Être débordée est devenu une norme… à laquelle rien ne nous oblige à nous soumettre !
J’avais fait trois lessives. Pourtant, le panier à linge débordait. J’avais passé l’aspirateur. Pourtant, de nouvelles miettes gisaient sur le tapis du salon.J’avais pu répondre à quelques e-mails, mais ma boîte de réception était pleine à craquer. En rentrant du bureau, Monsieur m’a posé la grande question :
« Tu as fait quoi aujourd’hui ? »
Stop à la dictature du débordement
Ce que je savais, c’est que j’avais été dans ma maison avec mes enfants. Mais qu’avais-je accompli ? Et surtout, pourquoi me sentais-je obligée de prouver à tout prix que j’avais été capable d’achever des tâches mesurables ?
« Et toi, ça va ? » « Ça va, débordée, mais ça va. »
Avez-vous remarqué comme cette formule est devenue la réponse par défaut de la majorité d’entre nous ? Être débordée, c’est tendance. Je dirais même plus : avoir le temps, c’est ringard ! Les recherches les plus sérieuses nous ont prévenus des effets du stress sur nos vies suroccupées. Pourtant, la norme est à un quotidien minuté, compressé, surchargé. Accomplir plus pour être plus. Ou pour paraître plus.
Ces ringardes qui ont le temps
« Et toi, ça va ? »
Vous n’entendrez certainement jamais une mère de famille vous répondre :
« Ça va, j’ai le temps, donc ça va. »
D’abord parce qu’une mère de famille n’a jamais le temps. Ensuite parce que, si d’aventure elle avait du temps, elle ne vous l’avouerait pas. Ce serait alimenter votre suspicion de fainéantise… surtout si elle est au foyer. Car face à la méfiance d’une société qui ne sait reconnaître la rentabilité matérielle, nombreuses sont les mères qui se justifient en tentant d’énumérer le nombre incalculable de tâches qu’elles accomplissent dans le secret du foyer.
Mais si une mère de famille vous avouait qu’elle a le temps, que lui reprocheriez-vous ? D’être entretenue ? D’être paresseuse ? D’être marginale ? Après tout, ne seriez-vous pas plutôt envieux de sa capacité à vivre pleinement sa vie actuelle ? Oui, les réalités économiques nous soumettent à des rythmes parfois intenables. Mais quelle est la part de pression que nous nous imposons à nous-mêmes, par peur de déplaire ou d’être hors cadre ?