Elodie Gossuin n’a pas pour habitude de faire semblant d’être ce qu’elle n’est pas. Mère aguerrie de deux paires de jumeaux, la pétillante animatrice de télévision pour M6 et ambassadrice de l’Unicef a récemment co-signé une BD décomplexante dans laquelle elle aborde, avec bonne humeur, les galères du quotidien en famille, celles que nous traversons toutes. Entre deux tournages et séances de dédicaces, l’ancienne et attachante Miss France s’est livrée, pour les Fabuleuses, à quelques confidences… qui vont peut-être vous surprendre !
BD Mam’s, Elodie Gossuin et Céline Bailleux, éd. Solar.*
Pourquoi ce livre et pourquoi cette forme, la BD ?
On ne m’attendait pas forcément sur ce terrain-là. J’ai reçu plusieurs propositions, mais qui ne correspondaient pas à mes aspirations. Je voulais parler de sujets du quotidien, de manière non anxiogène, non étouffante. Je n’aurais pas pu publier un guide donnant des conseils et des leçons de vie à la quarantaine : en tant que femme, mère et lectrice, c’est quelque chose qui m’angoisse. Je voulais écrire quelque chose qui me ressemble, qui me permette de traiter concrètement des sujets qui me concernent au quotidien ; faire passer des messages sans prétention, mais avec de l’humour. Mon idée, c’était de déculpabiliser, d’apporter de la légèreté, de la joie de vivre, de faire sourire… bref, de faire du bien aux lecteurs ! Le format BD permet beaucoup de liberté : on peut tout aborder, y compris des sujets sensibles comme celui de la sexualité par exemple. Je me suis inspirée de tout ce que je traverse au quotidien et j’ai interrogé aussi ma famille, notamment mes adolescents, sur les thèmes qu’ils trouvaient important d’être abordés. Ce projet, c’est une longue gestation de presque deux ans !
Vous et votre mari, Bertrand Lacherie, êtes parents de quatre enfants (deux fois des jumeaux, tous nos respects encore !) : à quels défis sont confrontés les parents de 2024, selon vous ?
À de multiples défis organisationnels et éducatifs : c’est simple, il faudrait être sur les fronts… Mais je crois que le plus difficile actuellement est de réussir à apporter à nos enfants un sentiment de liberté et de légèreté dans un monde de plus en plus anxiogène. De trouver les bons mots pour expliquer des choses que l’on a nous-mêmes du mal à comprendre et à digérer. Répondre aux questions avec justesse, sans les effrayer. [Cette interview a eu lieu quelque temps après l’attaque au couteau à Arras – NDLR]
Mon mari et moi essayons de nous laisser porter, mais ce n’est pas évident tous les jours, surtout quand des événements effrayants et bouleversants ont lieu près de chez nous. Tout ce que nous pouvons faire, c’est d’aider nos enfants à se trouver, leur apprendre à écouter leur intuition, à se faire confiance, à assumer leurs choix même s’ils sont différents des nôtres, leur redire que l’erreur est humaine. Nous nous battons pour essayer de prendre le temps, de profiter tous ensemble sans penser aux événements négatifs qui se passent ailleurs ni laisser la peur du lendemain nous paralyser. C’est parfois difficile dans un quotidien effréné, il faut se faire violence pour réussir à s’accorder (et trouver) ces moments privilégiés. La réalité, c’est qu’hier soir, je suis rentrée à 19h30, exténuée après avoir passé mon temps dans les embouteillages. Mon mari avait préparé à manger, mais la soirée a été très speed et à 21h15, quand on voit que les enfants ne sont toujours pas couchés, forcément le stress monte ! C’est une course permanente, étouffante. Chaque jour apporte son lot de contraintes horaires, scolaires, professionnelles. Chez nous, le lundi et le mardi, c’est l’enfer : je dois jongler entre toutes mes casquettes. Professionnellement, je m’en rajoute aussi, car je travaille continuellement dans l’imprévu. Je ne compte plus les jours où ma mère doit me dépanner en allant chercher mes enfants à l’école ! Bref, c’est un bazar sans nom, parfois… mais comme chez tout le monde, non ?
Sur Instagram, certains de vos followers vous imaginent courant de plateau télé en plateau télé, avec un chauffeur, des baby-sitters, un traiteur et une femme de ménage à la maison : est-ce que cette image vous fait sourire ou elle vous énerve ?
Pour être honnête, cela me blesse, car cela me ramène à tous ces commentaires désobligeants reçus quand mes enfants étaient petits : « Tu fais la belle à la télé, mais je suis sûre que tu n’as jamais changé les couches de tes bébés. » Certains commentaires sont douloureux parce qu’ils mettent le doigt sur toutes les failles de ma vie qui me font souffrir. C’est vrai que j’ai longtemps travaillé tôt à la radio et que cela ne me laissait pas la possibilité de conduire mes enfants à l’école. C’était un choix difficile que nous avons fait en famille (cela a heureusement changé depuis l’an dernier !). De manière générale, je trouve ces images injustes, car elles sont très éloignées de ce que je vis au quotidien, je l’évoque d’ailleurs dans la BD. Chez nous, ce n’est pas tous les soirs resto gastronomique ! La réalité, c’est que je pars travailler à Paris en TER, en métro ou en voiture, que je n’ai pas le temps de déjeuner parfois entre deux réunions de préparation de tournage, que je grignote une part de pizza dans l’après-midi en même temps que je travaille, que l’école m’appelle pour me dire que ma fille ne se sent pas bien, que je rentre en courant après deux heures passées dans les embouteillages et qu’il faut attaquer les devoirs, la préparation du repas et gérer les couchers de tout le monde, qu’il y a toujours un enfant malade chez nous et que notre lit est souvent occupé par l’un d’entre eux la nuit ! Certains jours, je suis en déplacement quelque part en France et je travaille le soir.
