Quelle maman aimerais-tu devenir ? - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Quelle maman aimerais-tu devenir ?

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« Tu es adulte, c’est ta vie, fais quelque chose, (ré)agis ! » 

Ces mots résonnent en moi depuis que mon thérapeute les a prononcés lors de notre dernière séance. Ils ne m’étaient pas destinés, ils faisaient partie de notre conversation. Mais il a vu ma réaction et il m’a demandé : « Ça te fait quoi d’entendre ces mots Rebecca ? ». Je le regarde, une douche froide est passée dans mon dos. Il a touché dans le mille : « Être adulte, agir, réagir ».

Chère Fabuleuse,

Peu importent les conseils que je pourrais te donner, peu importe les méthodes que je te présenterais avec un grand « Essaie donc ça », rien ne changera si tu ne prends pas la force de clamer haut et fort « Je suis adulte et c’est ma vie ! ». J’aurais beau te dire que pour changer, il faut commencer par un degré, un pourcent, t’inviter à trouver ton premier petit pas dans la bonne direction, ta vie ne changera pas d’un pour cent si tu ne remets pas tes pendules intérieures à l’heure. C’est ta responsabilité. 

Dans son livre Un rien peut tout changer, James Clear affirme que chaque action que nous posons est un vote que nous accordons à la personne que nous aimerions devenir. Le réalises-tu ? Est-ce que je le réalise moi-même ? Ou bien ai-je donné la procuration de mes votes aux autres et je les laisse choisir pour moi ? Ou encore : est-ce que je laisse la situation me forcer à devenir celle que je ne voudrais pas être ?

La question restera toujours celle-ci : 

Qu’est-ce que tu veux vraiment ? Qui veux-tu être, devenir ? Quelle est ton identité ? 

L’auteure Martha Beck, qui vient d’écrire The Way of integrity, te demanderait :

« Quelle est ta vraie nature ? À quelle adresse habite ta paix intérieure ? Qui es-tu quand tu te sens en accord avec toi-même sur tous les niveaux ? Quand tu es dans un état d’intégrité, que tout en toi s’aligne (comme une guitare dont toutes les cordes sont enfin accordées ? Qui es-tu quand tu arrêtes de te mentir ou de mentir aux autres ? Quand tu cesses de te trahir ? » 

Comme tu le sais, chère Fabuleuse, je suis psychologue de métier. Mais je n’ai jamais exercé mon métier de manière “classique”. Je n’ai pas de “patients”, je ne propose pas de consultation. Je fuis en courant quand quelqu’un me demande un rendez-vous. Parce qu’il me manque un ingrédient de base : la confiance que l’autre sait au fond ce qui est bon pour lui. Il me manque cette capacité de regarder l’autre personne dans les yeux et lui dire : « Tu es adulte, c’est ta vie, agis ! ».

Au lieu de cela, j’essaie de materner, de protéger, de sauver, de donner aux gens un plan d’action.

Alors ce matin, au lieu de te faire une liste de propositions et de méthodes, de livres à lire, de conseils, de phrases réconfortantes… il me faut te dire en toute confiance :

« Chère Fabuleuse, tu es adulte, c’est ta vie, (ré)agis. Je ne peux pas le faire pour toi, personne de l’équipe des Fabuleuses ne peut le faire pour toi. On peut t’écouter, te parler, te comprendre, te soutenir mais nous ne pouvons pas poser les pas que tu ne poses pas. Tu es au volant. » 

Tu as besoin de toi, de te dire : « Ok, je suis adulte, c’est ma vie ».

Je sais qu’on a souvent en nous une partie qui s’époumone à dire « mais je ne veux pas être l’adulte », une autre qui nous dit peut-être « de toute manière rien ne changera », une autre encore qui se donne milles et une excuses et raisons en murmurant :

« Si ma vie est comme elle est c’est parce que les ‘autres’ m’ont fait, me font ça ou ça, parce que la vie ne m’a pas épargnée et m’as mise au tapis ».

Je pense que chacune de ces voix, de ces parties qui sont en toi ont le droit de parole. Elles ont besoin d’être entendues, respectées, consolées, comprises et prises en compte mais il reste, au bout du compte un constat : « Tu es adulte, c’est ta vie : agis ! »

Eh oui, que tu le veuilles ou non : tu es adulte.

Peu importe ce que tu en penses : si tu ne changes rien, rien ne changera. Tu obtiendras toujours les mêmes résultats si tu continues à utiliser les mêmes habitudes. 

Oui, tu as vécu et tu vis des choses pas évidentes et les autres jouent un rôle important dans ce qui t’arrive, mais c’est ta vie à toi, tu ne contrôleras jamais les autres mais tu peux travailler à la manière dont tu réagis à ce qui t’arrive.

Fais quelque chose !

La phrase de mon psy me travaille, me dérange, elle me pousse dans un certain inconfort. J’ai l’impression qu’on me secoue en me disant : « Bouge-toi, Rebecca, bouge-toi, bon sang ». Et j’ai plutôt envie de m’enfuir sous la couette et de répondre « Nooooooon, je ne peux pas, je ne veux pas, je suis trop crevée, j’ai peur et je n’ai pas la force ». Je parie que je ne suis pas la seule à avoir ce réflexe. 

Mais, c’est là que tout ce que j’ai lu dans les ouvrages de James Clear et de Martha Beck vient à ma rescousse.

Parce que je n’ai pas besoin de tout changer d’un coup.

Parce que je peux les écouter et les entendre me conseiller sur la manière de bouger efficacement. Cela se fera en faisant un petit pas après l’autre, de manière constante. Cela pourra commencer en mettant en place de nouvelles habitudes. Et cela émerge quand je réalise que chaque petite décision que je prends et chaque acte que je pose contribue à la personne que je veux devenir. 

