J’ai envie de le crier sur tous les toits : je suis maman de six enfants !
J’en ai envie, car je le suis. J’en ai envie, car je me suis retenue longtemps de le dire, répondant « non » à la question « elle a des frères et sœurs ? » que posaient ceux qui nous rencontraient avec notre fille.
En fait, si, elle a des frères et sœurs.
Elle est ma seule enfant sur terre et j’en ai cinq autres dans les étoiles.
Plus difficile encore, avant la naissance de notre fille, en réponse à la question « vous n’avez pas d’enfant ? » je m’imposais, de répondre « pas encore », pour ne pas mettre mon interlocuteur mal à l’aise. La réalité c’est que je suis fière de chacun d’entre eux et j’aurais voulu pouvoir les nommer, les faire ainsi exister, même si mon interlocuteur ne pouvait pas les voir.
Depuis la naissance de ma fille, je suis maman de six enfants et je veux le dire clairement.
J’en ai envie, car pendant six longues années, j’ai eu un petit pincement au cœur le dernier dimanche de mai à l’idée que personne ne me souhaite une « bonne fête Maman » alors que j’étais maman depuis novembre 2012.
J’en ai envie, car ils ont existé,
J’en ai envie, car ils y ont droit,
J’en ai envie, car je ne veux pas le cacher,
J’en ai envie, car je ne veux pas me mentir,
J’en ai envie, car je l’accepte,
J’en ai envie, car chacun d’eux a son histoire et fait partie de notre histoire à tous les trois,
J’en ai envie, car ils font partie de notre vie et ils n’ont pas à devenir un sujet tabou,
J’en ai envie, car ils sont ma priorité, eux, et non la société que j’ai longtemps eu peur de déranger ou de choquer,
J’en ai envie, car c’est ce que je ressens,
J’en ai envie, car je le suis : je suis maman de six enfants !
C’est un sujet tabou, ça choque, les gens n’ont pas envie d’entendre cela, ils ne savent pas comment réagir, ne savent pas quoi dire, leur faut-il sourire avec compassion, demander des détails ou ne surtout rien dire ? Je n’ai pas de réponse, car je n’attends rien d’autre de leur part que d’être les témoins du passage sur terre de mes enfants. Ils ont entendu que ces six enfants ont existé, ça me suffit. Parfois j’ai envie d’un geste qui comprend, d’un mot gentil, parfois je n’ai envie de rien, mais je préfère toujours un mot maladroit plutôt que le silence, l’oubli et l’indifférence. N’aie pas peur de me faire pleurer en me disant que tu n’oublies pas qu’ils ont été là.
Même si je pleure, je serai touchée que tu y penses encore, malgré le temps qui passe.
Ces enfants ont existé et tant de mamans sont obligées de refouler cette vérité, d’y penser seules, de ne surtout rien dire pour ne pas choquer, de ne pas la partager avec leurs maris, ami(e)s ou maman. Même les plus proches ont envie de savoir que nous sommes passées à autre chose, que nous allons mieux, que nous avons « dépassé » cette épreuve.
Pourtant, passer à autre chose ou « dépasser cette épreuve » en ne l’évoquant plus ne veut pas toujours dire que nous allons mieux. Cela peut être signe de déni. En parler c’est l’accepter, c’est confirmer que cette réalité a existé.
Je ne veux pas « passer à autre chose », je veux vivre avec cette réalité, vivre avec eux.
Ils ont existé, ils ont été là, puis ils ont quitté cette terre. J’ai la chance de croire qu’ils continuent leur existence d’une autre manière, quelque part : certains parleront d’étoiles, d’autres de ciel, d’autres d’énergie vitale, peu importe.
Et notre fille au milieu de tout cela ? Parviendra-t-elle à comprendre cette réalité ?
Cela pèsera-t-il sur sa vie quand elle le saura, quand elle l’assimilera ? Dois-je maintenir ce tabou pour la préserver ? On parle de cinq anges, et pour elle, cinq cela fait beaucoup. Cela fait beaucoup à contenir dans sa petite tête de grande fille.
J’hésite. Mais aujourd’hui je lui ai dit que je connaissais cinq anges là-haut.
Qu’ils étaient mignons, qu’ils souriaient en nous regardant de là-haut et je les ai nommés.
J’ai gardé pour moi ce détail : « ce sont tes frères et sœurs, ma chérie ».
Mais elle le saura en temps voulu et elle vivra avec cette vérité comme elle le voudra.
Mes petits anges : je vous aime. Je n’ai pas eu le temps de vous voir grandir, pas suffisamment, mais vous êtes dans mon cœur et dans mes pensées et prières tout le temps.
Chaque fois que nous regardons les étoiles dans le ciel, je pense à chacun de vous !
Continuez à sourire, à jouer ensemble et à rire de là-haut.
Nous allons bien tous les trois, nous puisons notre force en vous.
J’ai séché mes larmes depuis un moment, et avec notre fille sur terre, vous êtes tous les six ma plus belle histoire d’amour !
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman.