Dépression post-partum : ce qui m’a aidée à sortir la tête de l’eau - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Dépression post-partum : ce qui m’a aidée à sortir la tête de l’eau

dépression post partum
Maria Balmès 31 janvier 2023
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Chère Fabuleuse, 

Si tu lis ces lignes parce que tu traverses toi aussi une dépression post-partum,

je voudrais te livrer mon témoignage pour te donner de l’espoir. Tu vas très mal. Peut-être même que tu ne t’es jamais sentie si mal. Rassure-toi : si elle est prise en charge, aucune dépression post-partum ne dure jusqu’aux 18 ans de l’enfant ! C’est une période et elle passera. Je peux te le promettre. Tu vas non seulement sortir la tête de l’eau, mais finir par être vraiment, pleinement et totalement heureuse. Au moment où je t’écris, je crois, pour ma part, que je n’ai jamais été aussi heureuse, alors que, crois-moi, il y a quelques mois encore, je n’avais jamais été aussi mal de toute ma vie. 

Je n’ai pas encore pleinement compris tous les ressorts psychologiques de ma dépression et je ne suis pas prête à retraverser tout de suite une grossesse, ni un accouchement, ni la période « nourrisson ». Mais je prends la plume parce que, quand j’allais mal, j’ai eu beaucoup de mal à trouver des témoignages sur ce qui aide à sortir de la dépression post-partum. J’ai, certes, trouvé de nombreux textes qui racontent ce qui a été douloureux, mais peu de témoignages sur les chemins qui permettent d’aller mieux.

Je te livre donc ma trousse de secours d’urgence pour sortir la tête de l’eau.

Se dire que c’est normal

« C’est normal que je me sente mal vu tout ce que j’ai traversé depuis le début du projet bébé : grossesse difficile, accouchement traumatique… » À toi de compléter ! Cela m’a aidé à un moment de prendre un stylo et de faire concrètement la liste, dans l’ordre chronologique. Mon mari me la relisait régulièrement quand je lui disais que je ne comprenais pas pourquoi j’allais aussi mal… et ça me faisait beaucoup de bien ! Cela m’a aussi aidé de prendre du recul sur mon histoire : « c’est compréhensible que je me sente mal vu les blessures liées à mon passé ». Enfin, comme me l’ont rappelé tous les professionnels de santé que j’ai croisés, la dépression post-partum est extrêmement fréquente : entre 10 et 15 % des accouchées. Bref, c’est banal !

Se dire que ce n’est pas normal !

Bizarrement, j’ai eu aussi besoin d’entendre que ce que je traversais n’était pas normal. Tous les témoignages de mères épuisées, à bout de nerfs, ou simplement agacées, m’ont beaucoup déprimée quand j’étais moi-même en dépression. J’ai eu besoin d’entendre que je n’étais pas seule et, en même temps, que rien de tout cela n’était à prendre à la légère : on n’a pas à s’habituer à cet état. Devenir mère, ce n’est pas s’accoutumer aux sacrifices en tout genre jusqu’à trouver cela naturel. Je crois aussi que je projetais trop facilement mon immense mal-être sur les récits de difficulté de certaines femmes et j’en concluais qu’être mère c’était décidément trop difficile. 

C’est quand j’ai sorti la tête de l’eau que j’ai compris : il y a certes des difficultés dans la maternité, mais ce n’est RIEN comparé à la dépression. Si tu es en train de lire cet article, c’est que tu as fait au moins un premier pas pour en sortir, ça va aller mieux.

Agir plutôt que penser

J’ai d’abord voulu lutter mentalement contre la dépression. Mais c’est là que j’ai compris que la dépression est une maladie : on ne peut pas lutter contre par la seule force de la volonté (on n’en a d’ailleurs pas beaucoup). Ce qui m’a aidée quand j’étais au plus mal, ce n’est pas de faire un travail psychologique de fond sur moi-même. Cela s’est avéré crucial, mais plus tard. Non, ce qui m’a aidée, c’est de prendre des petites décisions concrètes : partir en vacances, nager dans la mer, danser, faire garder mon bébé (pas longtemps au début, puis de plus en plus), reprendre mon travail, prendre des médicaments, arrêter d’allaiter… Petit à petit, ma vie quotidienne s’est transformée et mon état d’esprit a changé avec elle. 

