Laisser mes enfants prendre des risques : mon plus gros défi de maman - Fabuleuses Au Foyer
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Laisser mes enfants prendre des risques : mon plus gros défi de maman

mes enfants prennent des risques
Une Fabuleuse Maman 5 mars 2023
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Je me souviens d’un petit footing en famille (nous n’avions alors que nos deux filles aînées) un mercredi après-midi. Ma jolie blonde d’à peine 5 ans, heureuse de partir courir avec sa sœur, et papa-maman, galopait devant nous et se retournait régulièrement pour vérifier que nous la suivions.

Le footing a duré 3 minutes : c’est toujours mieux de regarder devant soi !

Je l’avais prévenue plusieurs fois : « Regarde devant toi, ma puce ! », « Attention, il y a des gens et des obstacles, droit devant ! ». Bim. En se remettant dans le sens de la marche, sa tête a tutoyé une barrière métallique dans une venelle, à 300 m de chez nous. Cris, pleurs, sang, panique. Elle crie. Je hurle. Mon mari me demande de me taire.

Entre deux sanglots, j’aperçois l’intérieur de la bouche de ma fille. Et j’y vois de la bouillie. Je dévisse alors totalement et je crie à l’adresse de son père, totalement stoïque : « Mais regarde, elle s’est broyé la langue dans le choc, c’est de la charpie là-dedans ». Je vois dans les yeux ahuris de mon mari que je ne suis plus dans la réalité,

que ma peur du drame a pris le dessus et que je suis hors sujet.

D’une voix calme — alors que je le sais ulcéré par ma réaction démesurée — mon Fabuleux m’explique comme s’il s’adressait à un enfant que non, la langue de notre fille n’a pas été broyée dans ce mini-choc, et que les amas de jenesaispasquoi que j’ai vus sont en fait des restes de brioche qu’elle n’avait pas totalement mastiqués ni avalés… Ouf. Je redescends, un peu honteuse, car oui, l’adulte, c’est moi a priori. Je suis capable des mêmes délires lorsque l’un de mes enfants souffre de petits symptômes anodins : fièvre persistante, toux matinale, douleurs de croissance…

L’angoisse monte inexplicablement face à ce qui ne sont que des maux sans gravité.

Je m’imagine déjà le diagnostic alarmiste de notre médecin de famille. Qui me rit souvent au nez, aimablement, mais ostensiblement. 

Je connais ce fonctionnement, que j’ai longtemps subi, mal compris. Maintenant, quand je m’entends leur crier « Non, ne fais pas ça, tu vas te faire mal ! » ou « Oh là là, mais ça, c’est n’importe quoi. Si tu glisses, c’est direct à l’hôpital ! »

… je sais que ce sont les mots de mes parents qui sortent de MA bouche. 

Je n’ai aucun grief à formuler sur l’éducation que j’ai reçue. Mes parents eux-mêmes ont fait avec leurs armes du moment et leur cœur. Oui, c’est vrai, ils m’ont sans doute transmis une forme de peur et d’anxiété perpétuelles : si l’un de mes enfants s’élance sur la plage à l’assaut d’un monticule de rochers, mon premier réflexe est de le mettre en garde contre TOUS les dangers potentiels : glissade, écorchure, chute de hauteur avec traumatismes multiples, pompiers arrivant, sirènes hurlantes, hôpital, immobilisation, voire séquelles irrémédiables.

Quelle optimiste je suis, n’est-ce pas ? 

C’est grâce au papa de mes filles que j’ai réussi à maîtriser cette peur, souvent infondée, qui est la mienne et qui ne doit pas devenir la leur. Souvent, il m’a retenue par le bras au moment où j’allais m’élancer pour les brider dans leur élan de découverte de leur environnement, de leurs limites, de leur propre corps. 

Je m’en trouvais souvent agacée, considérant que mon mari était aussi irresponsable qu’un enfant de 5 ans, avec une conscience quasi inexistante du danger. Non, mon Fabuleux avait juste reçu par son éducation d’autres armes que les miennes. Après une saine prise de hauteur et grâce à la mise en commun de nos bagages si différents, nous avons, je crois, trouvé un équilibre qui permet à nos enfants de faire leur propre expérience, dans des limites acceptables, et de construire leur confiance en eux.

Évidemment, je ronge encore parfois mon frein.

Dans ma tête de maman un peu flippée se baladent toujours, de temps à autre, des inquiétudes que je tais, car je ne veux pas qu’elles empêchent mes enfants de se confronter à des situations qu’ils ont, eux, la certitude de pouvoir gérer. Bien sûr, des chutes, des déconvenues, des essais ratés, des pleurs, des déceptions et des frustrations, il y en a à la pelle, chez nous comme partout ailleurs. Mais je suis heureuse que mes enfants puissent expérimenter cela aussi, car notre mission de parents, c’est les préparer à la vie, dans toutes ses dimensions.

Parfois la vie fait mal, nous prive de ce que l’on attend, nous dit non.

L’issue n’est pas forcément dramatique, même si l’on trébuche. Ce fonctionnement est en moi, je l’ai reçu en héritage (j’aurais préféré, on ne va pas se mentir, une villa en bord de mer), mais je dois vivre avec et le gérer en adulte pour ne pas qu’il devienne le bagage — lourd à traîner — de mes trois enfants. Les débordements d’anxiété qui me font perdre mes moyens peuvent encore se produire, à l’occasion, mais je ne me flagelle pas si c’est le cas. Ces peurs, bien qu’infondées, sont aussi la manifestation de l’amour que j’ai pour eux. 

Aujourd’hui, je suis capable de les laisser grimper à toute vitesse en haut des rochers, d’être admirative de leur hardiesse, même s’ils sont perchés à dix mètres de haut et que mon estomac à moi fait des nœuds, et de me contenter d’un banal « Faites bien attention quand même ! »

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emilie.



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Une Fabuleuse Maman

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