D’un bout à l’autre du curseur en matière d’éducation, 2 modes (2 mondes) de parentalité s’opposent :
- les « classiques » qui ne démordent pas du fait que « les principes et le devoir » sont la ligne directrice, LA solution pour que leurs enfants soient « droits » (dans leurs bottes)
- les « libéraux » qui placent leur progéniture au centre de leur propre vie et se laissent envahir en en faisant des « enfants-rois » (du monde)
Et nous personnellement, où (en) sommes-nous ?
Du point de vue de la société, on observe un grand remue-ménage et probablement aussi un tout aussi grand remue-méninges !!
On n’a jamais vu pareille perte de repères dans l’éducation : à la maison comme à l’école, tout est chamboulé, les choses ne sont plus « à leur place », ça bouge, ça tremble !
On n’a jamais vu fleurir autant de groupes de parents, d’articles et d’émissions autour des mères, des pères, on a même créé un mot pour ça : la ‘parentalité’ !
On n’a jamais vu autant d’initiatives locales, nationales et internationales en tous sens pour aider les parents, leur proposer de se retrouver, d’échanger, pour guider, proposer du soutien, offrir des repères… probablement aussi pour faire le point, se rassurer, tenter de se positionner entre tout laisser faire et le refus de ‘tout lâcher’, mais lâcher un peu quand même, ne pas trop camper sur nos certitudes et nos principes, mais jusqu’où…
Et enfin, SURTOUT, surtout trouver notre voie !
Parce qu’avouons-le !
Tous autant que nous sommes… nous les parents, sommes un peu paumés !
Mais ne le dites pas à nos enfants !
Ou pas tout de suite : on va mettre quelques années avant d’avoir fait le tri, avant de nous être habitués à ces mouvements, à ce ballotement de droite et de gauche qui nous insécurise, nous fragilise, nous oblige à prendre position (et quand nous n’en prenons pas, c’en est déjà une !) et nous entraîne inexorablement vers quelque chose de nouveau…
Ce monde qui bouge est une réalité à laquelle nous devons sacrifier : du haut de mes 55 ans, il m’arrive de temps en temps de partager avec mes fils aînés (27 et 25 ans) le même espace de travail -la maison, pour ne pas la nommer, parce que mon bureau s’y trouve et qu’eux y sont de passage- et quand je les regarde faire, …je ne comprends pas toujours comment ils font !
Rien que le fait que nous travaillions (à nos activités professionnelles, je veux dire !) dans la maison est déjà un changement complet de paradigme par rapport à la génération précédente, mais leur manière de travailler physiquement : en pyj, l’ordi sur les genoux, dans leur lit, en sirotant qq chose, avant de partir pour leurs RV en ville et finir en afterwork pro. dans un café… et intellectuellement :
« Mais enfin Maman, tu n’as pas clairement affirmé le « content » de ton site » (!)
me bouscule et change ma perspective !
Eh oui, c’est sûr, moi qui suis spécialisée en relations humaines, je travaille à mon bureau ou dans mon fauteuil de coach, en tenue de ville (pas en pyjama) et je ne sais pas comment gérer ma SEO, même s’il va bien falloir que je m’y colle !
Combien de jeunes refusent les codes du monde du travail « d’avant » et partent « woofer » à l’autre bout du monde quitte à gagner beaucoup moins mais vivre « comme ils l’entendent », créent une ferme bio de permaculture avec un diplôme de haute finance dans la poche ou une entreprise d’électricité avec un master d’histoire, s’installent autoentrepreneur pour devenir forgeron, carrossier, pâtissier, démarrent un blog de mode, de maquillage ou une start-up ou tout simplement un « petit business » sur internet ?
« Mais… autrefois, on ne faisait pas comme ça » !!
Ben oui, tout change ma bonne dame !
Et plus largement,
la mixité sociale et culturelle fait le reste du boulot…
Pendant que certains luttent de toutes leurs forces pour « y échapper », d‘autres « se fondent et se confondent » dans l’autre et/ou la famille de l’autre…
Et dans tous les cas, les barrières tombent ;
… tout comme l’internationalisation, la globalisation et la mondialisation :
La planète est brassée : les jeunes qui ont la chance de faire des études partent visiter le grand monde… On serait dupes de ne pas voir qu’il y a quand même de grandes chances qu’ils restent « là-bas » ou qu’ils reviennent « mixés » !
Et dans tous les cas, le monde est ouvert, accessible à tous !
Alors résister ne nous mènera pas bien loin, parce que dès que nos petits seront devenus grands, il s’envoleront dans tous les cas vers un ailleurs que, même s’il n’est pas à l’autre bout du monde, nous serons bien obligés de lâcher, quitte à nous sentir bien seul(e)s…
Pourquoi lâcher ? Ou plutôt pour quoi ?
Le GRAND lâcher-prise, ce lâcher-prise dont on nous rebat les oreilles dans les magasines !
Il ne passera pas chez moi, car moi ce que je veux, c’est que ça file droit, parce que s’il n’y a pas de règles dans cette famille, on ne s’en sort pas !
JE ne m’en sors pas !
‘Oui mais ça c’était avant’.
