Et si on parlait du sommeil des mamans ? - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Et si on parlait du sommeil des mamans ?

sommeil des mamans
Myriam Oliviéro 19 octobre 2022
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Dormir… Ce mot fait rêver beaucoup de fabuleuses mamans qui nous partagent leurs difficultés, parfois même leur désespoir de retrouver un jour du repos dans leur quotidien surchargé, de jour comme de nuit. Insomnie chronique, somnifères, fatalisme puis épuisement complet, Aurélie est passée par toutes ces étapes avant de trouver des solutions puis de les partager en tant que coach en sommeil, spécialisée dans l’accompagnement des adultes. Tu t’en doutes, elle reçoit en consultation beaucoup de jeunes mamans. Peut-être son approche t’ouvrira-t-elle de nouvelles perspectives ?

Aurélie, comment êtes-vous devenue spécialiste de ces questions de sommeil des mamans ?

Le point de départ, c’est que je suis moi-même passée par là, c’est-à-dire que j’ai connu, de 17 à 30 ans, des troubles du sommeil qui relevaient vraiment de l’insomnie chronique et sévère. Cela s’est installé progressivement et je ne m’en préoccupais pas vraiment. Je croisais les doigts pour que la semaine suivante soit meilleure mais je ne prenais pas mon sommeil à bras-le-corps. Je n’avais pas conscience, à cette époque, qu’il existait d’autres possibilités que de prendre les médicaments qui m’étaient proposés par les médecins. 

Et puis, à 30 ans, je suis devenue maman et je me suis retrouvée avec un petit garçon qui ne dormait jamais. Je me sentais complètement démunie, à la fois pour moi-même et pour mon enfant. C’était vraiment difficile de tenir le coup… J’ai traversé un grand désert pendant deux ans, avec une fatigue intense, à tel point que je suis tombée en burn out complet, ne pouvant même plus m’occuper de ma famille ni de moi-même. 

C’est à ce moment-là que je me suis dit : soit je finis à l’hôpital, soit je reprends ma vie en main de A à Z. J’ai choisi la deuxième option ^^ . Ça a évidemment commencé par le sommeil, parce qu’à un moment donné, il fallait vraiment que je dorme… J’ai alors dévoré à peu près tout ce que je trouvais comme littérature scientifique et j’ai suivi des formations autour du sommeil. Puis j’ai mis en place des choses dans mon quotidien et, en un mois et demi, j’avais l’impression que plus jamais le sommeil ne serait un problème pour moi. J’avais compris tout ce qui me manquait auparavant et que mon problème de sommeil n’était pas une fatalité. J’étais alors tellement enthousiaste et heureuse de voir que c’était possible que j’ai voulu le partager ! J’ai d’abord créé un podcast qui s’appelle Insomnie, hors de mon lit dans lequel je partageais mon histoire, mon parcours, avec la volonté que ça puisse inspirer des gens, leur faire gagner du temps et de l’énergie.

En parallèle, je me suis fait accompagner pour le sommeil de mon fils. En l’espace de quelques semaines, mon fils aussi dormait ! Ça a été assez fabuleux. 

J’ai moi-même été suivie par Caroline Ferriol, spécialiste du sommeil des bébés et des enfants et fondatrice de Fée Dodo

À ce moment-là, Caroline souhaitait développer un accompagnement et un suivi pour le sommeil des adultes, notamment pour les parents, y compris quand leurs enfants, eux, dorment. 

De fil en aiguille, j’ai décidé de passer le cap, puis d’en faire une activité à part entière. Je vois beaucoup de mamans qui, suite à la grossesse, à l’accouchement, avec des périodes d’allaitement parfois longues, se retrouvent en grande détresse de sommeil pour un tas de raisons différentes. Je les aide à y voir plus clair, à mettre le doigt sur ce qui a pu poser problème par le passé, à trouver les ressources pour changer les choses dans leur quotidien, à voir que c’est possible, qu’il y a de la lumière au bout du tunnel. Il n’y a pas de fatalité : ce n’est pas parce qu’on devient parent qu’on doit obligatoirement être privé de sommeil. 

Bien sûr, cela passe par le sommeil de bébé. La maman peut mettre tout ce qu’elle veut en place dans son quotidien, si bébé ne dort pas, ça vient anéantir tout le reste. J’essaie de transmettre un maximum de connaissances pour retrouver le sommeil et, par ricochet, de la vitalité et du bien-être dans le quotidien. On ne peut pas donner ce qu’on n’a pas. La maman qui est sur les rotules et qui n’a absolument aucune énergie ne va pas pouvoir être comme elle le souhaite avec son enfant. C’est pourquoi, prendre soin de soi est pour moi une vraie marque d’altruisme. 

