Mes enfants aiment me poser des questions. Elles sont parfois métaphysiques (“Maman, on va où quand on est mort ?”, “Maman, c’est quoi ta planète préférée du système solaire ?”). Et parfois plus terre à terre :
« Maman, ils sont où, mes chaussons ?
À leur place, mon chaton, sur l’étagère de l’entrée.
Ah ok ! »
« Maman, il est où mon camion de police Playmobil ?
Dans ta chambre, dans le tiroir des Playmobil.
Ah oui, merci Maman ! »
« Maman, t’aurais pas vu mon effaceur ?
Il est dans ta trousse, dans la petite poche.
Ah oui, c’est vrai ! Merci Maman ! »
Mon Fabuleux n’est pas en reste.
Il adôôôôre me poser des questions (et pas seulement “Est-ce que tu m’aimes ?”) :
« Elle est où, ma ceinture ?
Dans le placard, avec les autres, mon chéri.
Ah, c’est pour ça que je ne la trouvais pas… »
« T’aurais pas vu mes clés ?
Tu as cherché dans ton pantalon ?
Ah oui, merci…»
Je suis un peu la magicienne de cette maison.
- Un doudou perdu ? Comme par enchantement je me souviens l’avoir vu traîner sur un canapé en passant.
- Une plaquette de médicaments égarée ? Comme par magie, je l’exhume du tiroir dédié aux médicaments (tu auras saisi l’ironie ^^)
- Une trousse d’école introuvable à 8h24 ? Incroyable, elle se trouve justement à sa place, sur le bureau de l’enfant tête en l’air !
Je dois reconnaître que cette capacité qu’ont les membres de la famille à me considérer comme leurs yeux et à m’investir d’un rôle de “Mary-Poppins-qui-trouve-tout” peut m’agacer (voire me faire enrager).
…surtout quand je suis un peu sur les nerfs
…surtout quand je suis en train de faire autre chose
…surtout quand je rêverais de ne pas être sollicitée pendant 10 minutes d’affilée
Le fait d’être le référentiel permanent pour tout objet perdu pèse parfois lourd sur mes épaules. Je me dis qu’ils ne peuvent rien faire sans moi. Je peste. Je me dis que je n’ai certainement pas assez travaillé à les rendre autonomes. Que je fais trop “à leur place”. Que les tâches sont mal réparties avec mon conjoint.
Bonjour la culpabilité.
Mais…je me sens indispensable !
Et au fond, je dois avouer que j’aime bien me sentir un peu indispensable ^^
Et en même temps, me sentir autant indispensable me pèse. Je ne suis pas à une contradiction près, chère Fabuleuse.
D’ailleurs, quand je râle parce que mes garçons me demandent où se trouvent les cartes Pokémon, mon mari me rappelle gentiment que dans quelques années, je serai bien triste de ne plus avoir à me mettre en quête de jeux en plastique, de crayon magique, de doudou imprégné de leur odeur ou de dessin inachevé.
Ce à quoi je lui rétorque :
« La bonne nouvelle c’est que toi tu seras là pour me demander où sont rangés les médicaments, où sont passées tes clés ! » (quelle peste je fais ^^)
Alors, éduquer mes garçons à prendre soin de leurs affaires, les responsabiliser pour me solliciter un peu moins au fil du temps, mettre en place un système de rangement simple et accessible à tous, rappeler une énième fois que les médicaments sont “à leur place”, c’est-à-dire dans le tiroir des médicaments, laisser mon mari chercher sans courir séance tenante à son secours pour faire taire ses râleries… oui !
Mais me plaindre à longueur de temps d’être sollicitée, non.
Parce que la râlerie appelle la râlerie. Et parce que je suis une râleuse de catégorie 1, je sais que je trouverai, de toute manière, toujours matière à râlerie ^^.
Mais plutôt, faire mien cet adage que ma belle-soeur m’avait transmis il y a quelques années, quand j’étais une toute jeune maman :
« Rien n’est vraiment perdu tant que maman n’a pas cherché ! »
Et me le répéter, en me souvenant de l’éclat de rire qui avait été le mien la première fois que j’avais entendue cette phrase.