Parce qu’aujourd’hui, si je ne lâche pas prise, mes enfants et la société toute entière me le fera faire, de gré ou de force…
Personnellement, ça a commencé tout de suite : mes bons petits principes de maman débutante ont vite fait volés en éclats… et dès le début !
– La tétine :
Quoi ? Une tétine ? Certainement pas ! Ca leur déforme les dents, c’est anti-hygiénique et c’est moche…
Moyennant quoi, à moins d’1 mois, mon aîné avait une tétine et quand je voyais ses yeux se plisser de douceur et que j’entendais son gros soupir de répit quand je la lui donnais…
Là, en quelques semaines, j’ai compris que m’agripper à mes vieilles idées reçues… ça ne sert à rien : pourquoi priver un enfant de douceur ???
Et ça m’a poursuivi tout au long de notre vie commune, eux et moi !
– Le boulot :
Quoi ? Tu vas encore changer de job ? Mais c’est la 3e fois que tu changes en 4 ans, soit tous les 18 mois, ça fait des expériences trop courtes sur ton CV…
Moyennant quoi, il mène sa vie professionnelle tambour battant avec de l’énergie et de l’envie, assume ses choix, gagne bien sa vie, a du succès et en est très heureux…
Là, j’ai compris que m’accrocher à mes vieilles idées toutes faites sur le monde du travail, ça ne sert à rien : pourquoi lui asséner mes valeurs du travail complètement ‘has been’ alors qu’il s’en sort très bien tout seul ???
Pour qui je tiens ?
Mais il n’est bien sûr pas question de TOUT lâcher !
Car si je tiens, ça a des vertus aussi !
Pour eux : Ca met du cadre, ça pose des repères, ça organise, ça sécurise, ça donne confiance, … et sérieusement, mes enfants vous diraient qu’il y a bien des choses sur lesquelles je n’ai jamais rien lâché et je ne lâche rien, encore aujourd’hui !
Pour nous : ça rationnalise, c’est moins compliqué, ça stabilise, ça nous rassure, nous aussi !
Et sérieusement, je vous dirais que je suis assez fière des « règles de la maison » que j’ai posées et faites appliquer chaque jour avec ténacité, non pas pour les règles en elles-mêmes mais pour la structure qu’elles ont données à mes enfants, dont je peux voir aujourd’hui les bénéfices, une des toutes premières étant le respect des personnes et des choses !
Mais si tenir a du bon, regardons aussi qui a le plus besoin de tenir ?
Ne serait-ce pas moi-même, qui ai besoin d’être rassurée que ‘tout’ ne va pas partir à vau-l’eau ?
La double question, c’est : « Qu’ai-je, moi, à y gagner ? » « Qu’ont mes enfants à y gagner ? »
QUI a besoin que l’on tienne ? Moi ? Eux ?
Parce que finalement, lâcher… ça fait peur !
Et si je regarde en toute honnêteté au fond de moi, je vois bien que je tiens ‘trop’ ou ’trop fort’ plus pour MOI, que pour eux… Si je lâche mes idées reçues, mes principes, mes « on a toujours fait comme ça », il faut que je réinvente mon univers, je ne sais pas vers quoi je vais, je dois poser de nouveaux repères, il me faut reconstruire ma vision du monde !
Apparemment insurmontable, c’est pourtant tellement plus beau de co-créer ce qui convient au mieux à tous : ce qui nous convient à nous les Fabuleuses pour garder notre intégrité et notre responsabilité, en prenant en compte ce qui leur convient à eux, nos chéris !
Et réciproquement !
Alors en définitive, TENIR BON ou LÂCHER, ça servirait à quoi ?
Certes, avoir des garde-fous, des règles qui organisent la vie, des convictions et des attitudes fermes qui structurent et donnent confiance est indispensable dans toute organisation, notamment dans la famille !
Pourtant, s’accrocher, s’agripper coûte que coûte ne sert à rien : si on est honnête, on le voit, ça ne fait que nous éloigner de la vraie vie, du flot… ça nous empêche de revenir à l’Essentiel…
Et si l’on faisait dans la nuance ?
Ma « sauce à moi », la seule voie à mes yeux, c’est le mélange bienveillant !
Pour eux : ça a des vertus. Il y a du cadre, mais ça reste ouvert, dans l’écoute et l’accueil de ce qu’ils font, ce qu’ils veulent pour eux-mêmes, ce qu’ils SONT … sans compter, que pour celles qui ont la chance d’avoir plusieurs enfants, chacun d’entre eux a son identité, donc, ça ne sera jamais pareil, ils ne seront jamais identiques, bien sûr ! Il nous faudra donc nous adapter AUSSI à CHACUN d’entre eux.
Pour nous : ça fait de nous chaque jour de plus belles Fabuleuses : organisées et structurées, mais aussi adaptées, dans l’accueil, l’écoute et l’ouverture !
La mauvaise nouvelle, c’est que nos enfants nous bousculent !
La bonne nouvelle,
c’est qu’en étant là, en étant seulement là, ils nous poussent à prendre part, à nous questionner, à réfléchir –et parfois-même avec eux dès tout petits- à choisir de nouvelles solutions, à réaliser de nouvelles créations, à aller vers un nouvel équilibre, puis à le célébrer !
Bref, grâce à eux, nous les Fabuleuses, avons le monde à réinventer !
Haut les cœurs les Fabuleuses !