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Pour couronner le tout, il faut sauver Noël

Rebecca Dernelle-Fischer 1 décembre 2020
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Et pour couronner le tout, cette année, il faut sauver Noël ! « Sauver Noël ». C’est le scénario de base des films de saison et des dessins animés de nos plus petits. Je vois Pia observer la Pat’ Patrouille en retenant son souffle : « Nos amis pourront-ils sauver Noël ? » Les yeux de ma cadette s’écarquillent et ouf, elle se détend quand à la fin, tout va bien.

Cette année, il faut sauver Noël.

Partout en Europe, nos dirigeants politiques calculent jusqu’où on peut aller dans les mesures sanitaires. Quels risques on peut prendre, quel confinement sera le plus efficace… 

Et nous, on essaye de suivre leur logique, les règles, trop sévères, pas assez sévères… on fait de son mieux ou pas, on doute, on réfléchit, on fait des plans tout en sachant que cette année comme jamais, nos plans sont bien fragiles.

Parce que pour couronner le tout, la vie est fragile, ce qu’on a est fragile, nos habitudes sont fragiles, Noël est fragile. Nous le découvrons et le redécouvrons cette année plus que jamais.

Au fond, on contrôle moins nos vies que ce que l’on croit.

On a l’impression qu’on les contrôle, mais on se trompe pas mal sur ce coup-là. En temps normal, on oublie cette fragilité, et on vit en pensant que demain sera la suite logique d’aujourd’hui. Parfois, le destin nous rattrape et nous claque la porte au nez. Tout à coup, il y a un « avant » et un «après ». Avant le diagnostic de maladie et après. Avant l’accident et après. Avant Corona et après. 2020, leçon d’humilité : tout peut basculer, et mon Noël s’en prend aussi plein la gueule.

Nos fêtes de fin d’année, notre Saint-Nicolas, nos marchés de Noël au vin chaud qu’on sirote lentement en essayant de ne pas se faire bousculer par la foule, notre mois de décembre aux magasins bondés, nos maisons de retraite décorées où la famille passera — enfin — donner ses bons vœux… 

Gros trait rouge sur toute la liste :

  • Cette année, Noël c’est le bal masqué, une fête VIP avec un minimum de gens présents.
  • Cette année, c’est Noël peau de chagrin pour certains, dont la source de revenus s’est tarie.
  • Cette année, c’est Noël au front pour bien des employés, le triple du travail, le quadruple de stress et la moitié des forces.
  • Cette année, Noël aura un drôle de goût pour beaucoup. On a mis Noël en quarantaine et on ne sait pas quand il s’en sortira.

Et puis zut : et si on sauvait Noël ?

En français on dit si joliment qu’il faut « sauver les apparences ». Sauver les apparences de Noël ? Avoir le plus beau sapin, le pull de Noël le plus rigolo, les plus gros cadeaux, le meilleur repas, les plus grandes décorations lumineuses ?

Pourquoi pas ? Certaines d’entre nous ont encore plus besoin de se réfugier dans un « Noël de rêve », un monde un peu féérique, qui nous prendrait dans ses bras comme un manteau bien chaud. Mais laisse-moi te poser cette question : Et si on sauvait AUSSI le cœur de Noël, ce qui bouge au tréfond de cette tradition ?

Comme tu le sais peut-être, j’ai épousé il y a 17 ans un jeune pasteur allemand. Et j’aime tant l’écouter me parler du sens des fêtes religieuses et de leur contexte, la manière dont elles sont liées, comment le calendrier est construit.

Fin novembre, l’année liturgique se termine par le dimanche des morts (ou de l’éternité). C’est très sombre, triste, lourd, comme un brouillard épais. Il me décrit cette ambiance pesante qui nous rappelle la perte des êtres proches.

Et après cela commence l’Avent.

Oui, comme les calendriers de l’Avent qu’on retrouve de plus en plus partout, c’est ce temps d’expectative joyeuse. La lumière qui brille de plus en plus, le réconfort qui s’installe, la promesse d’une rencontre, l’annonce d’une naissance imminente. C’est ce passage saisonnier marqué aussi par le solstice d’hiver. Le jour le plus court de l’année, qui nous rappelle qu’à partir de maintenant, la balance va pencher de l’autre côté et que les jours vont enfin s’allonger et la nuit reculer.

Une rencontre, une lumière, un don.

Une maman qui console son bébé au milieu du chaos d’une étable. Des bergers, habillés de haillons sentant le mouton, viennent célébrer le tout petit roi qui dort dans une mangeoire. Tout cela m’a l’air bien humble, simple, à portée de main.

