L’une des choses qu’on peut le moins maîtriser dans la vie en général,
et dans notre vie de femme en particulier, c’est la fécondité… Au grand regret des plus perfectionnistes d’entre nous, celles chez qui le manque de contrôle provoque angoisse, palpitations et hyperventilation — et je sais qu’il y en a plus d’une parmi nos lectrices. Je ne te jugerai point, chère Fabuleuse, si tu fais partie de cette catégorie, pour la bonne raison que j’ai cru, à une certaine époque, que mon désir ou son absence, suffisaient à faire le job. Tu as connu le « Je fais un bébé si je veux, quand je veux et avec qui je veux » ? Esprit cartésien, héritage de nos parents soixante-huitards, naïveté peut-être… Quelle qu’en soit la raison, une analyse empirique m’a révélé que la vie était un poil plus complexe, si tu me passes l’expression.
Je ne raconterai pas ici les prises de conscience et péripéties que nous avons traversées, mon Fabuleux et moi, pour fonder notre petite famille, même si tout cela est fort passionnant.
Mais je vais quand même te parler de moi, la fameuse invitée surprise évoquée dans le titre ci-dessus.
Au-delà d’avoir le plaisir de te raconter un bout de mon histoire familiale, mon but est de parler aux mamans qui ont vécu, ou qui vivront, ce que ma propre maman a vécu, pour qu’elles se sentent un peu moins seules dans ce qu’elles traversent. Je m’adresse bien sûr aussi à celles qui ont été « le bébé qu’on n’attendait pas ». Chaque histoire est unique, et ne saurait être comparée en tous points à une autre. Mais ce que nous savons, nous qui écoutons des dizaines de Fabuleuses par jour réagir aux témoignages d’Hélène et de toutes les auteures qui l’entourent, c’est que le vécu des unes trouvera toujours un écho chez les autres. Et rien que ça, ça fait déjà du bien.
Mes parents se rencontrèrent il y a cinq décennies et accueillirent assez rapidement ma grande sœur. Ils s’installèrent, se marièrent et décidèrent de bâtir un foyer.
Mon papa se serait bien contenté de cette vie à trois,
à ce moment-là, bien occupé qu’il était à construire sa maison, tout en travaillant (du latin tripalium) à l’usine. Ma maman, quant à elle issue d’une fratrie de douze enfants, aspirait à une famille plus étoffée… Madame et Monsieur se mirent donc d’accord pour trouver un juste milieu. C’est à ce moment-là que la « Nature » mit son grain de sable dans les rouages.
Bien que mes parents fassent preuve de moult motivation, point de deuxième bébé à l’horizon.
Au bout de quelques années, ils décidèrent de consulter le corps médical pour donner un petit coup de pouce au processus. Ce qui porta ses fruits, puisque mon frère arriva quelques mois plus tard. Un garçon, que demander de plus ? Mais c’était sans compter les taquineries du destin… Alors que la fête était à peine terminée, que les cotillons traînaient encore sous la table et que les faire-parts étaient à peine envoyés, voilà qu’un nouvel embryon vint s’installer dans le ventre de Madame.
Ça, pour une surprise, ce fut une surprise !
Les réactions furent mitigées au départ : comment accueillir un nouvel enfant, seulement 13 mois après le deuxième ? Sans compter la cicatrice de la césarienne, subie lors du précédent accouchement, tout juste refermée… L’avortement fut une option pour l’un, mais inenvisageable pour l’autre. Quelques débats eurent lieu, mais je n’en ai pas connaissance. Et puis, les semaines passant, l’option n’en fut plus une, et mes parents se préparèrent à avoir un troisième enfant — donc moi, si tu avais perdu le fil. Fin de l’histoire… ou plutôt, le début de la mienne !
Si j’en parle avec un peu de légèreté et un brin d’humour, c’est parce que je n’ai jamais ressenti que j’étais un boulet.
Une fois passées les émotions diverses et variées provoquées par l’annonce d’un nouveau bouleversement de l’équilibre familial, autrement dit l’arrivée d’un nouvel enfant, et tout ce qui va avec — toi-même, tu sais —, mes parents m’ont accueillie avec joie et j’ai trouvé ma place dans leur cœur et leur foyer. Je me suis forcément posé des questions existentielles à certains moments de ma jeunesse, du genre « Je n’étais pas voulue, je suis celle de trop, et si ça se trouve, j’ai été adoptée » — l’adolescence n’étant pas avare d’incohérences. Mais ces doutes sont toujours retombés comme des soufflés face à la réalité de l’amour dont je n’ai pas manqué.
Comme je l’ai écrit plus haut, chaque histoire est particulière.
Je ne vais pas dire que tout est super génial, rose et plein de paillettes. Je reconnais comme un privilège d’être en vie et d’avoir été choyée. Ma famille n’a jamais été parfaite, et ne l’est toujours pas à l’heure qu’il est, mais j’ai l’impression d’avoir reçu à peu près ce qu’il me fallait. Je sais aussi que d’autres histoires sont moins tendres et même dramatiques. Certains « bébés surprises » portent le poids de cette étiquette peu flatteuse toute leur enfance, voire toute leur vie.
Ce qui est sûr, c’est qu’à certains moments de notre vie, nous faisons nos propres choix, peu importe notre passé, notre culture, notre environnement, notre héritage. Chaque Fabuleuse, celle que je suis, celle que tu es a l’extraordinaire capacité de tracer son propre chemin, d’écrire son histoire.
C’est pour ça que les Fabuleuses au foyer existent :
pour t’offrir des outils qui vont t’aider à construire ton foyer, non pas selon un modèle préétabli, qui se transmettrait fatalement de génération en génération, mais à l’image de la Fabuleuse qui est en toi, créative, belle, généreuse. Celle qui ne demande qu’à s’épanouir.