6h41.
Cette nuit, j’ai beaucoup pensé. J’ai pensé à cette drôle de réalité qui s’impose, nouvelle chaque jour.
Moi l’indépendante désorganisée, la créative, ni artiste accomplie, ni gestionnaire parfaite, si révoltée mais si docile. Moi, le bronx ambulant fardée d’une douce voix.
Comment, dans ce quotidien, chamboulé avoir la bonne mesure ?
Comment garder une indépendance financière salutaire, continuer à épanouir les deux petits bouts d’amour qui grandissent à mes côtés, comment rester forte, belle et intéressante pour un mari tellement aimé mais tellement rock’n’roll, comment garder un cadre malgré tout/s ?
J’ai des trucs, des images mentales : un bouchon en liège qui flotte sur une mer plus ou moins agitée en fonction des actualités ou de mon humeur.
Mais ce matin, c’est plutôt celle de la danseuse qui s’impose à moi.
Et puis ce matin j’ose vous la partager.
J’ai essayé la danseuse classique.
Elle qui se prépare avec délicatesse et suis les figures avec grâce et discipline… Elle est pour moi comme une journée bien cadrée, délicieuse de maîtrise de soi, de menus préparés à l’avance, d’horaires de travail réguliers, d’armoire rangée et de linge bien blanc et repassé. Je l’imagine tourner sur sa pointe, sereine, et je sais pourtant que je ne peux pas être cette danseuse là.
J’ai essayé la danseuse jazz.
Elle “pop”, dynamique, on s’évade avec elle. Il y a un sourire sur son visage, il n’est pas feint, elle adore ces enchaînements. De gauche à droite, elle tourne, elle saccade, elle aime. C’est un voyage, la danseuse de jazz. C’est une journée événement, où tout s’épanouit au bon moment. Je l’envie, je crois. J’ai parfois des touches d’elle en moi mais je ne suis pas cette danseuse là.
Et puis m’est venue la danseuse de Hora.
Bizarrement, alors que je n’ai jamais dansé la Hora. La danseuse de Hora met un habit spécial, ou pas. C’est une ronde qui guide ses pas. Et surtout, elle a dans chaque main celle d’une autre danseuse.
C’est cette image que je choisis.
Ma journée tient la main à la suivante, sa difficulté sera transformée par la main de mon amie, sa joie sera partagée, et mon regard portée vers l’amie d’en face. Ensemble.
Dans cette nouvelle réalité, c’est le mot “seule” que je choisis d’écarter. Aujourd’hui j’oserai soutenir, demander aussi et rire de tout ce que je ne suis pas.
Mère, femme, amante, entrepreneure, salariée… parfaitement imparfaite.
Morte de peur à 9h ou morte de rire à 23h, et pourtant en vie pour porter nos rêves d’un lendemain d’Unité.
Ce que je peux est déjà bien.
La ronde est là. On peut toujours la rejoindre, prendre le temps d’imaginer sa propre danseuse, là dans son salon et regarder sa joie. Et moi je dis merci à mon amie, qui m’a dit : “Ose et danse aujourd’hui !”.
Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse maman, Laurence.