Décembre, c’est le mois des questions.
Et en décembre 2023 plus que jamais. Celles qui vous occupent l’esprit pour ne plus le quitter. Qui ne vous laissent pas de répit, encore moins à 4 heures du matin.
Il y a bien sûr, LA question :
Que va-t-on donc bien pouvoir offrir à ces enfants déjà archi-pourri-gâtés dont les chambres débordent de jeux en tout genre ? Et encore, moi, j’ai à peu près une vague idée d’un truc simple à leur offrir et qui leur ferait plaisir… mais il faut en plus donner des idées aux grands-mères, aux parrains et marraines, aux oncles et tantes : autant vous dire que trouver des idées va me causer quelques insomnies de plus !
Bref, un cauchemar.
Vient ensuite la question subsidiaire : et le Fabuleux ? Que lui offrir ? Personnellement, c’est mon angoisse à chaque Noël (et à chaque anniversaire) : Monsieur n’a jamais envie de rien. Enfin, si, il peut avoir une envie, mais il la révèlera approximativement, après mûre réflexion, aux alentours du 8 janvier : et moi, à tous les coups, le 25, j’aurai tapé à côté. Et si je commets l’affront de lui offrir un vêtement, il risque de m’en faire le reproche pendant les 364 jours suivants.
Et puis, au hasard, une dernière question… qui a son importance :
Et moi, de quoi ai-je envie ?
Est-ce que j’attends le 24 au matin pour suggérer — tout en finesse, bien sûr — à mon Fabuleux qu’un petit paquet sous le sapin me ferait plaisir ? Ou bien je me mords les lèvres toute la veillée de Noël car le seul paquet que j’ai à ouvrir est celui de ma belle-mère ? (Oui, je vous jure, ça m’est arrivé).
Pourtant, j’aime les cadeaux !
J’aime en faire. Au moment de l’acheter ou de le fabriquer j’aime imaginer la joie qui illuminera le visage de celui qui l’ouvrira. J’aime aussi en recevoir. Peu importe leur valeur : c’est pour moi une marque profonde d’attention. Pour parler comme Gary Chapman, c’est un de mes « langages de l’amour ».
Mais récemment, j’ai glané des propos entendus ou des extraits lus à droite à gauche au sujet des cadeaux :
“Je ne fais plus aucun achat de Noël sur internet, ça n’est pas éthique du tout : entre l’exploitation des employés dans les centrales d’achat et le bilan carbone des livraisons, très peu pour moi !”
“Oh, mes achats de Noël, je les fais au calme début novembre. Et surtout pas au moment du Black Friday, cette opération déplorablement consumériste !”
“J’ai décidé de confectionner moi-même tous mes cadeaux. J’ai commencé il y a huit mois, pendant le premier confinement.”
Voici donc mon analyse sociologique – très personnelle, je l’assume.
En ce Noël 2023, il faut :
- privilégier le “do it yourself”
- faire ses courses bien à l’avance pour éviter la cohue des derniers jours
- …et surtout ne pas se rendre sur la célèbre plateforme d’achat en ligne dont le nom commence par un A, finit par un N et contient un Z.
Désolée, mais je ne me sens pas à la hauteur :
Ce Noël ne sera pas pour moi.
- Parce que j’ai fait tourner tant bien que mal toute une maisonnée malade pendant près de quinze jours (« juste » une bonne grosse gastro);
- Parce que j’ai à digérer le fait que ma chère et tendre maman doit désormais vivre avec les séquelles d’un grave AVC ;
- Parce que j’ai géré des tracasseries administratives de maman d’enfant handicapé ;
Je ne me sens pas à la hauteur de ce Noël zéro déchet / tout fait soi-même / cadeaux super personnalisés.
Je n’ai même pas encore réussi à faire le sapin… alors, des cadeaux « comme il faut »…
Bien entendu, j’ai un peu anticipé.
Mais j’aurais voulu faire plus. J’aurais voulu faire mieux. J’aurais voulu faire différent.
J’aurais aimé passer des après-midi entières à confectionner des cadeaux avec mes enfants pour leurs grands-parents. J’aurais aimé tricoter pour ma petite nièce née tout récemment. J’aurais aimé coudre une robe de princesse à ma filleule.
Mais non.
En cette fin d’année collector, ma « corvée » de cadeaux, ce sera d’envoyer balader tout ce perfectionnisme et de consacrer les quelques heures et le peu d’énergie qui me restent à faire des cadeaux comme je les affectionne.
À faire des cadeaux qui me font plaisir.
À rester dans le “bon pour moi” au lieu de me forcer et, au final, de me faire mal…c’est-à-dire m’épuiser en voulant rester à la hauteur et finir par hurler sur enfants et Fabuleux qui, les pauvres n’ont rien demandé, et voudraient juste goûter aux prémices de la joie de Noël, dans le calme et la bonne humeur.
Alors, samedi, au lieu d’aller courir les magasins ou de m’enfermer pour confectionner un cadeau au calme, je ferai un grand bras d’honneur aux multiples injonctions de ce Noël 2023 et, avec mes enfants, je m’allongerai sous le sapin.
Là, sur le moelleux du tapis, on détaillera chaque décoration, on regardera les lumières, on respirera le délicieux parfum du conifère et on mangera des chocolats. Na.