Je dois donc compter sur mon mari qui, heureusement, prend le relais pour tout et est très présent. Il a fait le choix de travailler à la maison justement pour pouvoir s’impliquer à fond dans son rôle de père. Il n’y a personne d’autre à la maison pour tout gérer : ni nourrice, ni jeune fille au pair, ni cuisinier ! Nous sommes une équipe soudée et sans Bertrand, ce serait mission impossible. Je pense souvent aux parents solos et je les admire beaucoup… Oui, certains jours sont très durs : je râle pour obtenir de l’aide pour vider le lave-vaisselle ou étendre la lessive, je dois tout demander et répéter quinze fois, je crie, j’arbitre les conflits… Chez nous, c’est un « joyeux bordel », mais en même temps, je ne laisserais cette place à personne d’autre ! Je veux être là pour mes enfants, coûte que coûte. Bref, je veux une vie de famille normale, malgré la notoriété.
Qu’est-ce qui est le plus difficile pour vous ?
Certainement, d’essayer d’assurer sur tous les plans. Pour mes premiers jumeaux, j’ai vraiment tenté d’être une maman parfaite. J’avais 26 ans, je lisais tous les livres d’éducation qui me tombaient sous la main et j’essayais d’appliquer tous les conseils que l’on me donnait. Mais je m’épuisais, en plus d’oublier la notion de plaisir… L’idée de prendre un bain avec mes bébés, juste pour m’amuser avec eux, ne me traversait même pas. J’étais déjà contente d’arriver à prendre une douche… et encore, pas tous les jours ! Je m’oubliais, très clairement. Ce n’est pas tenable sur la durée. Aujourd’hui, je suis davantage dans le lâcher-prise. Oui, je galère, oui par moments, je suis fatiguée, grincheuse avec tout le monde et en mode « crise de nerfs » ; oui je suis une mère qui fait des erreurs… Mais j’essaie de ne pas m’en vouloir, car je suis comme tout le monde, humaine, et je ne peux pas faire semblant d’aller bien tout le temps. Pas avec mes proches, en tout cas.
Quels sont vos secrets pour réussir à tout conjuguer ?
Ma seule recette, c’est le lâcher-prise. J’assume pleinement d’être une mère imparfaite qui fait manger ses enfants dans le salon, devant une série Netflix ; ou de passer prendre une pizza ou un kebab parce que je suis trop fatiguée pour cuisiner. Ça n’arrive pas tous les soirs, mais ça fait plaisir à tout le monde. Idem pour les devoirs, quand les enfants sont épuisés et qu’ils n’arrivent plus à rien au bout d’une demi-heure passée sur un exercice. Je referme le cahier et préfère y revenir plus tard, pour ne pas que ça finisse en combat. J’accepte aussi que certains résultats scolaires ne soient pas parfaits tout le temps. L’organisation de la maison me désespère aussi : là, c’est le bazar dans les lessives, il faudrait que je m’y colle. Des montagnes de vêtements pour enfants à trier, à vendre ou à donner m’attendent aussi… Idéalement, il me faudrait au moins deux semaines seule pour me mettre à jour, mais cela n’arrive jamais ! J’essaie de relativiser, de me dire que ce n’est pas très important. Ce qui compte en fait, c’est de pouvoir décrocher de la vie idéalisée, de respecter ce que chacun est et de prendre le temps de vivre, tout simplement.
À quoi vous raccrochez-vous quand les journées sont difficiles ?
À ma famille. Je sais que je vais respirer en rentrant chez moi et je n’ai qu’une hâte : les rejoindre pour pouvoir souffler et être tranquille. Le vendredi soir est ma soirée favorite : pas de douche, pas de devoirs, seul compte le moment où nous sommes ensemble. Parfois, avec Bertrand, nous évoquons le fait de changer de vie. Par exemple, j’adorerais partir une année à l’étranger avec les enfants. Cela paraît compliqué pour le moment, mais rien n’est figé. Aujourd’hui, nous avons cette organisation, mais demain, tout peut changer, si des opportunités se présentent pour Bertrand ou pour moi. Nous sommes assez souples et restons ouverts à la folie excitante du changement ! Ce qui compte, c’est que chacun d’entre nous soit épanoui.
Elodie, vous êtes rayonnante, vous avez une famille magnifique, un mari aimant qui vous fait des déclarations d’amour sur les réseaux sociaux 17 ans après votre mariage. On vous voit partout : à la télé, à la radio, dans les livres, et avec succès. Que peut-on encore vous souhaiter pour 2024 ?
Juste de continuer à m’épanouir. Je rêve de vacances, de beaux moments en famille, de sorties simples près de chez nous. Côté travail, j’espère juste que l’on continuera à croire en moi et à me faire confiance. Mon seul but dans la vie, c’est d’être heureuse et sereine au quotidien, que mes proches le soient aussi et qu’on soit tous bien ensemble. Je nous souhaite surtout à tous de la sororité et de la solidarité : on est une équipe, non ? Cœur sur vous, les Fabuleuses ♥.
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