Pour les enfants, Noël est synonyme de feu dans la cheminée, de chocolats chauds partagés, de vitrines féériques et de rires en famille. Dans leur esprit, ces moments sont doux, simples, même si les virus hivernaux rôdent. Mais pour beaucoup d’adultes, Noël est devenu une période où la joie de la fête est ternie par le poids des obligations : courses à n’en plus finir, préparation de repas pour des familles à géométrie variable, tenue et menus au cordeau, sans oublier les dizaines de cadeaux à prévoir pour les uns et les autres.
Ce tourbillon nous éloigne des envies d’intériorité et de lenteur propres à la saison hivernale.
Alors, comment retrouver le vrai plaisir de Noël ? Pour celles et ceux qui rêvent de pouvoir dire « non » à la pression et de profiter de la fête, voici quelques pistes de réflexion pour agir autrement, cette année.
Parmi les obstacles contre lesquels bute la majorité des femmes que j’accompagne, arrivent en tête :
La charge mentale
Entre courses, planification des réunions de famille, ambitions culinaires, gestion des invitations, la liste s’allonge, créant des tempêtes de cerveaux. Barbara commence dès novembre à appréhender la course qui s’annonce pour elle chaque année : « désormais je vis deux mois de juin dans l’année. Un en juin et un en décembre. Je termine le mois exsangue ». Albane s’énerve de devoir trouver un cadeau pour chacun de ses frères, sœurs, neveux et nièces, soit une vingtaine de personnes au total, quand Céline se désespère du choix qui a été fait dans sa famille d’offrir un seul cadeau à une personne tirée au sort : « je ne connais pas ses goûts et me voilà en plus privée du plaisir de faire un cadeau à d’autres dont je suis peut-être plus proche ! C’est débile ».
Les pressions familiales
Fêter Noël dans chaque branche de la famille, le 23, le 24 et le 26 en plus du 25, jongler avec les demandes des uns et les manies des autres, faire semblant de bien s’entendre malgré les tensions crée des dilemmes et des conflits de loyauté parfois douloureux. Je pense à Delphine, dont le père n’a cessé de lui adresser des reproches acides l’an passé. Elle s’était juré, en sortant de chez lui en larmes, de ne plus jamais fêter Noël avec lui. Delphine n’a aucune envie d’y aller cette année, mais elle ne veut pas priver ses enfants de cette fête. Elle me demande de l’aide pour arriver à faire un choix.
La pression des coutumes
De la tenue vestimentaire imposée au respect des rituels et coutumes, Noël rime avec traditions auxquelles il est difficile d’échapper. Beaucoup de femmes que je reçois déplorent les divergences intergénérationnelles sur la question du sapin par exemple — un vrai ou un faux ? Ou sur le menu du soir — pourquoi toujours cette énorme dinde que personne n’aime vraiment manger ? Le poids des « on a toujours fait comme ça » peut mener à vider de son sens cette fête.
Qu’en est-il pour toi ?
Sur quel point ta bonne humeur achoppe-t-elle le plus souvent ?
Comment profiter de la fête, comment préserver tes convictions, ton identité dans ce tourbillon ?
Je te propose, en vrac, quelques idées :
Te rappeler le sens de cette fête pour toi
Les uns disent : « Noël, c’est la fête des cadeaux ! », d’autres « Noël, c’est la fête de la naissance du fils de Dieu », d’autres encore : « Noël, c’est la fête de la famille », ou « À Noël, on fête l’amour ». Ils ont tous raison : chacun trouve dans cette fête un sens qui lui est propre. Pour toi, quel est le sens de cette fête ? Quel sens aimes-tu lui donner ? Et pourquoi ne pas en parler avec chacun plutôt que de faire semblant d’adhérer à la conception des autres ?
Adopter un rythme personnel
Que serait Noël à ton rythme, sans contraintes extérieures ? Non, ce n’est pas toujours possible, mais je te propose de jouer avec cette idée. Cela va te donner des pistes de ce à quoi tu aspires en termes de tempo. Aimes-tu fêter Noël chez les autres ? Ou plutôt chez toi ? En petit comité ou bien toutes générations rassemblées dans une maison pleine à craquer ?
Te projeter dans ces scénarios t’aide-t-il à faire des suggestions à ta famille ?
