Une étoile, cette femme qui me parle. Je la trouve élégante, gentille, intelligente et pourtant, pourtant, elle vient de me dire, les larmes dans les yeux, qu’elle n’a jamais été bonne à rien. Elle me dit : « Rebecca, j’ai toujours été de travers, je ne fais rien convenablement ».
« Je ne suis bonne à rien »
Cette femme de 50 ans est une maman, grand-maman, épouse qui donne encore tout ce qu’elle peut pour que sa famille ait une vie agréable. Et là, je la vois si désespérée, si « au bout du rouleau ». Elle s’occupe de sa mère souffrant d’Alzheimer, travaille à mi-temps et avec cet argent, elle aide l’un des ses fils à payer ses études de médecine. Comment lui retirer ce poids ? Comment lui dire qu’elle « sonne juste » ? Que je l’admire ? Comment lui transférer un peu de mon admiration pour elle, pour qu’elle se voie enfin avec plus de compassion ? Mes mots arrivent, se posent un instant mais semblent s’effacer sur le champ.
Qui la condamne ?
Dans son cœur, il y a plus d’un coup, une fissure et dans sa tête, il y a une cour d’Assises, l’écho des voix du passé qui la condamnent encore sans cesse. Et moi, je sais que dans ce tribunal, je ne peux pas l’aider. C’est à elle de se lever et d’oser aller en en Cassation. Ce texte – « Déclarée coupable » – je le dédie à toutes les Fabuleuses qui se battent jour après jour avec un arrière goût de « jamais assez », et surtout à cette dame-étoile !
« Ça suffit, je vais en Appel ! »
Ils sont là devant moi, les accusateurs, tirant à bout portant sur les parois blessées de mon cœur fatigué.
Leurs voix résonnent jusque dans mes os.
Condamnation à la peur : « L’accusée est déclarée coupable ». Et comme une litanie, ils répètent : « Jamais assez, jamais assez, cours plus vite et dors donc moins ! Jamais assez, jamais assez, tu ne fais plus rien de bien ».
Je me bouche les oreilles, l’âme tourmentée, et entends encore l’écho de l’accusation qui s’envole.
Les mots, les faits, les douleurs, tout tourne dans ma tête, carrousel en enfer : « Le troisième tour est gratuit ».
Enfermée, culpabilité, je n’avais pourtant rien fait !
Mon rire s’éteint, je les crois, une fois de trop.
Ouvrir les yeux, un instant, les accusateurs aboient, doigts pointés : « Mauvais mauvais mauvais, tout râté ». Je crie : « Oui je sais ».
Un regard furtif vers le Juge, de mes yeux tout inquiets, tout perdus. M’a-t-il, lui aussi, condamnée ? Un moment d’éternité, noyée dans les larmes, un appel. Je détourne les yeux, j’ai tout perdu.
Puis une main sur mon épaule et une phrase qui résonne : « Silence, du calme ». Les accusateurs taisent leurs grognements. Et mon avocat de me dire : « Viens, on va en Cassation, la liberté t’attend, je l’ai déjà gagné, ce procès ».
Et mon plaidoyer est simple : Osons vivre, osons aimer. Osons essayer, échouer, réussir, osons demander de l’aide. Mais surtout, osons ignorer les voix du passé, faire taire les accusations et vivons !