Il y a quelques semaines, c’était ma fête, et tu m’as bien fait comprendre que c’était aux enfants de me la fêter. Oui, je le sais bien : je ne suis pas ta mère.
Je t’ai quand même senti gêné de ne rien avoir prévu pour moi ce jour-là. D’où ta phrase :
« Surtout, pour la fête des pères, tu ne m’organises rien, hein ?! »
D’accord…mais non, en fait.
Tu vois, mon chéri, les cadeaux, c’est un peu mon langage de l’amour à moi. J’aime qu’on m’en fasse, c’est certain — d’où ma petite moue de déception quand je n’ai pas de cadeau de fête des mères de ta part — mais j’aime encore plus en faire.
- J’aime réfléchir à ce qui pourrait faire plaisir à celui que j’ai envie d’honorer ;
- J’aime imaginer le sourire qui éclairera son visage lorsqu’il ouvrira son cadeau ;
- J’aime me dire que ce geste saura lui rappeler qu’il a du prix, qu’il est aimé, qu’il compte pour quelqu’un.
Alors dimanche prochain, même si toi ça te glisse dessus comme sur la peau huilée d’un canard, je ferai en sorte de marquer le coup, avec les garçons.
Tous les trois, on va t’organiser une journée aux petits oignons.
Rassure-toi, hein, je ne vais pas faire chauffer la CB, on va rester simple, mais voilà quelques idées :
- Pancakes au petit-dej : en hommage à nos premiers petits-déjeuners d’amoureux qui étaient toujours agrémentés de pancakes faits maison (spéciale dédicace à notre garniture favorite de l’époque, le Bountox © — marque déposée Latron — : mélange de Nutella et de noix de coco râpée…une tuerie)
- Pizza en terrasse à midi : tu seras content (la pizza, c’est ton truc), les garçons aussi (oui, parce que chez nous, pizza rime avec glace en dessert, la fête, quoi !) et moi encore plus (pas de repas à préparer, le pied !)
- Bière à partager tous les deux quand les monstres seront au lit.
Je te vois venir, ma chère Fabuleuse :
Oh, hé, on ne parle que de bouffe, là, non ? Oui, tu as raison. Mais voilà, je t’explique.
Mon homme est difficile à gâter.
Entre ses passions très spécifiques (chasse sous-marine, surf, aquariophilie et j’en passe…) et son aversion pour tout vêtement offert (« Je suis mal fringué, c’est ça ?? »), j’ai pris mon parti de capitaliser sur un des plaisirs simples qui nous rassemble, lui et moi : la bonne bouffe.
Et cela me rappelle toujours cette maxime de ma grand-mère alsacienne : « Le chemin vers le cœur de l’homme passe par l’estomac ». D’accord, c’est super genré, mais en fait ça s’applique assez bien à mon homme.
Et puis, mon amour, te gâter alors que toi tu n’as rien prévu pour ma fête, à mon avis, ça fait partie du jeu. Oui, je crois profondément que c’est ce genre de petites attentions offertes gratuitement qui aide à faire fonctionner la machine conjugale. Je m’explique : depuis que nous partageons notre vie, j’ai pu mesurer qu’à chaque fois que l’un ou l’autre rentrons dans une logique comptable, dès que toi ou moi commençons à “compter” — ce que l’autre a fait, ce que l’autre n’a pas fait, ce que j’ai fait “de plus que toi” —, nous nous retrouvons dans une impasse. Une impasse remplie de ressentiment et de frustration.
Loin de moi l’idée de me sacrifier en permanence pour toi ou les enfants, mais j’ai la conviction profonde que moins nous compterons, mieux nous nous en sortirons.
Alors voilà, mon amour.
Faire de ce dimanche une journée festive, c’est pour moi un moyen de t’exprimer mon amour gratuitement, de te mettre à l’honneur… et aussi de t’exprimer ma reconnaissance :
- Pour toutes les fois où, au lieu de te la signifier, j’ai préféré pointer tout ce en quoi tu ne fais jamais assez bien les choses ;
- Pour toutes les fois où tu n’as pas réagi à une de mes petites remarques assassines (Au choix : « Ah, et il va se vider tout seul, le lave-vaisselle ? » ; « C’est encore sur moi que ça va retomber, je le sens ! », etc.) ;
- Pour toutes le fois où tu as géré les enfants et la maison sans formuler aucune plainte ni le moindre signe de frustration, pour me laisser partir en tournée et rencontrer les Fabuleuses ;
- Pour toutes les fois où tu me montres par des actes que tu m’aimes telle que je suis et où tu me fais comprendre que tu ne cherches pas à me changer.
J’ai hâte d’être dimanche !
Et toi, chère Fabuleuse, qu’as-tu prévu de faire pour mettre ton Fabuleux à l’honneur ? Qu’aimerais-tu lui dire à cette occasion ?
Et si c’est tendu en ce moment entre vous, quel tout petit geste d’apaisement te sentirais-tu de tenter ?