C’est le cas de Laurence, qui trouve le courage d’annoncer qu’elle préfère alterner, un Noël en grande famille une année, un en comité restreint l’année suivante, pour limiter les déplacements et se recentrer sur ce qu’elle apprécie avant tout : des moments paisibles. Marion, elle, refuse de traverser le pays avec ses enfants en bas âge, cette année. L’année précédente, son mari et elle s’étaient disputés toute la semaine, fatigués et énervés par cette si longue route.
Investir dans ce qui compte vraiment pour toi
Quels sont les aspects de Noël qui résonnent le plus avec ton cœur ? Est-ce l’occasion de voir les cousins, de préparer un repas traditionnel pour ta famille, ou bien c’est l’aspect spirituel qui est ta priorité ? Réfléchir en amont peut permettre de choisir ce dans quoi tu désires investir du temps et de l’énergie cette année.
Si la « magie » de Noël pour ta famille réside dans la célébration religieuse, alors pourquoi ne pas le formuler, choisir un très beau lieu et proposer ton temps pour vivre ce moment spirituel à fond ? Si tu affectionnes particulièrement l’ambiance de la veille de Noël, autour d’un repas aux treize desserts comme en Provence, alors pourquoi ne pas l’annoncer et concentrer ton énergie sur cette soirée pour en profiter au maximum ?
Oser chercher la simplicité dans les cadeaux
L’angoisse des cadeaux à trouver est un casse-tête dénoncé par les familles nombreuses de façon unanime. Pour alléger cette charge, les familles ont chacune leurs habitudes et propositions. Si le système choisi par ta famille ne te convient pas, quel système te conviendrait ?
Si tu aimes faire des cadeaux à tous et que se pose la question du budget, quelle serait une solution simple pour toi ? Cette année, tu offres un livre à chacun ? Ou alors un objet que tous utilisent, un joli paréo d’été ? Un objet de deuxième main ? Que serait pour toi « oser la simplicité » ?
La période de Noël est un moment de partage, surtout pour les enfants. Plutôt que de les laisser espérer une montagne de jouets — celle qu’ils ont écrite dans leur liste au père Noël — on peut les amener à se réjouir de l’inattendu : on ne sait pas ce que tu recevras à Noël, peut-être un cadeau qui n’est pas sur ta liste. Pourquoi ne pas aider nos enfants à découvrir la joie des petits plaisirs pour créer une fête plus chaleureuse et authentique ?
Accepter que la famille, c’est le bo%&el
Les réunions familiales sont souvent le moment où s’expriment désaccords et tensions. Les femmes que j’accompagne cultivent le rêve que « tout se passe bien » malgré ce qui oppose les uns aux autres, parfois violemment. Pourquoi ne pas laisser tomber ses idéaux en la matière ? Non, tout ne va peut-être pas se dérouler sans tension. Il ne s’agit ni de se contorsionner pour étouffer les tensions, ni d’ouvrir les vannes à ses propres aigreurs et encore moins de jeter de l’huile sur le feu le jour J, mais de tenter de jouer le jeu. Quel jeu ? Celui d’une fête qui réunit la famille comme elle est et que tu espères vivre dans la joie. Comment peux-tu t’arranger avec la situation ? Parfois, comme pour Mathilde qui sent sa famille au bord de l’explosion, cela passe par une mise au point avec ses parents en amont. D’autres fois, comme pour Violaine, il est plus facile que prévu de profiter : « j’ai décidé de ne pas avoir d’attente particulière, de laisser tomber les rituels auxquels d’habitude je suis attachée et je me suis laissée cueillir par des gestes, une lumière, un truc qui m’a fait rire. Cette année c’était plus léger ».
À Noël, nombreuses êtes-vous à rechercher la joie, mais aussi le réconfort, la douceur.
Il me semble que transformer la frénésie dont je parlais plus haut en beaux moments de partage passe par un regard de simplicité posé sur tes choix. Simplicité offerte à toi-même, en renouant avec les aspects de la fête qui comptent le plus pour toi ; simplicité dans tes relations, en renonçant à l’idée de régler l’ensemble des conflits familiaux avant la fête ; simplicité appliquée au matériel, cadeaux, nourriture, décoration… Et si le secret d’un Noël dont on puisse profiter résidait dans cette simplicité ?