Presque 8 semaines que nous sommes confinés. Enfermement, peur de la maladie, peur de la mort, sur-sollicitation du travail et de nos enfants : nous avons tous dû nous adapter à cette situation inédite et remuante.
Parmi nous, il y a celles qui sont épuisées de ces « allers-retours » entre boulot-école-ménage-cuisine-activités pour occuper les enfants, celles qui souffrent de l’enfermement et du manque de leurs proches, celles qui étouffent avec leur enfant porteur d’un handicap près d’elle en permanence, celles qui se retrouvent malgré elles en chômage partiel et mères au foyer, celles qui jalousent leur mari qui continue de travailler, celles qui télétravaillent pendant que leur mari fait l’école à la maison, celles qui télétravaillent et s’occupent de leurs enfants.
Depuis quelques jours, vous me confiez les réactions étranges que vous observez chez vous : une plus grande irritabilité, une difficulté à se concentrer au travail, une alternance d’émotions contradictoires chaque jour, la déprime d’un enfant qui se met à pleurer très souvent.
C’est plutôt normal :
la phase d’adaptation au stress laisse place à une forme d’usure émotionnelle, et le manque de contacts extérieurs peut provoquer un certain repli du cerveau sur lui-même, un appauvrissement de ses connexions.
Le déconfinement est attendu pour beaucoup d’entre vous, mais cette attente s’accompagne de peurs, voire d’angoisses :
- « Je ne veux pas reprendre ma vie comme avant »,
- « Il est évident que mon travail n’a pas de sens »,
- « Je suis désespérée de me dire que la circulation et la pollution vont reprendre comme avant »,
- « Ne pas savoir à quoi s’attendre est angoissant »,
- « Si on a le choix, faut-il remettre ses enfants à l’école ou attendre septembre ? »,
- « On doit déménager cet été comment savoir quand et comment ça va se faire ? »
- …
Autant de questions que j’entends dans mon cabinet virtuel.
Je ne sais pas plus que vous comment va se passer le déconfinement. Mais ce que je peux faire aujourd’hui, c’est vous proposer une façon d’aborder ce déconfinement avec un état d’esprit qui vous permette de le traverser aussi tranquillement que possible.
D’abord, bien vous dire que « déconfinement » ne rime pas avec « retour à la normale », mais plutôt avec « renouvellement ».
Y voir une bonne nouvelle :
justement vous aspiriez à du changement, mais ne saviez pas comment vous y prendre ! Alors, pourquoi ne pas aborder cette période à venir comme une réserve potentielle d’idées et d’opportunités de changement ?
- Changement de façon de travailler ?
- Changement de mode de garde pour vos enfants ?
- Changement d’organisation à la maison ?
Le déconfinement va nous voir vivre non pas « comme avant », mais différemment, et dans un environnement mouvant. C’est le moment de rêver, de tenter, d’innover.
Dans ma boîte e-mail, je récolte les perles que certaines d’entre vous avez découvertes, entre les galères, pendant le confinement.
Pauline m’appelle à la rescousse : « Je réalise que je ne peux pas tout faire sans dégâts collatéraux, ce confinement m’aura montré que mon perfectionnisme ne m’emmène nulle part, je suis déterminée à changer ».
Sandra a découvert la gym, qu’elle n’avait jamais pratiqué avant, et surtout les bénéfices sur son humeur : « Je crois que je ne pourrai plus m’en passer ».
Cécile, à force de séances de sport, remarque qu’elle s’est éveillée à ses sensations corporelles, et qu’elle renoue avec le désir sexuel pour son mari.
Delphine me confie son plaisir à partager des moments doux avec son fils autiste dans la sécurité de leur maison et loin des regards.
Lucie me dit avoir redécouvert le bonheur de traîner « sans plan précis » le samedi, avec pour seul plaisir le fait d’observer ses enfants qui jouent, son conjoint qui lit.
Alors, prenez un papier et un crayon et notez vos belles découvertes pendant ce confinement.
- Une nouvelle qualité de relation avec vos enfants ?
- Un rythme moins effréné pour être prêt le matin ?
- Une charge mentale allégée par le fait que tout le monde vit dans le même espace ?
- La présence de votre conjoint ?
- Le calme du quartier ?
- La possibilité, grâce à la distance physique, de prendre du recul sur votre travail ?
Quelles qu’aient été vos découvertes pendant ce temps confiné, comment pouvez-vous en garder un extrait dans les temps qui viennent et malgré le retour des contraintes extérieures ?
Ensuite, vous préparer physiquement et mentalement à vivre cette nouvelle phase sous le signe de la souplesse.
Non, la solution de garde que vous allez trouver ne durera peut-être pas plus d’une semaine. Non, vous n’allez pas pouvoir organiser votre été tout de suite, car personne ne sait qui pourra se déplacer au mois d’août. Inutile de planifier quoi que ce soit pour au-delà de la semaine prochaine.
En temps d’incertitude, cheminer pas à pas.
Oui, c’est une opportunité fantastique pour vous, Fabuleuse à tendance perfectionniste, à apprendre à vivre sans contrôler grand-chose : pourquoi ne pas envisager cette perspective en vous promettant d’essayer d’y prendre du plaisir aussi ? Et bien vous rappeler que tout le monde est dans le même bateau, quoiqu’instagram en dise.
Je disais hier à une des jeunes femmes que j’accompagne, et qui s’inquiétait de la suite : « À choisir, mieux vaut des enfants qui pètent un plomb avec une maman qui tient la route plutôt que l’inverse… ». Elle m’écrit ce matin : « Je reçois ta phrase comme une invitation à un égoïsme indispensable à l’équilibre familial, et ça fait tilt chez moi ».
Égoïsme ou mesure de sûreté fondamentale ?
Oui, vous me voyez venir : pendant le déconfinement, et quel que soit votre emploi du temps, pour maintenir un état d’esprit qui soit votre allié, je vous invite plus que jamais à soigner vos moments de ressource.
Vous êtes nombreuses, pendant le confinement, à avoir découvert de nouvelles pratiques sportives, de gym ou de relaxation. Au lieu de vous dire « Je ne vais pas pouvoir continuer de pratiquer 30 minutes de sport chaque jour », pourquoi ne pas vous demander : « Comment et quand vais-je caser mes 30 minutes de sport indispensables ? ».
Alors ? De quoi avez-vous besoin pour vous commencer à vous mettre en mode souplesse, ouverture et indulgence ?