Voilà l’été, le ‘bon’ moment pour laisser partir nos chérubins, en solo ou en groupe : chez un copain, chez une tante, en colo, en camp ou en stage. Nos ados ne sont plus des ‘petits’, et pourtant : quand le départ est là, la séparation fait vite revenir nos réflexes les plus archaïques de survie, de peurs en tous genres, de manque de lien et de manque à la famille…
Au petit matin du départ, il y a :
- Celles qui se disent qu’un enfant de moins à la maison, ça va faire un peu vide…ou au contraire, que ça va faire de la place pour les autres; ou bien encore, que ça va donner l’occasion de passer du bon temps en amoureux avec le fabuleux…
- Celles qui ont peur et le « disent » à leur manière :
– en se saoulant de phrases lancées en l’air sans beaucoup de sens, mais mieux vaut parler de tout et de rien, plutôt que se taire
– en posant plein de questions pas très utiles (on a déjà largement eu les infos !) sur le transport, la pharmacie, l’intendance, le lieu d’accueil, etc.
– en se focalisant tant bien que mal sur d’autres sujets qui n’ont rien à voir : les progrès du petit dernier, le patron pénible, la pelouse à tondre…
- Celles qui ont peur et ne le disent pas, mais dont les mâchoires et la gorge sont serrées
- Celles qui s’accrochent aux bras de leur conjoint,
- Celles qui font les fières mais n’en mènent pas large,
- Celles qui ont la larme à l’œil…
- Celles qui ont bien pensé au pique-nique la veille, et ont prévu 3 fois trop !
- Celles qui sont allées, en catastrophe, mais avec tant d’amour, chercher la baguette fraîche ce matin à 6h00
- Celles qui chargent les sacs, histoire de s’occuper les bras et les jambes, de ne pas rester sans rien faire, de faire une dernière vérification, mais surtout de masquer leur tristesse
- Il y a aussi celles qui ne sont pas venues, celles qui n’ont pas pu, celles qui ne se sont pas levées et ont envoyé le Fabuleux, celles qui ont préféré ne pas être là, celles qui ont été obligées de déléguer, peut-être difficilement, parce qu’elles bossent, parce qu’il y a les petits à la maison.
- Il y a aussi celles qui retrouvent, sur ce trottoir, leur ex-fabuleux qui ne voulait pas manquer cela – et c’est bien normal – et à qui ces retrouvailles ‘’font bizarre’’, ou qui sont au contraire apaisées et profitent de l’occasion de régler uns ou deux détails administratifs…
Nous sommes donc toutes là, ou presque, nous les Fabuleuses fatiguées de fin d’année scolaire, les mères courage, mères protectrices, mères cool, mères inquiètes, mères bisous, mères ‘stars’ maquillées et apprêtées, mères débraillées tout juste sorties de leur lit, mères solo ou mères accompagnées…
Nous leur parlons, à nos ados…
…alors qu’eux n’aspirent qu’à une chose : ne pas être trop près de maman !
Nous les embrassons, une toute dernière fois, ou plus, tandis qu’eux prient pour qu’on oublie de le faire : c’est trop la honte devant les copains…
Et, dans tous les cas, quoi qu’on fasse, ça les “saoule”, nos ados…
De leur point de vue, on ne devrait pas être là au milieu d’inconnus, ou pire, de leur copains !
Enfin, ça, c’est ce qu’ils disent tout haut, parce que tout au fond d’eux, ils sont contents ou au moins rassurés, qu’elle soit là, leur maman…
Mais, ils ne peuvent pas le dire aux potes et ni même bien souvent, se le dire à eux-mêmes.
Quelques jours, une semaine ou deux, ou trois : c’est long et c’est court. Dans tous les cas, ça change les choses : un enfant est parti et, que l’on s’inquiète beaucoup ou pas du tout, il n’est plus là ! C’est ça qui est différent, au fond : sa place est comme “vide”. On sait qu’il va revenir, mais en attendant, il manque. Et ça peut même parfois déséquilibrer un peu la famille.
Pourtant, notre boulot de Fabuleuse, c’est aussi de les laisser partir, juste à temps, quand c’est le bon moment.