« Nous avons beaucoup de mal à communiquer, à nous écouter et à nous entendre. Cela nous blesse alors que nous avons un fort désir que cela cesse. Nous aimerions retrouver un apaisement, une légèreté, une sérénité dans nos échanges et dans notre écoute. »
« Nous nous entendons bien et parlons beaucoup (quand nous avons le temps !). Mais la communication en « temps de crise » est difficile. Nous aimerions trouver des clés pour dépasser ces moments sans nous faire de mal. »
« Avec le temps et nos vies trop remplies, j’ai du mal à communiquer avec mon mari et à partager de bons moments de couple. Cela me manque ! (…) »
Tels sont les messages déposés dans ma boîte mail. La communication est l’une des plaintes principales qui arrive en cabinet. Mais ce mot est vaste, il regroupe un nombre de problématiques infinies.
Voici un petit florilège, non exhaustif, sur les différents types de communications au sens large, établi à partir des questionnements reçus en entretien.
La communication « d’intendance »
Elle participe au bon fonctionnement de la communauté familiale. Le nombre et l’âge des enfants, les obligations quotidiennes induisent un principe de réalité : il faut s’organiser ! Et pour cela, communiquer.
La communication « d’intendance » s’intéresse à « qui fait quoi et quand ? ». C’est la question des horaires, du budget, des repas, des courses, du linge, des devoirs, du chien à promener, des feuilles à ramasser…
Un B.A-BA pour une implication plus juste de chacun au sein de la famille, en fonction de son temps et des tâches à accomplir. L’état des lieux se fait à deux : les exigences sont donc à ajuster. Celui qui se charge d’une action s’engage à l’honorer. Celui qui ne s’en charge pas, accepte de ne pas critiquer ou de ne pas s’immiscer dans la façon de faire de l’autre.
C’est une question de respect mutuel : « Je ne supporte pas que mon compagnon intervienne quand je donne le bain aux enfants, me dit cette mère de famille. Je me sens infantilisée. C’est le chahut, mais nous avions convenu que je devais me débrouiller et que je pouvais l’appeler si je me sentais débordée. Quand il intervient sans mon accord, je ne me sens pas respectée dans ma posture de mère, et encore moins vis-à-vis des enfants. »
Cette communication implique de mettre beaucoup de clarté dans l’expression de ses besoins et de ses attentes de façon personnelle mais aussi groupale. Il s’agit d’être pragmatique.
Communiquer sur le quotidien, c’est faire équipe, mener la barque à deux.
La communication « intentionnelle »
Elle correspond au besoin de confier un questionnement, une inquiétude, une réflexion plus ou moins importante, personnelle. L’attente est moins dans le désir de réponse ou de solution que dans celui d’être entendu, sans jugement, afin de pouvoir déposer ce qui nous habite.
Cette communication n’est pas facile à mettre en place spontanément. Notre conjoint n’est pas toujours disponible. C’est pourquoi je la désigne comme étant « intentionnelle » : il s’agit de repérer le bon moment pour communiquer ce que nous avons à dire. J’encourage à l’anticiper en faisant part de son intention de partage : « J’ai besoin de te parler, aurais-tu un moment ? ».
Le lieu et le temps participent à la qualité de l’échange.
Et plus le sujet nous tient à cœur, plus il est important de prendre ces éléments en compte.
La communication « complice »
Cette communication se nourrit de petits riens. Elle entretient la proximité exclusive du couple. Elle est faite de rires, de jeux de mots, de délicatesse.
Elle signifie : « J’ai envie de passer du temps avec toi, de te parler de tout et de rien ! Je suis curieux de toi !». La communication peut se vivre également dans le silence : une balade à vélo, une série sur Netflix, épaule contre épaule…
Tout ne doit pas être édifiant, ni dialogue.
Cette complicité est « micro-quotidienne » : elle demande un effort de présence, comme passer moins de temps sur les écrans, se brosser les dents ensemble, faire le lit à deux, être moins dans le speed : ralentir.
Petite et discrète, elle ajoute de la fluidité à la communication « d’intendance » ou « intentionnelle », c’est pourquoi il faut en prendre soin !
La communication « intime »
La communication « intime » correspond aux mots que vous choisirez pour évoquer votre intimité sexuelle. Parler de sexualité au sein du couple est une façon de faire l’amour. Mais cela demande du tact et un peu de régularité.
Cette communication révèle parfois des « des cris du cœur » que l’on n’avait pas anticipé comme le témoigne cette femme de 35 ans : « Je croyais que mon mari était satisfait de notre sexualité comme je l’étais. À l’occasion d’une discussion, j’ai compris que ce n’était pas le cas. Je suis tombée des nues et cela me mine. »
La communication « intime » ne nécessite pas de grand discours, elle demande avant tout de la franchise avec soi et avec l’autre.
La communication « conflit »
Se disputer, c’est également communiquer ! Voici quelques petits conseils pratiques (mes préférés) à adapter selon la situation :
1. Apprendre à différer sa plainte pour laisser retomber l’émotion. Cette approche est souvent plus constructive, les mots choisis et moins cassants.
2. Se regarder mutuellement ou ne rien faire d’autre pendant ce moment. Être pleinement présent.
3. Pour les sujets brûlants : prendre « rendez-vous » ( comme pour la communication « intentionnelle »), penser son propos afin de l’énoncer clairement, s’assurer d’être compris.
4. Éviter les adverbes « jamais, toujours, encore » qui figent la réflexion, blessent et empêchent toute nuance.
5. Reformuler le message émis par notre conjoint pour s’assurer de sa bonne compréhension : « Tu me dis que, quand je me plains, tu le prends pour toi et tu as l’impression de ne jamais me satisfaire, c’est ça ? »
6. Exprimer ce que l’on ressent : « Quand tu me dis ça, voilà ce que je comprends / voilà ce que ça me fait / je peux entendre ce que tu dis, mais je ne suis pas d’accord. »
La communication « rêver à deux »
Rêver d’une maison, d’une sortie, d’un bébé… Le rêve est bon pour la santé du couple. Il élève, allège, projette, aide à supporter une réalité parfois frustrante. Rêver, c’est aussi s’approprier une vision commune et dessiner les étapes qui permettront de réaliser ce qui nous fait envie, profondément.
À pratiquer sans modération !
Les petits plus pour une « communication confiante et authentique » :
- Ne pas retourner ce qui est déposé contre l’autre.
- Garder pour soi ce qui a été confié.
- Protéger son espace intime : nous ne sommes pas obligé de tout dire sous prétexte que l’on s’aime et qu’il faut dialoguer ! Communiquer demande parfois un peu de discernement.
En pratique, dans votre vie de couple :
- Quelle forme de communication vous semble la plus facile aujourd’hui ?
- Quelle est celle qui vous manque le plus ?
- Avez-vous repéré les moments qui rendaient un échange possible, constructif, inoubliable ?
- Quelle est votre recette ?