« Tu étais mon dégoût quotidien » : lettre à mon corps - Fabuleuses Au Foyer
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« Tu étais mon dégoût quotidien » : lettre à mon corps

Une Fabuleuse Maman 31 octobre 2021
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Je t’ai détesté. Je te trouvais encombrant, malhabile, laid, lourd, gros, énorme. Tu étais mon entrave. Mon dégoût quotidien. J’étais obligée de cohabiter avec toi, de te supporter, mais tu ne m’appartenais pas, tu n’étais qu’un corps étranger. Tu n’étais pas moi. 

À cause de toi, j’étais empotée, brusque. 

À cause de toi, le souffle me manquait pour courir, jouer, profiter, jouir. 

À cause de toi, j’étais laide, moche, sans grâce aucune. 

À cause de toi, je ne pouvais pas m’habiller. Rien ne m’allait. Je ne rentrais dans rien. 

À cause de toi, je souhaitais juste me cacher, t’oublier sous les tissus amples et informes, sombres. 

À cause de toi, je me sentais grotesque, objet de moqueries ou de pitié, de réprobation. 

À cause de toi, personne ne me regardait. Personne ne pouvait m’aimer, me désirer. 

À cause de toi, je pouvais être l’objet de la concupiscence. À la fois plaisir de plaire et honte de ce désir sale dans leurs yeux. 

À cause de toi, j’étais pointée du doigt car sans volonté, incapable que j’étais de te faire maigrir, de te rendre acceptable, de te plier à mon désir, à la norme.

À cause de toi, j’étais condamnée aux désordres intestinaux, aux douleurs de ventre intolérables.

À cause de toi, je supportais la souffrance d’un corps obèse, impotent, qu’on ne peut toucher sans douleur.

Dans l’enfance déjà, tu étais trop rond pour le médecin scolaire, maladroit et brutal pour ma mère.

Pour moi, tu étais surtout un vecteur pour jouer, courir, dormir, manger, vivre tout simplement.

À l’adolescence, tu as pris de jolies formes, malgré un léger surpoids pointé du doigt, parfois moqué. Je ne te comprenais pas toujours. Je te cachais déjà. Je ne t’aimais pas. Mais j’arrivais parfois à me sentir jolie, bien avec toi. Instant fugace de bien-être. 

Et puis soudain, tu as explosé.

Un jour, tu es devenu énorme. Tout à coup, tu étais un monstre sans cesse affamé et destructeur, une entité à part, incontrôlable. Et je t’ai haï. Méprisé. Malmené, sans résultats durables. Mis à distance. J’aurai voulu pouvoir t’annihiler. 

Non, tu n’étais pas à moi. Et surtout tu n’étais pas moi. 

Il semblait que notre divorce était définitif : la haine ou l’indifférence, les seules voies possibles. Et en même temps, je n’avais pas vraiment conscience de ne pas t’habiter, d’être complètement coupé de toi.

J’étais incapable de me voir physiquement.

C’est comme si je n’avais pas d’ancrage corporel. Seulement un cœur et un esprit. 

La lumière est venue de la compréhension. Un voile du passé s’est levé, révélant un traumatisme violent dans la prime enfance, et des blessures accumulées. Je t’avais abandonné, pour survivre. 

Il me faut affronter cette mémoire et faire face à ses conséquences douloureuses, violentes. Faire le deuil, évacuer la colère, vaincre ma peur à l’idée de découvrir qui je suis vraiment, accepter mon extrême vulnérabilité, mais aussi reconnaître et savourer ma force, ma toute nouvelle maturité.

Et espérer un jour être enfin « moi » tout entière. 

Aujourd’hui, je m’endors en te serrant très fort dans mes bras, blottie contre ton ventre, comme un enfant contre sa mère, dans une atmosphère de bien-être et de bonheur. 

Car désormais je sais. De nouveau je te vois, de nouveau je te ressens. J’éprouve pour toi une grande douceur, une grande bienveillance. Enfin, je t’aime. Je ressens une joie immense et de la gratitude pour toi.

Grâce à toi, j’ai survécu. 

Grâce à toi, j’ai pu me développer, forger mon caractère, devenir une warrior

Grâce à toi, j’ai été protégée, mise à distance du danger.

Grâce à toi, j’ai ressenti au plus profond de moi la douleur du traumatisme, le pouvoir de la renaissance, l’espérance de la guérison.

Grâce à toi, j’ai senti la vie battre au fond de moi, prendre racine dans mon ventre. 

Grâce à toi, je vis chaque jour la joie des caresses et des câlins, le bonheur de sentir mes enfants blottis contre moi, d’enlacer mon mari. 

Grâce à toi, j’expérimente la résilience, le pardon. 

Grâce à toi, je redécouvre que je suis belle car tu es beau, que nous sommes bien ensemble.

Je ne sais pas de quoi demain sera fait.

Je ne sais pas si un jour, j’aurai l’apparence, la silhouette que je souhaite. Je sais que je ne suis qu’au début du chemin. Mais je me sens enfin réunifiée, plus forte encore qu’avant. Je sais que je t’habite. Je sais que je peux compter sur toi. Je suis heureuse et fière de moi, dans mon cœur et dans mon corps.

Je savoure nos retrouvailles.

Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse maman, Cécile LB



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Cet article a été écrit par :
Une Fabuleuse Maman

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