Parcoursup m’a tuer - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Parcoursup m’a tuer

Isabelle Joret 5 février 2025
Partager
l'article sur


Tic-tac, tic-tac, le compte à rebours commence… Il faut songer à remplir les cases : DUT, IUT, BTS, PC, MPSI, CPGE, BP, BCPST, FAC, vœux, sous-vœux, CV, lettre de motivation… 

Si vous avez un enfant en terminale, vous voyez de quoi je parle ! 

Mon fils passe le bac et moi, j’ai l’impression de subir l’entraînement du 100 m, ou plutôt du marathon : je passe l’épreuve de Parcoursup !

Ça devrait être fastoche, me direz-vous : c’est mon dernier enfant, je l’ai donc subie plusieurs fois cette fichue plateforme de choix d’études ! Mais, à l’image de la feuille de route de l’éducation nationale, ça change tout le temps. Il faut donc s’y replonger, prendre son souffle et son courage à deux mains et se jeter dans le grand bain. D’où suffocation, angoisse, prise de tête, insomnie, calculs savants et concours de « et si ? … et pourquoi pas ça ?… Tu as pensé à… ? Et ça, ça serait pas mal non ? » 

Enfin, tout ce stress, il est pour moi.

Junior affiche un certain détachement et une nonchalance tranquille devant cette montagne à franchir. À moins qu’il ne sache pas trop vers où se diriger ? Il faut avouer que la multitude de choix proposés laisse rêveur — si elle ne fait pas cauchemarder —.
Qu’à cela ne tienne, maman est là, et prête à donner un coup de main !

Armée de ma bonne volonté et de mon envie de faire avancer les choses,

je pose des questions, m’intéresse, propose, encourage, mais sans vouloir trop influencer quand même, hein ! Une prépa c’est mieux que la fac, tu ne penses pas ? Ah, dans cette ville ? C’est loin, non ? Mais avec cette formation, tu vas faire quoi ? Mais enfin tu as bien un métier en tête ! Ah non ? Justement, tu ne sais pas trop ce que tu aimerais faire ?

La tâche est ardue, mais je ne lâche pas l’affaire. J’épluche les prospectus récoltés au fil des portes ouvertes, je me hasarde sur internet et dégote des formations auxquelles personne n’avait encore pensé, je cherche, j’avance, je fouille…

Mais, pour qui je fais ça ? Oui pour qui ? 

Soyons honnêtes : c’est pour moi. J’ai besoin de me rassurer, de baliser le terrain, de tout prévoir et de tout anticiper. Mon dernier passe le bac et, comme quand il était petit, j’aimerais enlever les cailloux de son chemin, lui tracer la meilleure route, lui éviter de souffrir, de se tromper, de se casser la figure. Je suis sûrement lourde avec mon insistance à vouloir tout remplir dans les temps, à n’oublier aucune case, à n’oublier aucune possibilité de créer un avenir radieux pour mon fils.

Est-ce que je l’écoute vraiment ?

Est-ce que mes peurs, mes préférences d’un certain type d’études ne l’empêchent pas de choisir vraiment, librement, ce qui serait bon pour lui ?

Je dois accepter que ce n’est pas ma vie qui se joue.

Il est arrivé à un stade et à un âge où il peut choisir tout seul. Bien sûr, les parents que nous sommes restons disponibles s’il a besoin d’aide ou de conseil, mais c’est sa vie qui s’ouvre devant lui, son avenir, pas le nôtre. Et tant pis si ce n’est pas la voie que j’aurais choisie ou que j’aimerais secrètement qu’il emprunte. Tant pis si ce n’est pas un choix définitif, s’il change d’avis dans un an ou dans cinq ! Que sont si peu d’années, à l’échelle d’une vie ?

Cette effervescence, cet activisme que je mets en place m’empêchent très certainement de penser à autre chose.

Mon dernier passe le bac et moi, l’année prochaine, il y a de fortes chances que je me retrouve seule à la maison. Oui, ça y est, le nid achève de se vider. J’avais beau jeu de dire « même pas mal, les grands sont déjà partis, je sais ce que ça fait ! ». En fait, ça me touche en plein cœur. Je sais que l’épreuve de ce dernier Parcoursup est aussi une étape dans ma vie de maman. L’enfance a définitivement tiré sa révérence, l’adolescence touche à sa fin et l’adulte se dessine déjà. C’est la fin d’un cycle, un deuil à traverser, le début d’une autre aventure. Tous mes enfants tracent leur route et moi je dois continuer la mienne.

Les choses vont changer,

je le sais, je l’ai déjà expérimenté. Il y aura l’absence et le silence, la solitude aussi.
Mais je sais qu’il y aura encore :

  • Les coups de fil
  • Les chagrins à consoler
  • Les angoisses et le besoin d’être rassuré la veille des partiels 
  • Le stress des concours et des dossiers à remplir
  • Les démarches administratives pour la sécu, la CAF ou la carte jeune SNCF
  • Les « tu pourrais me verser un peu d’argent ? Je suis à sec… »

Et aussi :

  • Les we en famille et les retrouvailles à la gare
  • Les discussions sans fin avec nos jeunes devenus presque des adultes
  • Leur joie de nous faire part de leurs découvertes et de leurs savoirs
  • La fierté dans leurs yeux — et dans les nôtres — le jour de la remise de diplôme !

Oui, il y aura tout ça et plein d’autres choses encore, que je ne connais pas, que je ne peux pas anticiper, que je ne peux pas prévoir.

Cette nouvelle étape, ce Nième Parcoursup m’apprend, s’il en était encore besoin, que je suis vulnérable et imparfaite, que je dois lâcher prise autant qu’il est possible, que je dois faire confiance à la vie et à mon enfant !

Chère maman aux prises avec Parcoursup, je te souhaite patience et sérénité, douceur et courage, mais aussi, de te souvenir avec moi que, même quand l’oiseau quitte le nid, nous restons Fabuleuses !



Partager
l'article sur




Cet article a été écrit par :
Isabelle Joret

Après une école de commerce, Isabelle entame la vie nomade de femme de militaire. Passionnée par la rencontre et l'écoute de l’autre, elle se forme, au gré des différentes mutations, à l’écoute active, à la gestion des conflits, au coaching et à l’ennéagramme. Aujourd’hui, elle accompagne des jeunes dans leur orientation ou des personnes en reconversion à la découverte de leurs talents et les guide vers une meilleure connaissance d’eux-mêmes. Elle est aussi coach de la boîte mail des Fabuleuses, à qui elle apporte une écoute et des conseils bienveillants. 
Mariée depuis 34 ans, elle est maman de 6 enfants et grand-mère de 11 petits-enfants.

https://isabellejoret.fr/

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
La santé mentale, c’est prêter attention
Dans ma maison, il y a des objets qui aboient.  Sur la table de la cuisine, des Lucky-Luke, des tournevis,[...]
Mon ombre maternelle selon Jung
Chère Fabuleuse, J’ai découvert récemment la théorie de Carl Jung, disciple de Freud, sur l’ombre. Je ne te parle pas[...]
Conception et réalisation : Progressif Media