Comme ils me font du bien, ces petits mails du matin. Je pleure à chaque fois, ou presque. Pas de tristesse, de colère ou d’épuisement. De soulagement. Je pleure de n’être pas seule.
Avant vous, fabuleuses Fabuleuses, j’étais tout le temps insuffisante.
Oh je le suis encore souvent, mais j’ai collé des mémos aux endroits stratégiques.
- Au-dessus du miroir de la salle de bain : « je suis contente d’être moi ».
- À côté de ma lampe de chevet « ce que j’ai accompli aujourd’hui suffit largement ».
- Sur le meuble près du canapé « mes idées valent la peine d’être partagées ».
- Sur l’étagère près de la machine à laver « pas besoin d’être parfaite pour être fabuleuse ».
Autant de béquilles qui m’aident à tenir debout.
Je sais grâce à toi, Hélène, grâce à vous toutes, que je fais les choses bien. Et quand je l’oublie, vous êtes là pour me le rappeler. Mieux : vous m’aidez à trouver les mots pour expliquer ce que je ressens à mon Fabuleux à moi, qui galère à mes côtés. On se le dit souvent — depuis qu’on se reparle : les mamans sont bien mal préparées à ce qu’elles vont prendre dans les dents, mais les papas aussi.
(Sauf qu’eux, quand ils vont faire les courses avec un bébé qui pleure dans les bras, personne ne leur jette des regards mauvais, du genre « mais qu’il le fasse arrêter de chialer, son môme ». Au contraire, un agent de sécurité bien intentionné s’approche — véridique —, demande « où est la maman ? », « à la maison, avec l’aînée », répond mon Fabuleux. Qu’a fait l’agent de sécurité ? Il a fait ouvrir une caisse exprès pour que mon Fabuleux puisse passer plus vite et est allé lui chercher le paquet de lessive qui manquait. Je suis ravie pour lui, mais quand même, quand il m’a raconté ça, j’ai eu un peu envie de lui casser la figure.)
Je sais aussi — j’espère — qu’un jour, mes petits moments cadeaux, mes petits moments rien qu’à moi, mes petits kiffs de Fabuleuse libre et égoïste qui ne pense qu’à elle pendant une heure,
ces petits moments-là auront lieu ailleurs que dans le cabinet de ma psy.
J’ai essayé de les remplacer par une heure de massage mais pour l’instant, ça ne marche pas : soit j’annule le massage (car non essentiel, je ferai mieux d’aller faire du tri dans les fringues des filles, descendre d’une étagère les habits trop petits pour Chloé qui iront bientôt à Louison, fureter sur Internet à la recherche d’une petite robe d’hiver trop mignonne parce que Chloé aimerait bien), soit je fais le massage ET je cours chez la psy parce que je culpabilise (horreur : j’ai pris sur mon temps de boulot, sur mon temps de maman, et même sur mon temps de compagne si ce temps existait encore), ce qui coûte donc deux fois plus cher.
Merci donc, 365 mercis pour autant de matins sauvés.
Merci pour chaque petit pas que je fais vers plus d’indulgence envers moi, merci pour chaque petit mot échangé avec mon Fabuleux, qui nous rapproche un peu. En un peu moins d’un an, ces tout petits pas nous ont fait beaucoup avancer. On se déchire toujours, mais on se répare plus vite, on se répare mieux.
On relit souvent un article du blog : « prends la dans tes bras ». On construit autre chose, un nouvel équilibre, un nouveau nous… une famille quoi.
Et qu’est-ce que je l’aime cette famille !
Qu’est-ce que j’aime voir la bouille de Chloé m’ouvrir la porte de leur chambre, après que j’ai frappé ce matin. « Toc, toc, toc, je viens pour habiller une grande fille qui doit aller à l’école », je dis. Elle me regarde, l’air très sérieux, puis referme la porte sans un mot. Je retente ma chance, toc, toc, toc, pousse un peu plus la porte, sur laquelle sont appuyées une dizaine de peluches et ma Loulou, en couche, tout sourire. Et Chloé me dit : « je suis pas prête Maman, on fait la fête des doudous ». Que j’aime ça !
Ah oui et si j’ai pris le temps de répondre aujourd’hui, c’est que je suis en arrêt Covid 🙂 J’aurais pu retourner bosser ce matin, je me sens mieux, les symptômes sont passés et puis, avec le télétravail, pas de risque de contaminer les copains… mais finalement je me suis dit « non : Chloé va à l’école, Louison chez la nounou, Julien va bosser et toi, aujourd’hui, tu ne fais rien. » Et en vrai, je ne culpabilise (presque) pas. Alors merci aussi pour ça.
Je vais me refaire un café, m’installer dans mon canapé – à côté de mes idées qui valent la peine d’être partagées – et commencer à lire « Je serai le feu », le recueil de poésies de femmes compilées par la dessinatrice Diglee, que ma fabuleuse soeur m’a offert à Noël.
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Emeline.