L’agenda familial de l’été est – chaque année – un tantinet compliqué. Non, en fait, c’est carrément un casse-tête.
Il y a les dates de congés des uns, celles des autres, celles du Fabuleux qui changent jusqu’au dernier moment, les fêtes de famille en plein milieu et autour desquelles il faut s’organiser, les maisons trop petites pour réunir 15 personnes plus de 3 jours sans risquer une Guerre Mondiale intra familiale, etc. Bref. Tout cela a une conséquence très simple : il faut s’or-ga-ni-ser. Sauf qu’à trop devoir satisfaire les exigences des agendas, plannings et contraintes des autres, on oublie juste un détail : on a envie de quoi, nous ?
Voilà la réflexion qui me trottait dans la tête alors que je tentais de rassembler les affaires de plage, l’autre soir.
De quoi ai-je envie, moi ?
Quelques minutes plus tôt, j’entendais mon Fabuleux parler au téléphone. « On sera là jusqu’au 12, on va pouvoir s’organiser plein de sorties en mer ! »
Première pensée (gentille) : « Génial, mon Fabuleux a pris l’initiative d’organiser des activités avec cet ami. Il va pouvoir s’aérer la tête et prendre du bon temps lors de ces sorties de chasse sous-marine ! »
Deuxième pensée : « Ok, sympa…donc je vais me retrouver seule avec les enfants à gérer pendant des heures. »
Sois bien sûre que la première pensée n’a tenu que 10 secondes, laissant immédiatement la deuxième prendre toute la place. Avant de donner le relais à des tas d’autres pensées, plus négatives les unes que les autres, dont voici un florilège :
- Mon Fabuleux ne pense vraiment qu’à lui.
- Je passe mon temps à prendre soin des autres. Qui prend soin de moi ?
- C’est toujours pareil : je me plie en quatre pour organiser les vacances et ça finit par me retomber dessus.
Au lieu de passer plus d’une soirée à faire la gueule en tentant tant bien que mal de finir le sac de plage (tout en ruminant contre mon Fabuleux), j’ai dégainé mon téléphone pour appeler une de mes fidèles amies. Celle à qui tu peux tout déballer (même le genre de dialogue intérieur figurant ci-dessus) et qui te répondra : « Moi aussi ! »
Sauf que là, elle ne m’a pas dit : « Moi aussi ! ». Elle a fait bien mieux. Elle m’a botté les fesses en appuyant juste à où ça fait mal : « Arrête de faire ta victime ! » Car comment les qualifier, ces fameuses pensées que l’on rumine et qui nous gâchent la vie ? Ce sont des pensées de victime.
Une certaine Hélène Bonhomme nous répète souvent de travailler sur les 95% qui sont de notre ressort au lieu de nous focaliser sur les 5% qui appartiennent aux autres (et sur lesquels nous n’avons aucune prise). Se concentrer sur ces 5% n’a qu’une seule conséquence : faire de nous une victime.
Je m’explique : saouler mon Fabuleux avec mon sentiment d’abandon n’aura pas d’issue positive. Il a des tas de qualités, pas celle de proposer de passer du temps de qualité avec sa moitié, surtout si cette dernière est en rogne contre lui d’être parti taquiner les dorades pendant cinq heures d’affilée. Sauf si…je lui fiche la paix et que je le laisse kiffer ses sorties en mer.
Ok, mais quelle est ma solution pour ne pas exploser ? Pour ne pas avoir l’impression que les désirs des autres ont décidé pour moi ? Pour ne pas subir le fait de rester coincée avec mes enfants en guettant, telle Pénélope, le moment ou leur Fabuleux papa rentrera, le panier rempli de poissons ?
La réponse est toute simple : ne pas attendre que l’on me propose et me servir moi-même. À savoir :
- Profiter de la sieste des enfants pour aller m’offrir un café en terrasse ;
- Profiter de la disponibilité d’une grand-mère pour passer une heure sur la plage allongée sur une serviette à bouquiner (sans être interrompue toutes les 8 secondes et sans ressembler à une sirène panée, c’est-à-dire recouverte de sable) ;
- Profiter de la maison silencieuse pour pratiquer un peu de yoga sur la pelouse chauffée par le soleil ;
- Profiter de ce que les enfants dorment pour sortir admirer le soleil couchant ;
Plus je me serai servi ces petits kifs sur un plateau, plus je serai détendue et plus mon Fabuleux aura envie de passer du temps avec moi, gratuitement, c’est-à-dire sans redouter de se prendre une réflexion dans les dents à peine passé le pas de la porte.