« Je suis sollicitée par l’école, par mes enfants, par la CAF, par mes collègues de travail… Toute la journée, je suis sollicitée. Je n’en peux plus, comment gérer ? »
Ce que cette femme ne dit pas, c’est que, quand elle va faire un tour sur les réseaux sociaux, croyant s’offrir un temps de repos, elle est à nouveau bombardée d’informations, de propositions et de publicités, donc à nouveau sollicitée sans répit. L’hyper sollicitation est citée par la majeure partie des femmes que je reçois comme un facteur clé de la fatigue mentale qu’elles subissent.
Elles ne savent pas comment prendre de la distance face à l’avalanche de sollicitations dont elles sont la cible au quotidien.
Mon conseil se résume à trois lettres : sas.
Oui, je vous recommande de créer un sas entre vous et cette hypersollicitation.
D’abord en vous posant la question de l’énergie : comment est mon niveau d’énergie ? Suis-je suffisamment remplie d’énergie pour recevoir et trier les sollicitations du jour sans y laisser ma peau ?
Si ce n’est pas le cas, et que vous vous levez le matin avec une jauge d’énergie proche de la moquette sous vos pieds, alors voici quelques questions à vous poser :
– Ai-je besoin de terminer ma « to-do list » avant de m’offrir un temps pour me ressourcer ? Et dans ce cas, quand arrive ce sas de ressource ? A-t-il tendance à passer aux oubliettes ? Que devient mon niveau d’énergie, alors ?
– Par quoi est-ce que je commence mes journées : un temps pour les choses qui comptent le plus à mes yeux ? Ou un temps pour vite vite écluser quelques corvées ? Comment se passe la suite de mes journées dans l’un et dans l’autre de ces cas ?
Et si vous décidiez de vous offrir un sas dès le matin ?
Il n’a pas besoin d’être long : quelques minutes peuvent suffire. Son rôle est de vous apporter de la ressource, ou de nourrir un de vos besoins fondamentaux, de vous donner de l’épaisseur, de l’espace, pour tenir les sollicitations intempestives à distance.
Quant à l’hyper sollicitation vécue dans le cadre de votre travail, ou de vos engagements associatifs, voici une autre proposition pour vous aider à bâtir ce sas avec, d’abord, une question à propos du mythe de la boîte e-mail vide, ou de la to-do intégralement rayée : est-ce uniquement lorsque votre boîte e-mail sera vide que vous aurez la sensation d’avoir avancé dans vos projets ? Pourtant, vous le savez, votre travail ne sera jamais terminé. Votre to-do list ne cessera pas de s’allonger, comme une bougie d’anniversaire qui se rallume chaque fois qu’on croit l’avoir éteinte entre deux doigts mouillés.
Et si vous décidiez, pour ne plus vous sentir submergée par ce qui reste à faire, de créer une liste de choses que vous avez réalisées ?
Dans votre vie professionnelle comme dans votre vie de famille, créer un sas entre l’urgence des autres et vos propres urgences va faire une grande différence. Comment ? En prenant par exemple un temps pour décider de vos priorités.
Parmi toutes ces demandes que je reçois, laquelle est prioritaire ? Laquelle puis-je déléguer ? Lesquelles peuvent attendre ? Qu’est-ce que je dois traiter aujourd’hui, qu’est-ce que je peux traiter la semaine prochaine ?
À la maison, le sas peut prendre la forme d’un accord avec vos enfants qui vous sollicitent même quand vous êtes occupée
(au téléphone, en cuisine, ou avec un autre enfant). Un accord, ou une consigne qui ressemblerait à cela : « mes enfants, quand vous me posez une question et que je suis occupée à autre chose, je me sens happée par votre question en même temps que par celle qui m’occupe. Du coup j’ai l’esprit embrouillé, je surchauffe et ne suis plus efficace. Je peux même m’énerver assez vite. J’aimerais, quand vous avez besoin de moi et que vous me voyez occupée, que vous me signaliez votre besoin en posant votre main sur mon avant-bras. Ainsi j’enregistre votre besoin que je vienne vous voir, et peux le faire une fois que la tâche dans laquelle je suis engagée est terminée ».
Quant aux réseaux sociaux, c’est un peu comme si, à peine ouverte l’appli que vous aimez, une multitude d’enfants se précipitaient sur vous en criant « moi, moi, moi ! ». Or, que vous en soyez consciente ou non, résister à ces appels représente un effort qui demande autant d’énergie que de répondre. Un peu comme ce qui se passe quand votre téléphone vibre alors que vous êtes en réunion, concentrée sur ce qui se dit, et que presque malgré vous, vous lisez le texte du message WhatsApp qui provient du prof de musique de votre fils. Répondre ? Résister ? Ces deux opérations vous demandent autant d’énergie l’une que l’autre.
Y a-t-il une alternative ? Oui, il y en a plein !
Laisser votre smartphone dans votre bureau quand vous êtes en réunion, ou alors retirer les notifications de WhatsApp. Mettre votre téléphone sur vibreur définitivement, pour que plus jamais il ne sonne, retirer aussi le célèbre « ting » qui accompagne l’arrivée du moindre message, et enfin, pourquoi ne pas passer un jour de temps en temps sans votre téléphone car à moins que vous ne soyez médecin urgentiste de garde, personne ne vous oblige à être joignable absolument tout le temps.
Limiter les microdécisions — je réponds, je ne réponds pas, je lis maintenant et je réponds plus tard, mais bon j’y pense quand même allez tant pis je réponds maintenant — permettra de libérer un peu de votre précieuse énergie que vous allez pouvoir consacrer aux projets qui feront la différence, ceux qui vous tiennent à cœur.
Et plus vous pratiquerez de sas, plus vous retrouverez une qualité de vie proche de votre rythme biologique dans lequel votre cerveau et votre corps en général se sentent comme des poissons dans l’eau.