L’autre jour, j’étais au téléphone avec une amie, et je lui disais que je n’en pouvais plus d’être déconfinée à la campagne avec mon conjoint, mes deux filles et mes beaux-parents. Quand elle m’a suggéré de prendre une journée pour moi, de me rendre en ville pour flâner, boire un café en terrasse, lire un livre dans un parc, bref me retrouver en tête-à-tête avec moi-même, je me suis sentie tiraillée.
Bien sûr, j’en avais envie.
J’en rêvais même depuis trois mois !
Mais j’avais aussi l’impression que ce serait mal de m’accorder un break. Que je n’y avais pas droit. Que le confinement avait été facile pour moi. Que d’une certaine façon j’abandonnerais mes enfants. (Alors qu’on ne parlait que d’une petite dizaine d’heures !!)
Mon amie, qui avait bien senti mon hésitation, m’a alors lancé :
« Moi, je n’aurais aucun problème à le faire. Alors là, aucune culpabilité. Zéro. Ils peuvent bien se passer de moi une journée. »
Il y a des mères qui arrivent à faire la part des choses et d’autres qui songent constamment qu’elles auraient dû ou pu faire mieux.
Personnellement, en tant que maman, je culpabilise souvent.
- De m’énerver contre mes filles quand elles me font tourner en bourrique.
- De compter jusqu’à trois ou menacer de confisquer un jouet au lieu de résoudre avec zen la situation.
- De donner encore un petit pot à ma cadette au lieu d’une purée faite maison.
- De dire à mon aînée que je n’ai pas le temps de jouer avec elle, de lui lire une énième histoire, de passer une demi-heure à la surveiller dans son bain.
Je culpabilise et je regrette. Je me fais des nœuds dans la tête.
Je m’en veux.
Mais la culpabilité est comme un boulet qui nous ralentit, un fardeau désagréable qui nous pèse, un nuage noir qui grossit au-dessus de notre tête. Et parfois, ce sentiment de culpabilité est tellement fort, tellement présent, qu’il nous englue. Un peu comme le mazout après une marée noire, qui empêche les oiseaux d’étendre leurs ailes et de s’envoler.
Dans une série de romans jeunesse que j’adore, l’auteure a même fait du sentiment de culpabilité une véritable menace pour ses personnages. Un trop grand sentiment de culpabilité peut en effet conduire leur esprit à se briser, définitivement.
Alors heureusement, il ne s’agit que de fiction, mais cela m’a conduit à réfléchir.
Ça ne sert à rien de me sentir coupable.
Ça ne changera pas ce que j’ai fait (ou pas fait) et ça ne fera que me tirer vers le bas. J’ai déjà assez dans mon assiette (fatigue, inquiétude, frustrations…) pour ne pas en rajouter.
Et puis j’ai bien le droit d’être épuisée, de m’énerver, de vouloir du temps pour moi, non ? Alors je me suis secoué les ailes un bon coup et j’ai pris ma journée.
Et tu sais quoi, chère Fabuleuse ?
Ça m’a fait un bien fou, et je ne me suis pas sentie coupable pour un sou !
Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse maman, Marine.