Le problème, en tant que maman, c’est qu’on ressent parfois de la culpabilité à vouloir prendre soin de soi. On ne va pas faire de sieste, par exemple, parce que ça paraît être de la fainéantise. Il y a toujours des choses à faire, il faut toujours être au top du top, alors qu’en fin de compte, la base du bien-être, de l’équilibre hormonal et nerveux, de la pleine santé et de l’épanouissement personnel pour la maman, passe par le fait d’être reposée.

Quand vous écoutez ces mamans, quels sont les signes qui vous alertent au sujet des troubles du sommeil ?

Souvent, ce que je constate, c’est que les mamans ont remarqué des symptômes, mais qu’elles les ont laissés de côté parce qu’elles sont prises dans leur quotidien. Pour moi, le signe principal, c’est quand on commence à ne plus pouvoir dormir, même quand on le peut, c’est-à-dire quand on a le temps. Même quand bébé dort, maman ne dort plus, le sommeil ne vient plus. Cela marque un déséquilibre, un dérèglement au niveau du système nerveux et, probablement aussi, au niveau de la balance hormonale. Ça veut dire que plus on attend, plus ça devient difficile parce que le corps puise dans ses ressources. À partir du moment où on sent que le sommeil n’est plus tout à fait aussi facile qu’avant, il faut agir.

Ce que je remarque aussi, c’est que, pendant leur grossesse, les mamans se rendent compte qu’elles sont extrêmement fatiguées, cela peut même rendre la grossesse difficile. Le sommeil devient moins facile ou plus aléatoire. Elles se disent que ça ira mieux après, mais en fait, ça empire. Il est très important, à ce moment-là, de s’écouter. C’est le moment pour mettre en place les bonnes pratiques et les bons réflexes pour son sommeil. 

D’autres signes, qui a priori ne présentent pas de lien avec le sommeil, peuvent alerter. Par exemple, on va perdre beaucoup de cheveux, commencer à avoir les ongles cassants, à être beaucoup plus frileuse, à perdre l’appétit, ou, au contraire, à avoir de l’appétit même la nuit. Ce sont des signes que le corps est en grande instabilité et dans 90% des cas, cela conduit à des troubles du sommeil. Encore une fois, le sommeil est une question d’équilibre. C’est pourquoi, mieux vaut se mettre à l’écoute de son corps sans attendre et ainsi éviter de basculer dans l’insomnie sévère, dont il est plus difficile de sortir.

Si je comprends bien, vous conseillez de ne pas attendre que certains signes commencent à s’installer, y compris dès la grossesse ?

Complètement. On oublie trop souvent que la grossesse, l’accouchement et également l’allaitement, épuisent considérablement les stocks de minéraux et le stock de capital santé. Si on ne le nourrit pas correctement, le corps va s’épuiser petit à petit. On a par exemple besoin de vitamines, de minéraux et d’oligo-éléments. Tout ça vient soutenir nos fonctions physiologiques. À un moment donné, si le stock est vide, on peut développer toutes sortes de symptômes : problèmes de peau, insomnie, troubles digestifs, etc. D’où l’importance de le prendre en considération en amont. Une des choses les plus importantes pour que le sommeil puisse advenir est de s’assurer que le corps soit minéralisé correctement. Mon corps est en train de construire un petit être, alors je lui donne tout ce qu’il y a de meilleur. 

Comment pourriez-vous encourager en quelques mots les mamans qui se sentent épuisées, en dette de sommeil ?

Je leur dirais qu’on ne peut donner que ce qu’on a d’abord reçu : les mamans donnent énormément et ont donc besoin d’énormément de ressources. Ça veut dire faire des siestes quand bébé fait des siestes, marcher dans la nature, mettre les pieds dans son jardin ou dans un parc, se poser dix minutes juste pour respirer ce temps présent, s’accorder du temps au calme. Se reposer ne veut pas forcément dire dormir. C’est souvent la confusion qui est faite, notamment au niveau des siestes. Se reposer, ça veut dire se recentrer sur soi et ça, c’est une ressource pour le corps. Prenez un maximum de temps pour vous, c’est votre ressource pour assurer le quotidien. 



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Cet article a été écrit par :
Myriam Oliviéro

Infirmière de formation et diplômée en médecine tropicale, Myriam s’est orientée vers l’action médico-sociale auprès des publics démunis. Après un séjour de 2 ans en Afrique de l’Ouest, elle s’est investie en France dans différentes associations.

Mariée à un Fabuleux infirmier et pianiste avec qui elle a 2 garçons, elle a rejoint cette année l’équipe des Fabuleuses en tant qu’assistante de rédaction.

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