C’est mon lot de maman divorcée de devoir subir le récit des activités trop géniales faites chez papa à chaque fois que je récupère mes filles.
Je dois l’avouer, non seulement ça me gonfle mais surtout au fond, cela me rend jalouse.
Coupable d’être jalouse serait plus exact car comme je l’entends si souvent :
« L’essentiel c’est que tes filles soient heureuses ! »
« Oooooh, tu as de la CHAAAANNNNCE que leur belle-mère s’en occupe si bien ! »
Mais oui, mais oui….. On va peut-être arrêter de retourner le couteau dans la plaie. N’en jetez plus, la coupe est pleine !
Je suis donc irritée par ce sentiment de « c’est mieux chez papa » alors que je me décarcasse pour bien faire…
Et je peux ajouter à cela la culpabilité d’être le style de mère égoïste (« le bonheur de tes filles devrait être plus important que ton ego ») et envieuse : quel beau tableau !
Parce que c’est kiki…
C’est évident, à la base, je veux ce qu’il y a de mieux pour mes enfants.
Seulement voilà, si je suis heureuse de savoir qu’elles s’amusent quand elles sont chez leur père, en même temps, je dois reconnaitre que ce qui me pèse est la disproportion qu’a pris mon rôle ingrat dans cette garde alternée.
Parce que j’ai l’impression d’être la seule à :
- Me couper en 4 pour toutes les activités moins drôles
- Courir chez le médecin quand elle récupère les louloutes avec 39 de fièvre
- Prendre le temps d’aider dans les domaines de difficultés scolaires quitte à passer pour la méchante pendant des heures
- Cuisiner des légumes tous les jours et voir les têtes dépitées à table pour tenter de compenser les excès de la semaine précédente et d’apporter un certain équilibre alimentaire
Avec patience….
Une fois la raison revenue et le flot d’émotions pénibles passé (disproportionnées mais incontrôlables), je dois bien me rendre à l’évidence : tout ça c’est sans doute normal et ça fait partie de mon job de maman.
Alors, je développe une qualité qui jusque là me paraissait plutôt être l’apanage des mamans calmes : la patience.
Cet article, je vous le livre en quelques lignes mais en réalité il vient résumer l’évolution de 7 années de garde alternée et si chaque situation est unique, peut-être vous retrouverez-vous un peu dans la mienne et alors je vous partage avec plaisir ce que tout ceci m’a apporté.
J’ai réussi à garder le cap :
- En faisant un bon tri dans les domaines qui sont importants à mes yeux, ceux pour lesquels « ça vaut le coup » que je me batte avec mes enfants et que je sois « une rabat joie » : les domaines que j’estime importants pour leur avenir.
- En mettant en place un rituel de 15 minutes avant le coucher individuellement avec chacune de mes filles pour « discuter » sans tabou (trucs de filles, inquiétudes, moments agréables, envies….) : tisser et préserver un lien privilégié avec mes enfants, un lien de confiance.
- En gardant à l’esprit au moment du transfert que si j’ai droit à un débrief « trop génial » de la semaine passée avec papa, il a sans doute droit à la même chose de son côté : c’est leur manière de trouver une continuité dans leur vie et de faire la transition en douceur entre papa et maman et de préserver une certaine unité.
Oh, je ne dis pas que c’est parfait aujourd’hui !
Bien sûr, quand je passe ma semaine de vacances scolaires à courir partout pour les combler et qu’au retour de leur semaine avec leur père, elles ne me parlent que du super pique-nique fait avec papa au bord du Rhin, j’ai un peu les nerfs à vif sur le coup.
Finalement, je découvre :
En prenant un peu de recul, je réalise que ces frustrations, ce combat pour rester digne face aux comparaisons qui blessent, patiente face aux divergences d’éducation qui épuisent, m’ont fait avancer à pas de géant.
Aujourd’hui, j’ai compris :
- Qu’en grandissant, mes filles sont de plus en plus conscientes et reconnaissantes de ma présence à leurs côtés dans tous ces domaines ingrats mais nécessaires.
- Que leur papa fait aussi sans doute des choses que je ne vois pas (ou que je ne voulais pas voir) et que je ne fais peut-être pas de mon côté…
Et puis……peu importe au fond, j’ai décidé de me focaliser sur mes moments de partage et de bonheur avec elles en acceptant qu’il y a un équilibre entre la partie ingrate et sympa du rôle de maman et ceci que l’on soit en garde alternée ou pas.