Aimer comme Marie, au milieu d’une année sens dessus dessous. Être là pour nos proches, montrer que cette pandémie mondiale ne changera pas notre affection pour eux.  

Se réjouir comme les bergers de ce qui est donné, présent. Chercher et célébrer ce qui est petit, caché, précieux.

Accueillir la lumière et la refléter autour de nous.

Je rêve d’une communauté de Fabuleuses qui forme la plus belle guirlande de loupiotes que j’ai jamais vue ! Je rêve que pour sauver Noël cette année, nous trouvions chacune notre manière de briller qui sera contagieuse.

On peut briller par bonne humeur, par le rire qui fait des vagues autour de nous et renforce si bien notre système immunitaire.

On peut faire briller la gratitude dans nos actes et dans nos paroles. Remercier ceux qui étaient là pour nous (un regard sincère à la caissière du supermarché qui dit « tu n’es pas invisible et merci pour tout », un compliment à nos connaissances qui travaillent dans une maison de retraite ou dans un hôpital, un chocolat pour le postier, des petits biscuits pour l’institutrice, un câlin à nos enfants pour les féliciter de leur courage cette année).

On peut briller par notre regard sur les choses, en propageant non pas des rumeurs et des plaintes nombreuses et parfois justifiées mais en devenant des ambassadeurs de l’espoir, du courage quotidien, de l’optimisme. J’ai 42 ans et je n’ai jamais vécu une année comme celle-ci. Et là, je peux dire :« quelle merde cette année » ou alors plutôt « mais quelle chance j’ai vécu 42 ans sans guerre dans mon pays, sans vivre à la rue, sans combattre une maladie grave ! »

Respirer profondément et me rappeler qu’on n’est pas coincé à jamais dans la pandémie et que d’autres Noël viendront.

On peut briller par le partage, par des gestes qui semblent petits mais qui, en s’accumulant, deviennent des vagues de gentillesse qui s’écrasent sur nos plages abandonnées. Prendre régulièrement des nouvelles d’une personne isolée, lui parler, l’écouter. Un billet de 5 euros posé discrètement dans le panier du vélo du vieil homme qui rassemble les bouteilles pour en récolter la caution, un paquet avec des biscuits pour une amie plus vue depuis longtemps…

Je suis une grande fan de ces petits gestes « bonheur »…

… ils changent les journées « bof bof » en journées « wow ». J’essaye donc de les parsemer dans mon quotidien. Une jeune vendeuse m’a un jour vu rendre service à une autre cliente du magasin (rien d’énorme, j’ai juste reconduit cette dame et ses achats chez elle en voiture parce que le transport de sa nouvelle table lui aurait coûté plus que la table). À chaque fois que la vendeuse me revoit, elle me dit : « je n’oublierai jamais ce que vous avez fait » et à chaque fois, je réponds :

« C’est très simple, c’est comme ça que ça fonctionne, j’aide quelqu’un et un jour elle aidera quelqu’un d’autre en retour, je fais juste partie de la chaîne, si j’ai l’occasion de partager, je le fais. Et puis, j’aide parce qu’on m’a aidé aussi un jour ».

Parfois on donne, parfois on reçoit.

On peut briller par notre attitude envers les gens qui nous entourent (ouiiiii, même ceux qu’on croise sur les réseaux sociaux). J’ai lu dernièrement qu’on n’a pas besoin d’éteindre la bougie des autres pour briller plus fort nous-même.

Parce que vraiment, parfois on brille plus par nos critiques que par notre manière de vivre… et c’est dommage. Parfois, il semble plus aisé de passer notre temps à observer et critiquer la vie des autres que de vivre la nôtre. On peut perdre le goût de notre réalité à force de regarder celle des autres sur Insta et compagnie.

Et si on s’occupait un peu plus de notre flamme à nous et un peu moins du feu ouvert de l’autre ?

Et si au lieu de briller par nos réponses acerbes, on brillait par notre bienveillance ? 

Et oui, même avec celles que nous ne comprenons vraiment pas, même avec celles qui semblent nous menacer par leur mille et une capacités, même avec celles qui semblent devoir constamment nous donner des conseils.

Je rêve que pour couronner le tout, cette année, nous sauvions tous un peu Noël à notre façon. Je rêve de ce que toi et moi, pour ce Noël, fassions partie de la Pat’ Patrouille.

Je rêve de pouvoir un jour parler de Noël 2020 comme d’un Noël pas facile mais quand même beau : unique et touchant.

Un Noël qui nous a demandé un effort de plus pour se serrer les coudes et tendre la main à ceux qui seront encore plus seuls que normalement.

Un Noël où chacune d’entre nous aura été une petite lumière qui brille à sa façon.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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