui, je dis merci pour :

  • la vie telle qu’elle est,
  • mon corps, cet allié fidèle qui a traversé la bataille avec moi,
  • ces sourires de mon fils rien que pour moi et tous ces bons moments partagés,
  • notre capacité de guérison et l’espérance,
  • la joie d’être mère,
  • d’aimer et me savoir aimée.

Comme le César est une récompense, la césarienne est une voie haute et noble qui dit la valeur de ces mamans qui se sont données pour donner la vie.

Et aujourd’hui, je veux clamer à voix haute : être mère, c’est donner la vie, c’est tous les jours et c’est possible aujourd’hui.

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Marie Curis.



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