Cette année, j’arrête de tout devancer - Fabuleuses Au Foyer
Maman épuisée

Cette année, j’arrête de tout devancer

Agathe Portail 5 septembre 2024
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Est-ce que tu connais la différence entre « anticiper » et « devancer » ? 

Anticiper : Faire quelque chose avant le moment prévu ou fixé

Devancer : Aller au-devant d’une action, précéder quelqu’un

À première vue, ce sont des synonymes. Mais en réalité, il existe une mini nuance qui fait toute la différence. 

« Anticiper » peut être un outil de réduction de l’angoisse,

parce que tu t’y seras prise à l’avance pour étaler la charge mentale sur plusieurs semaines et non pas sur trois jours. C’est finalement plutôt mature et la preuve que tu as une connaissance précise de tes ressources et des moments « coup-de-bourre », ceux où tu dois être au four et au moulin. Au hasard : la période de la rentrée. Ce qui permet d’anticiper ? C’est la deuxième partie de la définition : « avant le moment prévu ou fixé ». Tu as une date butoir, tu peux construire un rétroplanning et impliquer d’autres acteurs dans la répartition du travail.

« Devancer » ne fonctionne pas avec cette idée de « date prévue ».

Il s’agit uniquement de faire avant l’autre, d’accomplir une action avant qu’elle soit à faire. L’idée n’est pas de bien répartir, l’idée est de faire avant que ce soit nécessaire. On est ici dans une forme de compétition avec soi-même, ou de compétition avec l’autre, sans avoir besoin de date butoir pour installer une urgence de faire. 

Pourquoi prendre le temps de pointer la distinction ?

Parce qu’autant « anticiper » aide à prévenir le burn out, je crois, autant « devancer » est un facteur aggravant. En gros : si je fais les choses avant qu’elles soient nécessaires, j’ajoute cette charge à celle des choses nécessaires. Si je fais les choses avant que d’autres les fassent, je passe à côté de l’aide ou de la participation que d’autres pourraient m’apporter. 

Tu connais ce dialogue j’imagine : 

– Chéri, tu pourrais remplir les papiers / prendre rendez-vous pour / montrer les trucs sur les marches de l’escalier ?

– Bien sûr !

Trois minutes plus tard : 

Laisse tomber, je l’ai fait.

Le mieux est encore de le dire sur un petit ton excédé, ça favorise la paix dans les ménages (humour).

L’autre problème, quand on ne fait que « devancer », c’est qu’on prend le risque terrible d’entendre en retour non pas « merci !  », mais « je ne t’avais rien demandé !  », ce qui est beaucoup moins agréable.

Je ne citerai pas la Fabuleuse qui m’a raconté un jour : « ce qui est épuisant avec ma belle-mère, c’est qu’elle n’attend jamais que je lui demande quoi que ce soit. Elle fait. Et comme elle devance tout, notamment avec mes enfants, je me sens infantilisée et je n’arrive plus à manifester de la gratitude ». Eh oui, quand on devance, on risque de tomber à côté, de se planter et de se montrer maladroit. Parce qu’on n’a pas pris le temps de demander si le service auquel nous pensions allait se révéler vraiment utile à celui ou celle qui allait le recevoir. Un vrai service est utile à celui qui le reçoit. Donc il faut se mettre un peu au jus, comme on dit. Et ne pas chercher à devancer, pensant bien faire. Plutôt contre-intuitif, mais vraiment testé et approuvé 😉 !

Alors, cette année je te lance un défi : ne devance plus.

Fais ce qui est nécessaire, sans t’inventer de nouvelles nécessités qui n’en sont pas. Rendre un dîner au couple Muche, oui, ça peut se faire, mais uniquement si tu te sens OK avec les trucs nécessaires, et pas déjà complètement sur les dents. 

Deuxième défi : quand tu demandes un truc, respire bien profondément et compte jusqu’à 7 200. Ça devrait faire à peu près deux heures. Si tu estimes que l’action demandée aurait pu et dû être faite dans les deux heures (on exclut par exemple « emmener la voiture au contrôle technique » ou « remplir la déclaration d’impôts » qui sont sur d’autres échelles de temps), tu peux faire un rappel aimable et ferme. 

Empêche-toi de faire toi-même ce que tu as demandé à quelqu’un d’autre de faire, c’est le meilleur conseil qu’on m’ait donné.

Oui, parfois, tu vas râler parce que deux rappels (ou trente, selon ton degré de patience) n’auront pas suffit. Mais finalement, ça éduque tout le monde : toi à la patience, les autres à ne pas croire que tu finiras bien par t’en charger. Et la grande gagnante de tout ça, c’est toi !

Alors, chère Fabuleuse, à ton tour de te lancer dans cette aventure, pas facile au début je te l’accorde, mais qui paie à moyen terme, fais-moi confiance ! 



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Cet article a été écrit par :
Agathe Portail

Maman de 4 enfants (très) rapprochés et girondine d’adoption, Agathe Portail écrit des romans adultes édités chez Actes Sud, Calmann Levy et J'ai lu, mais aussi des romans historico-fantastiques édités par Emmanuel Jeunesse.

https://www.fnac.com/ia9173370/Agathe-Portail

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