« Et toi alors ? Tu reprends le travail quand ? », « Elle va pas à la crèche la petite ? Ça ne va pas être dur pour l’adaptation à l’école après ? », « Ça va la perte de revenus, pas trop compliqué ? »…
Voici quelques questions qui peuvent fleurir dans ton quotidien, lorsque tu casses le schéma qui était le tien « avant ».
Ne pas reprendre le travail après l’arrivée de bébé, par exemple, toi qui étais une vraie working girl. Surtout si tu fais partie de ces bonnes salariées qui se donnaient corps et âme pour que l’entreprise puisse atteindre ses objectifs, de ces professionnelles responsables et engagées, avec peut-être un plan de carrière idéal. Cette femme intelligente, forte, engagée qui hantait l’esprit de ses rivaux tant elle réussissait tout ce qu’elle entreprenait, c’était toi. C’était moi aussi.
Dans cette première vie où la définition de « réussite sociale », pensée à ma place, régissait insidieusement ma vision, je ne me rendais pas vraiment compte des injonctions qui m’attendaient, que j’allais subir par la suite, moi et ma petite famille, pensant avec un peu de naïveté et beaucoup de refoulement que je devais faire « ce que tout le monde fait ».
Chez moi, la prise de conscience a opéré lentement…
Lorsqu’est venu le moment où j’ai dû commencer à chercher un mode de garde pour mon bout’chou âgé de quelques semaines à peine, le sentiment de responsabilité professionnelle a d’abord pris le dessus. Peut-être que j’avais simplement assimilé cette croyance : je devais entrer dans la case qui avait été définie pour moi.
Cette certitude presque automatique a vite laissé la place à un état de questionnement perpétuel : « faut pas que je m’habitue trop à la maison », « je dois en profiter un maximum, je reprends le travail dans trois semaines », « comment vais-je faire pour laisser mon bébé ? Je n’ai pas envie… Oh, je finirai par reprendre le rythme, comment ont-elles fait les autres ? ».
Dans un moment de grande solitude, au milieu de mes questionnements sans réponse, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à ma collègue psychologue, aux yeux rouges, qui reprenait son poste à la sortie de son congé maternité et qui pleurait secrètement dans son bureau…
… tiraillée entre l’obligation de revenir et l’envie de rester auprès de son bébé.
Oh, les exemples ne manquaient pas : toutes ces femmes aux histoires singulières que j’accueillais dans mon bureau et qui avouaient timidement la vie qu’elles auraient souhaité choisir durant les premières années de leurs enfants et de leur « vie de maman », les regrets de ma mère qui ont hanté mon enfance, avec son sentiment d’avoir délaissé mon frère alors qu’il avait à peine un mois pour pouvoir travailler… Il a quarante ans aujourd’hui, et elle en parle encore…
Un vrai traumatisme, et un sentiment d’être « passée à côté de ».
Je n’ai compris ces femmes, dont ma propre mère, qu’une fois que je le suis devenue moi-même. Pas avant. Je suis persuadée aujourd’hui que malgré ma bonne volonté, mon souhait d’être en empathie avec elles, je les écoutais sans saisir la profondeur de leurs sentiments « de maman ».
Et toi, chère Fabuleuse, parviens-tu à te poser la question de ce que tu veux pour toi, en faisant abstraction des chemins tout tracés, des fêlures de ta propre mère, des remarques déstabilisantes ?
Ce qui prime pour nous toutes, c’est la possibilité « d’avoir un vrai choix »
quant à la reprise de notre vie après ce grand évènement qui a tout bouleversé : l’arrivée d’un enfant. Cela demande de chercher sa véritable place, en écoutant son cœur de maman, et de redéfinir ses priorités pour s’ajuster à ces paramètres nouveaux qui se sont invités dans notre vie de femme.
Reprendre le chemin de sa vie d’avant le plus tôt possible est une vraie option, nombreuses sont les mamans fabuleuses qui se réalisent autant dans leur bulle professionnelle que personnelle. Ce qui a énormément brouillé ma vision, ce qui m’a empêché de voir clairement ce que je souhaitais pour moi-même, c’est le télescopage de tous ces changements dans ma vie avec les injonctions contradictoires de la société sur ce que devrait être une femme indépendante, une mère épanouie, une professionnelle accomplie… Les schémas préconçus auxquels je cherchais à m’identifier fonctionnaient comme un TGV que j’avais le sentiment de prendre sans y adhérer, poussée par un mouvement de foule, dans la négation complète de mes propres tiraillements intérieurs.
Quelle que soit la place que tu choisis, ose la prendre sans gêne et sans regret.
Trouver l’équilibre entre tous tes rôles sociaux, tes compétences et aspirations, selon les moyens dont tu disposes, est un vrai travail de fond.
Oui, tu as le droit de planifier ta vie en séquences, en plusieurs phases, selon tes besoins et objectifs du moment. Tu as le droit d’avoir « plusieurs vies » et ces moments de réflexion, souvent inconfortables, sont avant tout une opportunité de renouveau.
Ce texte nous a été transmis par Sila, une fabuleuse maman.