Promis, juré, cette année :
- Je sortirai les concombres du frigo avant qu’ils deviennent poilus
- J’irai nager une fois par semaine (par mois, par saison, euhhh une fois par année c’est déjà bien)
- Je n’achèterai un nouveau livre que quand j’en aurai lu un entier que je possède
- J’irai au lit assez tôt pendant la semaine (même s’il faut renoncer au prochain épisode de Downton Abbey)
- Je n’achèterai plus de pâte à tartiner qui contient de l’huile de palme
- Je trierai tous mes vêtements et en donnerai un tiers aux associations
- Je resterai polie même quand le bruit des radis machouillés par mon mari me rend folle
- Je cesserai d’acheter des pinceaux et des marqueurs à pointe fine noire juste parce qu’ils sont en promo
- Je limiterai mon temps sur Instagram et Pinterest
- Je ne prendrai la voiture que pour aller faire le plein (et aller à la piscine bien entendu)
- Je ne courrai plus après les profs de mes filles pour leur raconter des blagues idiotes (la mère pénible, c’est moi)
- Je ne déprimerai pas le dimanche soir, je n’essaierai pas de sauver le monde le lundi matin et j’arrêterai de me trouver trop nulle le samedi matin
- …
BLA BLA BLA, dirait le vampire de Transylvanie !
En fait, je n’ai jamais aimé lister mes bonnes résolutions
…parce que je sais que je vais me décevoir, tôt ou tard. Parce qu’en tant que psy (ou en tant qu’être humain dotée d’un peu de bon sens), je sais que pour changer une habitude, il faut plus qu’écrire une liste. Il faudrait plutôt : 4 essais ratés, 27 jours sans failles et 88 kg de motivation qui s’auto-renouvelle pour que les nouveaux comportements tant désirés commencent à s’installer sur le long terme.
Et puis, dans ma tête, la liste des bonnes résolutions est plus qu’annuelle, elle est bimensuelle, je dirais même : journalière !
Toujours là, un bruit de fond incessant fait de « Je devrais, il faudrait, il est temps de ». Une liste auto-renouvelable, aussi interminable que les autoroutes allemandes. Et vraiment, c’est pour ça que non, les bonnes résolutions, non, please, laissez-moi tranquille !
Alors quoi ? On refait tout comme l’année dernière ?
- Les doutes, les gueulantes de mère épuisée, les pleurs, les tonnes de linge à laver et les rendez-vous où on arrive à la bourre en tentant de frotter vite fait la tache laissée par la petite dernière sur notre pantalon noir ?
- On reprend les discussions aigries avec nos fabuleux ?
- La fatigue omniprésente et les soupirs face aux bulletins de nos enfants ?
- On se reprend un abonnement à la salle de sport qu’on ne sortira qu’une fois toutes les lunes ?
- On se coince dans notre dernière petite robe noire en jurant haut et fort qu’on hait les barres de chocolats au lait ?
NON, en fait, non…
Cette année, on fait un feu de joie avec la liste des résolutions !
Et ce feu de joie, on le rallume en chemin autant de fois qu’il faudra (on va brûler les reproches qui nous scient notre élan de vie).
Cette année, on dit : « Les bonnes résolution, je m’en fous ! ».
Cette année, on fait un doigt d’honneur à notre juge intérieur.
Et quand il réplique avec sa liste des « Voilà tout ce que tu devrais changer pour enfin être quelqu’un de bien », on lui répond nez au vent : « Pardon, j’ai pas bien compris la question…. j’ai mis la musique trop fort pour t’entendre, il faut que je danse dans la cuisine ».
Cette année, on va faire une liste de vérités sur soi-même, on va contredire les mensonges qu’on a bouffé à la pelle durant toute notre vie… On va systématiquement rejeter tout ce qui dit qu’on est nulle, inintéressante, pas douée, débordée, etc.
On va gueuler dans la forêt :
« Je n’ai que ma vie, alors foutez-moi la paix, vous, les voix qui m’empêchez de dormir la nuit ! »
On va leur répondre :
« Je ne suis pas parfaite ? Et alors ? Personne ne l’est ! J’ai des défauts, des points noirs, je fais des fautes d’orthographe, je pleure parfois en public, j’ai rétréci un pull en laine trois fois de suite ? ET ALORS ? ET ALORS ? Ce n’est pas ça qui compte ! ».
Cette année, je pose mon bic, comme on pose les armes, je laisse tomber les résolutions, je respire… et quand je reprends mon bic en main, j’écris :
« La vérité sur moi, c’est… »
Et même s’il me faut 366 jours pour trouver ce que j’apprécie chez moi, mes ressources, mes forces, je prendrai ces 366 jours pour les chercher.
Et là, chère fabuleuse, c’est ta part du challenge…
Une de mes amies m’a écrit ce matin :
« J’ai fait une liste de toutes les choses qui ont avancé l’année dernière, ça fait du bien »
Alors oui, ça fait du bien ! Je te propose un échange. On échange la liste des bonnes résolutions et toutes les frustrations qu’elle contient et on part à la cueillette. On va chercher les fruits des bois dans les buissons, les dessiner, les goûter, les savourer, y repenser… une liste de pensées trésors, une liste qui nourrit de bonnes choses, d’émotions positives.
Quelques exemples ?
« Ce que j’apprécie chez moi, c’est… » (ma facilité à parler à des inconnus ou encore mes fossettes).
« Cette année j’ai tant aimé… » (prendre le temps de dessiner des maisons).
« Les journées les plus réussies sont celles où je…. » (sors un quart d’heure seule pour aller faire des photos, même s’il pleut ou qu’il fait noir).
« Je m’épate quand je… » (ne procrastine pas un appel urgent et que je le fais sur le champ).
« J’aimerais me dire à moi-même… » (que je suis courageuse même quand je suis fatiguée).
Et tant qu’à faire, je me crée un petit carnet, rempli de ces mots, de ces compliments, des instants inoubliables et je les écris, comme pour les attraper et les retenir plus longtemps… pour que ma tête s’en souvienne quand mon cœur en a perdu le goût.
Alors, on échange ? On dit « les bonnes résolutions, je m’en fous !!!! » et on se fait des listes bienveillantes ?
Et tu veux que je te dise quelque chose ? Moi, j’aimerais bien plus que mes filles grandissent en faisant des listes bienveillantes envers elles-mêmes que des listes de bonnes résolutions sévères et sans tendresse…
Mais tu le sais tout aussi bien que moi : comment pourraient-elles apprendre la bienveillance envers elles-mêmes si leur maman se perd dans un tourbillon d’auto-reproches permanent ?
Commençons l’année avec la bienveillance envers nous-même
…et laissons-la faire des vagues autour de nous.
Oui, cette année, je veux cueillir le gentil, le généreux, le doux et le garder comme un cadeau !