Déjà ? Me diront certains.
Seulement ? Tu es une jeunette ! Me répondront d’autres.
Autant j’ai bien vécu le passage de 20 à 30, autant le passage de 30 à 40 me laisse perplexe.
40 ans c’est la moitié du parcours de ma vie. « Le milieu de vie ». L’occasion de regarder dans le rétroviseur ce qu’on a construit et de réaliser que certains rêves prennent la poussière au fond du placard.
C’est aussi l’opportunité de faire la fête.
Certains de nos amis ont d’ailleurs profité de ce changement de dizaine pour organiser une grande fête, un bel événement avec leurs amis et leurs familles. Ils ont vécu des journées mémorables, pleines de chants, de jeux, de danses. D’autres encore ont profité de l’occasion pour faire un grand voyage qui reste gravé dans leurs mémoires et celles de leurs enfants.
Et moi dans tout ça ? De quoi ai-je envie ?
- D’un voyage au Sénégal en famille pour rendre visite à mon oncle installé au Cap Skirring ?
- D’une descente en canoë le long du Ried avec nos amis et leurs enfants ?
- D’une soirée d’escape game entre amis ?
- D’une virée aux thermes entre copines ?
- D’un grand déjeuner en famille ?
La liste pourrait être encore longue, ce ne sont pas les idées qui me manquent.
À ce genre de jeu, mon esprit est très créatif et ne tarit pas d’imagination.
Les idées ne manquent pas certes. Le temps et l’argent en revanche…
Et plus que tout, l’énergie.
Non pas que je n’ai pas envie de faire la fête. De vivre une après-midi de légèreté, de rires et de souvenirs tout neufs à garder précieusement au fond de ma besace pour les jours plus sombres.
Mais si je suis totalement honnête avec moi-même, ce qui me manque le plus aujourd’hui, c’est l’énergie.
J’en déploie déjà tellement pour gérer notre quotidien à 5, orchestrer notre vie de famille, jongler entre les activités et les agendas des uns et des autres… célébrer les anniversaires des enfants, de nos parents… que je n’en ai plus assez pour organiser une fête en mon honneur à moi !
En réalité, ce dont je rêve en secret, c’est d’un anniversaire surprise.
Primo parce que j’ADORE les surprises. Deuxio parce que je n’aurais rien à faire. Aucune invitation à envoyer, aucun menu à élaborer, aucune déco à imaginer, aucune salle à réserver. Personne à héberger, aucune susceptibilité à apaiser.
Uniquement la joie d’arriver dans une pièce aux lumières éteintes, d’entendre une main espiègle appuyer sur l’interrupteur, d’écouter des voix chanter des quatre coins de la pièce « joyeux anniversaire !!! ». Avoir la joie de reconnaître les visages de toutes les personnes que j’aime le plus au monde, réunis en un même lieu, au cours d’une même soirée, pour moi et avec moi.
Ça ce serait le rêve absolu…
Le premier problème évidemment, c’est que si j’en parle, mon rêve tombe à l’eau…
Le second problème c’est que mon mari n’en aura jamais l’idée si je ne la lui souffle pas à l’oreille…
Le troisième problème c’est que nous avons plusieurs groupes d’amis qui ne se connaissent pas entre eux. Il est donc impossible qu’ils puissent organiser un événement à notre insu.
Alors j’ai opté pour une autre stratégie… celle du lâcher-prise.
Je prends le pari de me laisser surprendre, sans rien attendre.
Je n’ai pas pu m’empêcher de réserver une soirée d’escape game avec des copains samedi soir. Histoire que je vive à coup sûr une belle soirée ce weekend et que je sois heureuse.
Que je m’en réjouisse d’avance aussi (ça double le capital plaisir !).
Ça m’a pris cinq minutes pour réserver par internet, fastoche.
Car au fond, soyons honnêtes, mon bonheur est de ma responsabilité.
Et puis ça m’évitera une scène de ménage avec mon Fabuleux s’il n’a rien préparé de son côté.
C’est ça aussi avoir 40 ans, c’est être réaliste et ne plus croire au prince charmant qui comprendra mes envies sans même que j’ai besoin de les formuler.
Mais pour le reste, j’ai lâché prise.
Et vous savez quoi ? Il se pourrait bien que l’un de mes souhaits se réalisent… sans que je n’ai rien à faire !
Il y a quelques jours, une de mes amies m’a appelée pour me demander quelles étaient mes prochaines disponibilités en précisant simplement : « tu ne t’occupes de rien, je me charge d’organiser une sortie aux Thermes entre filles à cette date ! ». (Tout comme Hélène et Anna avant moi, j’ai la chance de vivre en Alsace, à quelques minutes de la frontière allemande. Et de ses nombreuses villes thermales, hyper sympas et nettement plus abordables qu’en France.)
Youhou !
J’ai raccroché, le sourire aux lèvres, en me disant qu’avoir 40 ans c’était peut-être tout ça à la fois :
avoir la sagesse d’identifier ses envies, ses besoins mais aussi ses limites,
reconnaître que le bonheur était avant tout une responsabilité individuelle,
accepter les autres, et notamment son conjoint, tel qu’ils sont, et non pas tels qu’on voudrait qu’ils soient,
s’appuyer sur des amitiés vraies et sincères qui se rappellent à nous dans les moments importants de notre vie,