Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de me rendre au Liban. J’y ai rencontré Sandra, maman de deux enfants, Joud 8 ans et Nour 5 ans, qui est aussi chef d’une maison de publication et traductrice.
Sandra m’a raconté à quoi ressemble la vie d’une fabuleuse maman, dans un environnement et une culture différents des nôtres certes, mais tu te reconnaîtras certainement dans plusieurs aspects.
Quelques éléments si tu souhaites mieux connaître le contexte. Le Liban est l’un des plus petits états du Moyen-Orient avec un territoire équivalent à celui de la Gironde, bordé à l’ouest par la Méditerranée. Son histoire et sa culture millénaires sont d’une grande richesse et ses paysages sont d’une beauté époustouflante. Considéré comme relativement libéral dans une région plutôt conservatrice, le pays abrite 18 communautés religieuses et l’État est régi par un système complexe de partage du pouvoir entre les principales confessions. Le Liban traverse encore aujourd’hui une des pires crises économiques de son histoire. Ce pays, qui a survécu à plusieurs guerres, notamment la guerre civile de 1975 à 1991, est toujours malmené par les crises politiques et souvent victime collatérale de vives tensions régionales. La France, alliée traditionnelle, conserve avec ce pays des liens historiques, culturels, politiques et économiques, nourris par la francophonie.
Sandra, peux-tu partager avec nous les défis actuels d’une maman au Liban ?
Les défis sont grands. La mère libanaise pense constamment à la sécurité de ses enfants, à leur éducation. Elle se demande s’ils pourront se doucher avec de l’eau chaude le soir quand ils rentrent, se réchauffer en hiver. Les mères ici sont toujours préoccupées. Est-ce qu’on reste ou on quitte le pays ? Entre la pandémie de Covid-19, la crise économique et sécuritaire, l’augmentation quotidienne des prix et la pénurie des matières premières et des médicaments, nous sommes actuellement dans un état lamentable. Pourtant, l’espoir nous pousse à continuer et à croire en une vie meilleure pour nos enfants.
Toi qui connais un peu la France, qu’as-tu remarqué comme points communs et différences entre les mamans françaises et libanaises ?
J’ai trouvé que les mères françaises ne vivaient pas avec ce stress que nous ressentons constamment au Liban. Je ne nie absolument pas leurs défis, leurs peurs, les conditions de vie qui deviennent globalement moins évidentes aux quatre coins du monde… mais j’admire le côté « zen » des mamans en France ! C’est peut-être la première raison qui pousse les familles libanaises à choisir la France comme destination de vie, mais cela s’explique aussi par le fait que l’Etat français offre beaucoup aux citoyens et notamment aux familles, à travers les aides sociales et les infrastructures.
De mon côté, je fais de mon mieux pour rester « cool » – c’est peut-être le plus grand défi de ma vie… – face à toutes les situations anxiogènes du quotidien. Le calme et la sérénité, c’est ce qui me manque souvent !
Un des grands atouts, et qui m’est tant précieux dans ma culture, c’est la convivialité, la vie de communauté. La famille est au centre de la société et même, de la vie. Mon époux et moi avons tous les deux choisi de vivre à proximité de nos parents et de partager notre vie et la vie de nos enfants avec eux. La famille est pour nous un pilier, un support, et nous nous sentons vraiment chanceux que ces valeurs soient toujours prédominantes dans notre société.
Comment est considérée “la Mère” dans ta culture ? Quelles missions la société libanaise lui confie-t-elle ?
La mère est la force de la famille, elle est respectée, même adorée, elle est le symbole de l’unité et de l’amour. Elle est tout pour sa famille, surtout pour ses enfants. La plupart du temps, c’est elle qui prépare les repas, qui fait les courses, le linge, s’occupe des devoirs. La société s’attend à ce qu’elle soit toujours parfaite en tant que mère, femme, employée, épouse, et cela est extrêmement épuisant.
Pour prendre des moments de repos ou parfois des week-ends “échappatoires”, on a recours aux grands-parents. Pour ma part, ce sont vraiment ces petites pauses qui m’aident à regagner ma force, à respirer et continuer le chemin.
Qu’est-ce que tu trouves de plus beau dans ta vie de maman ? et de plus difficile ?
Le plus beau, c’est la quantité d’amour et de tendresse que les enfants nous offrent, et leur appréciation des toutes petites choses qu’ils reçoivent.
Le plus difficile c’est d’être constamment au centre de leurs besoins, leur dépendance vis-à-vis de nous. Parfois, ça me donne l’impression d’être emprisonnée, d’être plus mère que femme. Être maman, ce n’est pas “dé-faisable”… et, en même temps, c’est une expérience que rien n’égale !
Quel est ton mot de la fin pour les mamans françaises, libanaises et d’ailleurs ?
Vous êtes fabuleuses, que vous soyez libanaises, françaises ou autre ! Par définition, être une maman, c’est être fabuleuse. Alors, continuez à l’être !