Combien sommes-nous à être fâchées avec notre corps ?
Il est souvent synonyme de gênes diverses : trop lourd, dysharmonieux, trop douloureux, souvent malade. Bref, il nous empêche d’avancer.
Cécile a mal au ventre. Un peu tout le temps. Pas très fort, mais c’est une douleur sourde, qui revient plusieurs fois par semaine. Elle ne sait plus quand ça a commencé. Elle me dit qu’elle vit avec, voilà tout.
Marine a mal au dos, tous les matins en se levant. Et puis ça passe pendant la journée. De toutes façons elle n’a pas le temps de s’en occuper.
Sandrine a pris quelques kilos ces derniers mois. Elle est serrée dans ses vêtements. Elle aimerait perdre du poids, elle s’y mettra quand elle se sentira moins fatiguée, quand elle trouvera un peu de temps pour se faire des repas équilibrés… En attendant, boudinée dans ses pantalons, elle se trouve moche… tous les jours.
Laure pleure souvent en ce moment, beaucoup plus souvent que d’habitude, et ça l’énerve : pour elle, c’est un signe de faiblesse, de mollesse, elle devrait se bouger.
Et si notre corps avait raison ?
Il nous empêche d’avancer ? Et s’il avait raison ? Si, au lieu d’être une gêne, c’était ça, la solution ? S’arrêter. Faire le point. Ecouter. Sentir. Comprendre. Réajuster. Que se passerait-il si nous entendions ces douleurs diffuses, ce surpoids, ces blessures récurrentes, non pas comme des boulets, mais comme des signaux d’alerte ?
« Stop ma vieille ! tu t’épuises : écoute-moi. »
Quand un bébé qui a faim n’est pas entendu, il va crier de plus en plus fort, jusqu’à ce que son besoin soit satisfait. Mettons que votre corps, lui aussi, à force de n’être pas entendu dans ses besoins, se manifeste avec des douleurs de plus en plus fortes, une gêne qui s’amplifie. Que pouvez-vous faire ?
Il n’y a qu’une chose à faire. Ouvrir vos antennes, vos yeux, vos oreilles, vos sensations et réapprendre à écouter ses messages pour éviter que votre corps n’aie à les crier…
Facile à dire. Mais comment faire ?
Je vous propose deux pistes très concrètes et qui vous mettront sur la voie de l’écoute de votre corps, comme on renoue avec une vieille copine pas vue depuis beaucoup trop longtemps :
- Premier pas : écoutez vos besoins physiologiques (la faim, la soif, le sommeil etc…)
Avez-vous l’habitude de sauter le repas pour terminer un dossier alors que votre estomac crie famine ? Buvez-vous toute la journée ou avez-vous tendance à attendre d’être complètement déshydratée pour vous offrir un verre d’eau ? Comment répondez-vous à vos sensations de froid ? Quand vous avez trop chaud ? Sentez-vous quand vous êtes fatiguée ? Quand vous avez besoin d’aller aux toilettes, y allez-vous tout de suite ou faites-vous attendre votre corps ?
Quand votre voiture a besoin de carburant, vous arrêtez-vous dans une station-service ou la faites-vous attendre ? Oui, certaines d’entre-nous prenons plus grand soin de notre voiture/imprimante/téléphone que de notre corps.
Alors, si vous choisissiez d’être attentive à UNE sensation cette semaine : laquelle choisiriez-vous ? Observez ce que vous sentez, comment vous y répondez. Choisissez, toute la semaine, d’y répondre tout de suite, comme à une priorité absolue. Observez : Qu’est-ce qui a changé ?
- Deuxième pas : redécouvrir les plaisirs du corps.
Listez ce que vous aimez faire avec votre corps. Marcher, grimacer, faire l’amour, être caressée, massée, danser, vous maquiller, nager, vous gratter, vous étirer, dormir nue, vous crémer, paresser au lit, courir, respirer, sauter, chanter, transpirer etc…. ces activités sont des exemples. N’hésitez pas à y puiser ceux qui vous conviennent et à en ajouter d’autres.
Pour chacun de vos plaisirs, notez la date à laquelle vous l’avez fait pour la dernière fois. Puis, je vous propose d’en choisir deux et de décider, pour ces deux points, d’une date prochaine à laquelle vous vous offrirez ce plaisir-là. Ça peut être ce soir, demain, tout de suite ou dans deux mois. Mais notez-le. Faites-le. Et à nouveau, observez-vous.
Avec ces premières étapes, les femmes que j’accompagne arrivent peu à peu à renouer avec leurs sensations, à reconsidérer leur corps, non plus comme un paquet moche et coupable, mais comme un instrument de plaisir, de vie. Comme un allié qui sait mieux que personne nous signaler quand nous avons besoin de nous arrêter. Et même, pour celles qui se prennent au jeu, comme une source où puiser de nouvelles énergies.