Les deux auteurs parlent d’un avion et du fait qu’une toute petite déviation dans la direction prise au départ vous fera arriver, plusieurs heures plus tard, à un endroit tout à fait différent. Tu me diras peut-être : « Oui mais moi je veux changer tout et tout de suite ». Je comprends mais, en réalité, les changements massifs et brutaux ne sont pas toujours les meilleurs, leur portée sur la longueur est parfois bien plus faible que des petits changements progressifs qui s’installent et restent une vie entière. C’est un peu le risque de vivre l’effet yoyo de certains régimes.

James Clear insiste : il nous faut réfléchir non seulement aux résultats que nous voulons atteindre mais surtout aux valeurs qui nous tiennent à cœur et à la personne que nous désirons devenir.

Qui aimerais-tu être ?

Si par exemple ton but est de ne plus être la maman à bout de nerfs, tout le temps fatiguée, qui évacue la pression à la maison sur le reste de sa famille, qui ne rit plus, qui n’a plus le temps de jouer, de vivre, d’apprendre de nouvelles choses… Alors les questions seraient les suivantes :

  • Quelles sont mes valeurs ?

  • Qu’est-ce que j’aimerais vivre ?

  • Quelle sorte de maman voudrais-je devenir ?

À partir de là, tu peux commencer à implanter des habitudes, des micro-actions qui vont porter ton projet à long terme. Ce sont des choses minimes mais qui, mises bout à bout, auront un impact puissant. Il faut parfois attendre pour voir les résultats se pointer mais ils viendront, comme une semence qui pousse d’abord sous la terre et qui un jour fleurit.

À un moment donné, tu te retournes et tu te dis :

« Ah mais en fait, tous ces efforts ont porté leurs fruits ! ».

C’est ce qui m’arrive de penser quand :

  • Je m’assieds avec Pia pour jouer quand elle rentre de l’école.

  • J’ai la patience d’écouter mes ados me parler de leurs rêves d’avenir, d’écouter leur musique.

  • Quand malgré les deux années de pandémie et les soucis de la guerre qui gronde, j’ai en moi un équilibre gagné à force d’y avoir travaillé, d’avoir été « vomir sur les chaussures de mon thérapeute ».

Je réalise que j’ai beaucoup changé, tout doucement mais en profondeur.

Parce que quand nous avons accueilli Pia dans notre famille, il y a 9 ans, j’ai d’abord essayé de maintenir mon rythme de croisière, un rythme trop élevé par rapport à mes forces, avec trop de projets en simultané et surtout, avec trop bagages émotionnels.

J’ai commencé à ne plus savoir jongler efficacement, j’étais débordée de mes propres attentes et par celles des autres. Il m’a fallu choisir entre ce que j’avais encore la force de faire. J’ai commencé à contre cœur par aller voir une thérapeute et ensemble, on a rangé petit à petit mon désordre intérieur.

J’ai appris à me demander :

  • Qui suis-je et qui aimerais-je être ?

  • Quel type de maman est-ce que je voudrais être pour mes deux grandes filles et cette petite miss porteuse de trisomie 21 qui vivait depuis deux ans avec nous ?

La première étape a été de réaliser que c’était ma responsabilité d’adulte que de prendre les commandes en main et de les serrer un peu plus fermement pour ne pas être ballotée entre les envies et les besoins des autres. « Je suis adulte, c’est ma vie, je veux agir et pas seulement lui courir après en me disant que je n’arriverai jamais au but »

Le pilote, c’est moi. La direction, c’est à moi de la donner.

J’ai surtout beaucoup pris soin de ma santé émotionnelle. Et j’ai appris à reconnaître ce dont j’avais besoin pour être aller mieux mais aussi pour être une maman plus équilibrée. J’ai senti que j’avais besoin d’un foyer chaleureux, que je pouvais vivre dans un appartement mal rangé mais pas dans un endroit peu accueillant. J’avais besoin de faire de notre chez nous un « nid ». Et je l’ai fait à travers toute une série de petites décisions. 

J’ai pris de la distance par rapport à certaines situations qui me bouffaient mon énergie. Je n’ai plus donné toutes mes forces pour sauver le monde. J’ai compris qu’il fallait que je commence par sauver mon monde intérieur à moi, mon équilibre, ma joie de vivre. Je voulais être là pour mes filles : je ne voulais pas seulement aider les gens en dehors de notre foyer mais être là pour mes enfants.

Ça prend du temps mais ça en vaut vraiment la peine.

Il y a tant de Fabuleuses qui font ce chemin de se retrouver. On n’arrive d’ailleurs jamais vraiment au bout, en tous cas moi, je n’y suis pas encore. Mais ce n’est pas grave. J’apprends encore, chaque jour, je rectifie le tir.

J’ai trouvé mes alliés, mes compagnons de routes, les personnes qui me bousculent un peu en me disant « Bouge Rebecca, réagis » et ceux qui m’applaudissent quand ils voient que je suis de plus en plus fidèle. Je regarde mes filles, je compare à ce que je vivais il y a plus de 8 ans et je me dis : « Ouf, le voyage et la destination me plaisent bien mieux ». 

Chère Fabuleuse,

L’avion, c’est toi qui le conduis, tu es l’adulte, c’est ta vie ! Et il est possible, peu à peu, de changer ta trajectoire de vol pour atteindre une autre direction.

Si mon article te parle et que tu te dis « J’aimerais aussi changer peu à peu de cap », alors rejoindre l’aventure du Village serait un sacré premier pas à poser. Tu te donnerais une force de changement qui t’aiderait à décoller, qui te donnerait des outils pour mieux naviguer, mais aussi une équipe et des compagnes de vol qui comprendront tes turbulences et te soutiendront avec bienveillance.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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