Comme une vague d’anxiété - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Comme une vague d’anxiété

Anna Latron 31 mars 2020
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Je la sens qui monte, comme une vague froide et piquante. Oui, piquante. Une vague qui s’engouffre, qui s’insinue en moi et remplit mon estomac de picotements désagréables.

Impossible de me rendormir. Soupir. J’avais pourtant mis mon réveil un peu plus tard ce matin, histoire de reprendre un peu de forces.

Froide, aussi. Car elle me parcourt en me volant le peu de chaleur que je tente par tous les moyens de garder en moi. Oui, cette vague d’embruns glacés emporte loin de moi la douce chaleur de la nuit pour me laisser grelottante au petit matin.

La boule au ventre, je sors de mon lit. Cette boule au ventre, ces picotements, cette gorge qui se noue, qui sont mes compagnons jour et nuit en cette période de tâtonnements et de chamboulements, je les reconnais bien : ils sont les signes de l’anxiété.

Une anxiété diffuse, un peu sans objet et qui en même temps se rue sur tout ce qui passe sous la main de mon esprit. Un esprit vif et prolixe, qui, en ce petit matin, se voit traversé par des émotions diverses :

  • La frustration : « Voilà, ça y est, ça commence bien ! »
  • Le reproche : « Franchement, je suis incapable de me détendre. »
  • La moquerie : « Ahaha, tu faisais la maligne dans ton dernier texte. Ça t’apprendra ! »
  • Et enfin, la comparaison : « Pourquoi les autres ont l’air de traverser tout ça avec bien plus de sérénité ? »

Oui, c’est bien de l’anxiété. Pas de la peur.

Car je n’ai peur ni pour moi, ni pour mon mari, ni pour les enfants. Je nous sais – je nous crois – en sécurité chez nous. Je n’ai pas peur non plus pour les conséquences de ce confinement sur nos relations intra-familiales. Je nous sais suffisamment forts pour traverser ce confinement sans perdre trop de plumes.

Je n’ai pas non plus d’inquiétude directe sur le plan économique : je sais qu’on s’en sortira.

J’ai plutôt confiance, dans le fond.

Mais mon esprit, lui, se rit de cette confiance : il se saisit de tout, absolument de tout.

  • L’école : reprendra-t-elle un jour ?
  • Mon mari : quand il retournera travailler à plein temps, vais-je m’en sortir seule avec l’école à la maison et mon travail ?
  • Nos habitudes : reprendront-elles “comme avant” quand cette crise sera terminée ?
  • Mon fils porteur d’autisme : quand son suivi pourra-t-il reprendre ? Et quelles seront les conséquences de l’interruption sur son état général ?
  • Et les autres, ceux qui ont moins de « chance » que moi : comment vont-ils (et surtout comment vont-elles) sortir de là ?

STOP. Je n’en peux plus. Je me sens lourde. Lourde et froide. Froide et essoufflée.

Et le soleil n’est pas encore levé.

C’est mon essoufflement qui me rappelle à l’ordre.

Je prends une grande inspiration. Je me concentre sur mon souffle qui me remplit et qui me vide. Je tourne ma tête de gauche à droite. J’ancre un peu plus dans le sol mes pieds rendus moites par cette anxiété matinale.

Respirer.

Sourire.

Et je me murmure à moi-même :

Tout va bien se passer.

Je vais y arriver.

Petit pas par petit pas.

Regarde tout ce qui se passe bien !

Je ne suis pas seule.

Non, je ne suis pas seule.

Déjà, parce que je sais que je ne suis pas la seule à traverser cela. Toutes, quelle soit notre situation, nous passons par là. Moi aussi. Malgré le fait que j’ai de la chance d’avoir un mari présent, une maison grande, des enfants en bonne santé, j’ai le droit de passer par là.

Et je sais que je ne suis pas seule :

  • j’ai autour de moi des amies que je peux appeler ;
  • j’ai en moi une confiance à entretenir ;
  • j’ai des besoins à soigner ;
  • je vois des Villageoises se soutenir au quotidien ;
  • j’ai en ma possession des outils fabuleux pour traverser cette tempête : les outils du Village. (Et même si je les ai sous la main, je ne m’en veux pas de chuter)

C’est d’ailleurs un de ces outils – la respiration – qui m’a aidée ce matin-là à me sortir du tourbillon de pensées désagréables qui m’assaillait.

Et c’est un autre de ces outils que j’ai activés ensuite : m’offrir douceur et bienveillance.

Alors je vais continuer pas à pas à m’accorder une bonne dose de bienveillance et à me traiter avec douceur en commençant par le commencement :

ne pas chercher la sérénité à tout prix.

Mon anxiété, tu es là, je te reconnais. Tu es ma compagne de route en ce moment. Et c’est comme ça. Mais je ne veux pas que tu prennes le volant.



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Cet article a été écrit par :
Anna Latron

Journaliste de formation, Anna Latron collabore à plusieurs magazines, sites et radios avant de devenir rédactrice en chef du site Fabuleuses au foyer et collaboratrice d’Hélène Bonhomme au sein du programme de formation continue Le Village. Mariée à son Fabuleux depuis 14 ans, elle est la maman de deux garçons dont l'aîné est atteint d’un trouble du spectre de l’autisme.

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