Au travail, c’est la course pour cocher toutes les cases.
Et quand tu passes la porte de ton foyer, le rush ne fait que s’intensifier : les devoirs, le bain, les cris, la vaisselle qui s’entasse dans l’évier. Où que tu sois, tout n’est qu’empressement, agitation, retard. Ton âme fatiguée n’a aucun refuge pour reprendre ton souffle. Aucun refuge ? Pas si sûr ! Je te propose aujourd’hui une visite guidée de ta maison intérieure, ce havre de paix où tu peux venir te reposer à tout moment.
Chère Fabuleuse, je t’encourage régulièrement à “prendre soin de ton être intérieur”. Mais ton être intérieur, c’est quoi exactement ?
Les poètes diront : l’âme ;
les philosophes diront : l’essence, la conscience ;
les théologiens diront : l’esprit, le cœur ;
les psychologues diront : l’identité, le moi profond…
Aujourd’hui, je te propose de t’arrêter avec moi sur une définition toute simple :
ton être intérieur, c’est ta maison.
Ton sanctuaire, ta zone de sécurité et de confort, ton rempart contre les tracas du monde extérieur.
Peut-être as-tu un peu peur d’ouvrir la porte… mais plus tu le feras, plus découvriras que te réfugier à l’intérieur de toi, ce n’est pas si effrayant que ça. Attention, tu pourrais même y prendre goût !
Oui, entrer dans sa maison intérieure, cela demande du courage. Parfois, le destin nous donne un coup de pouce (pour ne pas dire un coup de pied au c*l), sous la forme d’un incident déclencheur : burn-out, crises d’angoisses, crise de couple, séparation, faillite, maladie…
Si tu es toujours paralysée par la peur, des gens peuvent t’aider à trouver le courage de pousser la porte d’entrée. Mais attention : ni moi, ni ton conjoint, ni ton psy ne pourrons le faire à ta place.
Le trousseau de clés t’appartient à toi seule. Tu entres ?
Au bout du couloir se trouve la salle de bains, où tu te débarrasses des idées noires qui te collent à la peau. Dans mon voyage, je n’ai pas trouvé mieux que l’écriture pour “prendre une douche” : le soir, je dépose ce qui me pèse sur une page, et de manière presque magique, le poids de ce fardeau n’est plus sur mes épaules, comme si je l’avais transféré sur mon carnet.
Le couloir te mène à la cuisine, où tu viens reprendre des forces. “Nous sommes ce que nous mangeons”, disait Hippocrate ; chère Fabuleuse, ressasses-tu de la gratitude ? Ou au contraire du ressentiment et de l’inquiétude ? Te nourris-tu du junk food relayé par les chaînes d’actualité et des réseaux sociaux ? Dévores-tu des livres qui te font du bien ? Des formations qui te font grandir ? Qu’est-ce que tes repas intérieurs disent de toi ?
D’après Blaise Pascal, “tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.”
Viens donc faire une petite sieste dans ta chambre intérieure, le lieu du vide, du rien, du silence, du sommeil, de la méditation, de la prière, de la confiance, de l’être versus du faire…
Dirige-toi maintenant vers le salon, où les canapés moelleux t’invitent à passer de longs moments paisibles avec ceux que tu aimes. On peut penser à tort que rentrer dans son monde intérieur, c’est se couper du monde. Or c’est tout l’inverse : « Je dois d’abord être tranquille en moi-même si je veux être tranquille avec quelqu’un d’autre. » — David G. Benner
Lève-toi calmement et prends la direction des escaliers qui descendent vers la cave. On a tous un peu peur de s’y rendre : on s’attend à ce qu’elle abrite des monstres effrayants. On préfère rester à l’étage avec le chocolat, les chips, Netflix, Instagram, le shopping compulsif, le travail acharné, le perfectionnisme éducatif et toutes les autres stratégies échappatoires qui nous tiennent le plus éloigné possible de la cave.
Mais je t’invite à souffler un bon coup et à descendre tranquillement les marches, une par une.
Dis-moi, que vois-tu ? Des monstres ? Ça m’étonnerait ! Des abominables créatures, cherchant qui dévorer ? Certainement pas. Que vois-tu ? Les fondations de ta maison. Des outils de bricolage. Des souvenirs rangés dans des cartons. Pas des dragons ! Simplement les ingrédients qui t’ont permis de devenir qui tu es aujourd’hui.
Regarde encore plus près. Dans ta cave se trouve non un dragon, mais ta petite fille intérieure.
Prendre soin de tes fondations, c’est t’asseoir avec elle. Comme le dit joliment mon amie Rebecca Dernelle-Fischer, « c’est entendre, écouter, prendre soin de cette partie de toi qui est toujours enfant, cette partie de toi qui s’époumone à crier à l’aide, qui aimerait tant qu’on la voie et qu’on la console, qui a tant besoin d’une maison où elle se sente respectée, d’un abri au milieu d’une vie à mille à l’heure. »
Te sens-tu prête à prendre cette petite fille dans tes bras ? Qu’aimerais-tu lui dire ? Dis-lui maintenant !
Et pendant que tu dis doucement au revoir à ta petite fille intérieure, puis que tu remontes les marches pour revenir à la porte d’entrée, souviens-toi que personne sinon toi ne peut te construire une maison chaleureuse. Personne sinon toi ne peut prendre la responsabilité de l’entretien régulier et des rénovations successives.
Rêves-tu, comme beaucoup de gens, de pouvoir un jour transmettre un bien immobilier à tes enfants ?
Sache que l’héritage le plus précieux que tu puisses leur laisser, c’est de te réfugier souvent dans ta maison intérieure.
Plus tu t’entraînes à trouver la solution en toi, plus tu leur enseignes à trouver la solution en eux. Plus tu aimes ta propre maison, moins tu la compares avec la maison de ta voisine, plus tu leur montres comment aimer la leur, qui est unique et qui a une valeur inestimable.
Chère Fabuleuse, non, tu n’es pas un oiseau sans nid. Ta maison intérieure est là, avec toi, partout et tout le temps. Je te souhaite de savoir “rentrer chez toi” aussi souvent que nécessaire, pour y trouver les forces dont tu as besoin pour attaquer tes folles journées !
P.S. Pour que mes filles sachent qu’elles ne sont pas trop jeunes pour entamer la construction de leur maison intérieure, j’ai écrit les mots tout simples que j’aime leur dire à l’heure de l’histoire du soir. Pour réserver ton exemplaire, c’est jusqu’au 5 juillet et c’est par ici !