Tu vas trouver toi aussi des petites actions à mettre en place : ce ne seront pas les mêmes que les miennes. Ce qui compte c’est qu’elles te correspondent. Voici une piste pour commencer : privilégie les actions qui te permettront de te reconnecter à ton corps. Ton corps a donné la vie, il mérite qu’on prenne soin de lui. Prendre soin de ton corps t’aidera aussi à mettre ton flux de pensées sur « pause ». Tu as l’embarras du choix à ce niveau-là : la danse et la nage comme moi, mais aussi les massages, les bains, la gym douce, du sport un peu intense pour te défouler (si tu as fini la rééducation du périnée)…

Accueillir mes pensées avec beaucoup d’autocompassion

« Bon, mais, si je dois agir plutôt que penser, que dois-je faire de mes pensées ? Je ne peux pas arrêter de penser ! J’aimerais bien pourtant… Car mes réflexions sont si sombres… » J’ai essayé de refouler mes idées noires. C’était une façon de ne pas leur accorder d’importance parce que je savais que ces pensées n’étaient que des symptômes. C’était également une façon de laisser le temps et mes petites décisions concrètes faire leur œuvre. Mais j’avais aussi désespérément besoin d’être écoutée et entendue. J’alternais donc avec des phases où j’analysais mes pensées et je cherchais à parler, parler, parler. Je remercie d’ailleurs chaleureusement tous ceux qui m’ont écoutée. Vous avez fait partie de ma trousse de secours d’urgence ! J’ai finalement trouvé un entre-deux qui m’a beaucoup apporté dans les moments les plus durs : accueillir mes pensées avec beaucoup d’autocompassion, sans les analyser, puis passer à autre chose grâce à des actions concrètes. L’autocompassion c’est se prendre la main, se réconforter, se dire que c’est dur, qu’on a bien du mérite. Pour moi, quand tout va très mal, c’est le juste milieu entre le refoulement et l’analyse. Si tu vas aussi mal que moi à l’époque, tu vas avoir beaucoup d’occasions de pratiquer l’autocompassion, mais la bonne nouvelle, c’est que ça fait beaucoup de bien et que ça peut s’utiliser sans modération ! Bonus : Tu peux même compatir avec le fait que tu as du mal à avoir de la compassion envers toi-même… !

Mettre en place un suivi avec des professionnels formés

Au bout d’un moment, il faut tout de même prendre à bras le corps les problématiques de fond. Quand elle n’est pas traitée, la dépression post-partum peut colorer toute l’expérience maternelle, au-delà de la période très spécifique du post-partum : ce serait vraiment dommage, alors que ça se soigne très bien. Pour cela, un suivi psychologique avec un professionnel formé sur les problématiques liées à la maternité est indispensable. Tu trouveras des contacts de professionnels formés à la difficulté maternelle qui pourront t’accompagner en contactant l’association « Maman Blues », ce que j’ai moi-même fait. Cette association est composée de mamans qui ont vécu la dépression post-partum et qui en sont sorties ! Faire le premier pas est parfois ce qu’il y a de plus dur, mais cela en vaut vraiment la peine.

« Il y a plusieurs bons chemins pour être parents »

Cette petite phrase m’a été dite par une pédiatre et elle m’a sauvée de la culpabilité. Il y a plusieurs bons chemins pour être de bons parents. Et parmi tous ces chemins, il y en a qui passent par la dépression. Cette phrase ouvre l’esprit à tout un tas de possibilités que l’on ne voit pas quand on navigue à vue dans le brouillard de la dépression et qu’en plus, on s’autoaccuse en permanence. C’est notamment cette phrase qui m’a aidée à prendre certaines des petites décisions concrètes dont je te parlais plus haut et qui me semblaient inenvisageables au départ. Tu es une bonne maman. Tu vas trouver ton chemin pour être une mère heureuse.

J’espère qu’en lisant ce texte, tu as pu poser pendant quelques minutes ton sac à dos alourdi par toute ta peine. J’espère que tu repartiras sur ta route un peu reposée, avec un sac rempli non seulement de tes doutes, mais également de quelques outils supplémentaires dans ta trousse de secours. Sache que les Fabuleuses, ce n’est pas uniquement un média qui publie des textes de mamans, c’est aussi une communauté de mamans et un ensemble d’outils hyper concrets pour sortir de l’épuisement.



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Cet article a été écrit par :
Maria Balmès

Maman d’une petite fille, elle a vécu l'épreuve de la dépression post-partum. Ses textes cherchent à apporter beaucoup de douceur et d'espoir aux mamans dans la tourmente. Elle s'appuie sur son expérience thérapeutique (des psys, elle en a vu), sur des concepts philosophiques (c'est son métier) et sur les judicieuses remarques de son mari (qui ne perd jamais le nord dans les tempêtes).

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