Derrière l’amour, qu’est-ce qu’il y a, Johnny ? « Toute une chaîne de pourquoi. Questions que l’on se pose, il y a des tas de choses. »*
On est tous d’accord, je pense, pour dire qu’« aimer, c’est c’qu’y d’plus beau, que c’est monter si haut et toucher les ailes des oiseaux ».* On le chante, on en parle, on le vit, on l’espère mais ça reste quelque chose de nébuleux et de fragile à la fois.
J’ai longtemps cru que l’amour était quelque chose d’unique,
d’à part, de sacré, qui flotte dans l’air et te tombe dessus si tu as de la chance et s’en va sans forcément crier gare. Je savais que c’était quelque chose que je pouvais ressentir mais je n’avais jamais osé imaginer qu’on pourrait le classer avec les autres émotions. Alors certes, ce serait la plus belle émotion que l’on puisse ressentir mais ça n’en resterait pas moins une émotion. J’ai eu peur de désacraliser l’amour en le mettant dans le même sac que les autres et pourtant, en le faisant, j’en ai mieux compris le fonctionnement.
Tout d’abord, une émotion, qu’est-ce que c’est ?
C’est quelque chose que l’on ressent qui nous met en mouvement. Jusque-là, l’amour correspond à cette définition. On ressent de l’amour et l’amour nous donne des ailes.
Ensuite, une émotion est produite dans notre corps en réponse aux pensées que l’on entretient sur notre réalité. Mais les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets chez tout le monde. Par exemple, quand on écoute Sauver l’amour de Balavoine, on ne va pas tous ressentir la même chose.
Certains, dont je fais partie, vont penser que c’est puissant, mélodieux, entraînant et vont ressentir une émotion de paix, de joie, voire d’amour, et vont se trémousser en chantant à tue tête. D’autres vont se rappeler de souvenirs passés et vont ressentir de la nostalgie et verser une larme en regardant la pluie tomber. D’autres vont trouver que c’est mièvre et vont ressentir de l’agacement et d’autres encore ne vont pas supporter la voix du chanteur et ressentir de l’irritation…
C’est ce que nous décidons de penser des choses et des événements qui va créer en nous une émotion.
Si c’est vrai pour une chanson de Balavoine, c’est d’autant plus vrai pour toutes les circonstances extérieures. Ce phénomène se produit, que nous en ayons conscience ou non. L’avantage d’en prendre conscience c’est qu’on peut décider intentionnellement de ce qu’on veut ressentir. Oui, tu peux choisir intentionnellement d’apprécier autant que moi une chanson de Daniel Balavoine.
Alors, je ne te cache pas que ça ne m’a pas fait plaisir de découvrir que c’était moi qui créais ma colère. Quand mon Fabuleux n’avait pas vidé le lave-vaisselle, il me semblait que la colère était l’émotion logique qu’on ressent dans ces cas-là mais apparemment, elle était optionnelle. La colère ne me tombe pas dessus en regardant un lave-vaisselle plein, c’est moi qui choisis plus ou moins consciemment d’en penser tout un tas de choses sur notre couple, notre répartition des tâches, la charge mentale…
Pour preuve, au début de notre relation, un lave-vaisselle plein ne me faisait ni chaud, ni froid. En revanche, je ressentais très souvent et très facilement de l’amour. Et quelques lave-vaisselles plus tard, l’émotion d’amour s’est faite un peu plus rare et je me suis dit que c’était dans la logique des choses. La passion est finie, on passe à la phase amour-routine. Mais si je crée ma colère, je crée aussi mon amour.
Ça voudrait donc dire que, si j’ai envie, je peux ressentir plus d’amour ? Ça m’a surprise au départ parce qu’au début d’une relation, l’amour se ressent sans aucun effort.
On le ressent et c’est tout.
Et puis au bout des trois ans réglementaires, on pense que l’amour s’est envolé tout seul parce qu’on n’a pas conscience de notre responsabilité dans le fait de ressentir de l’amour. Mais si l’amour, c’est comme une émotion, alors je peux décider de le ressentir quand j’en ai envie (ou presque). Au début, lorsque je regardais mon Fabuleux, tout ce qu’il faisait me semblait merveilleux. J’aimais sa franchise, son indépendance, ses yeux qui se plissent quand il rit, ce grain de beauté sous l’œil…
Au bout d’un moment, sa franchise, j’ai pensé que c’était de la grossièreté, son indépendance, j’ai pensé que c’était de la négligence et je n’ai plus prêté attention à ses yeux qui se plissent et à son grain de beauté sous l’œil. J’ai moins ressenti d’amour. Pourtant, j’avais le même homme sous les yeux mais je choisissais juste de porter mon attention ailleurs et je ne générais plus en moi l’émotion d’amour. Parfois j’ai pensé qu’il méritait bien que je ne l’aime plus. Mais quand je ne l’aime plus, c’est moi qui ne ressens plus d’amour, c’est moi que je prive en premier. Parfois, j’ai même pensé que j’avais dû me tromper de Fabuleux au départ. Qu’avec un autre Fabuleux, l’amour ne serait pas parti. Mais si c’est moi qui décide d’aimer, alors je peux décider de ressentir ou non de l’amour avec n’importe quel Fabuleux ! Autant que ce soit avec le mien, du coup.
Finalement, ce qui précède l’amour, l’amour qui dure, c’est l’envie d’aimer.
C’est « tellement simple l’amour, tellement possible aussi ».* J’ai alors redirigé tranquillement mon attention vers ses yeux qui se plissent, son grain de beauté, vers les bienfaits de sa franchise et de son indépendance, vers les lave-vaisselles vides plus que sur les lave-vaisselles pleins. Mon amour pour lui est revenu. Il en bénéficie évidemment mais celle qui en bénéficie en premier lieu, c’est moi. Il n’a rien eu à faire. Je n’avais pas besoin qu’il fasse quoi que ce soit, j’avais juste envie de ressentir plus d’amour.
J’ai alors réalisé que c’était Balavoine qui détenait la réponse depuis le début. Pour sauver l’amour, pour retrouver le goût de la vie, il faut remplacer « le besoin par l’envie ».* Quand on a compris que l’amour est une émotion que l’on choisit de ressentir, indépendamment d’une réciprocité, alors on n’a plus besoin d’être aimé avant tout.
On a, avant tout, envie d’aimer.
Et toi chère Fabuleuse, tu savais que tu avais les pleins pouvoirs sur ta capacité à ressentir de l’amour ? Tu savais que tu n’avais pas besoin de ressentir que ton Fabuleux t’aime pour ressentir à ton tour de l’amour, mais qu’il suffisait que tu aies envie de l’aimer ? Sur quoi vas-tu porter ton attention cette semaine pour ressentir intentionnellement de l’amour ?
* Playlist pour t’inspirer l’envie d’aimer :
- Derrière l’amour, de Johnny Hallyday
- Aimer, de la comédie musicale Roméo et Juliette
- Sauver l’amour, de Daniel Balavoine
- Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai, de Francis Cabrel
- L’envie d’aimer, de Daniel Lévi