Chacune le sait, les deux dernières années ont été éprouvantes. Chacune a été chamboulée, ramenée à l’essentiel, tentant de survivre au quotidien, de tenir les rênes de sa vie en main, mais aussi en jonglant avec ceux de la famille. Chacune a été inventive, créative, saoulée, fatiguée, reboostée…des montagnes-russe d’émotions vécues, parfois même dans la même heure. Les réseaux sociaux regorgent d’anecdotes sur cette année particulière.
Deux années…. que nous vivons au rythme des annonces de nos gouvernements. À chaque annonce, une réorganisation s’impose : attestations pour les unes, annulation de cours pour les autres, perte de travail, limitation d’horaires de travail, télétravail… Bref, des choses que nous n’avons pas forcément choisies. La souplesse est le maître mot ces temps-ci…
Mais que faire, lorsque cette souplesse casse, ou que ça ne plie plus ?
Je suis touchée par cet anniversaire que je ne voudrais pas fêter…pourtant il est là, je dois le reconnaître, l’accueillir même. Et c’est en l’accueillant, que je réalise, et que mon corps prend conscience qu’il est FATIGUÉ, ESSOUFFLÉ ! Et c’est OK !
Parce que même si je n’ai pas perdu mon travail, que mon couple va plutôt bien, que mes enfants sont en bonne santé, que le premier confinement a été un moment paisible où nous nous sommes reconnectés les uns aux autres au sein de mon foyer, que j’ai vécu une année fabuleuse avec mon expérience du Village, que j’ai pris soin d’avoir des petits moments pour moi…. je suis essoufflée !
Enseignante à l’école maternelle, j’ai été « au front » durant le confinement, jonglant école à distance, école à la maison, permanences à l’école en présentiel pour les élèves fragiles, 3 repas par jour, ménage, courses, et pour couronner le tout, terminer mon certificat d’études avancées en tant que formatrice de stagiaire à l’Université. Puis, quand l’école a repris, il a fallu accueillir toutes les émotions des enfants, leurs besoins d’être rassurés, entourés et accompagnés avec ce tourbillon d’infos COVID.
J’ai aussi changé d’école durant l’été dernier, changé 3 fois de directeurs, quitté mes anciens collègues dans des conditions très spéciales et découvert ma nouvelle école très chouette dans des conditions où nous ne pouvons que nous croiser dans les couloirs (deux adultes dans la même salle n’est pas permis).
Malgré la bonne volonté de tous, je me sens isolée.
Et par dessus cela, les allergies saisonnières battent leur plein et entre yeux irrités, nez bouché et éternuements, je lutte pour trouver de l’énergie….et pourtant j’ai fait attention de prendre soin de moi cette dernière année.
Oui, à l’approche de cette date « anniversaire » du 13 mars, j’ai pris conscience que j’étais essoufflée ! « J’ai juste besoin de reprendre mon souffle ! », disais-je à mon mari. Sentant venir cette grosse fatigue, je me suis écoutée, j’ai préparé 2 jours de remplacement pour ma classe et je suis restée chez moi.
Afin de valider mon absence, j’étais obligée d’aller chez le médecin. Sauf que je n’ai plus de médecin de famille, car j’y vais si peu souvent. Et j’angoisse à l’idée qu’on me teste pour le COVID alors qu’il s’agit juste d’une grosse fatigue liée à une année de science fiction.
J’appelle la permanence médicale de mon quartier et on me donne rendez-vous avec une doctoresse que je connais pas. J’entre dans son cabinet et lui explique ma grosse fatigue liée aux allergies et mon incompréhension autour de cette immense fatigue que je ressens. Je sens les larmes monter, et là, le vase déborde.
Toute mon année se déverse dans son cabinet.
Bienveillante, la doctoresse accueille mes larmes et les valide. Oui, nous vivons des temps très difficiles et elle me dit qu’elle constate que maintenant, une année après, beaucoup de monde vit le même essoufflement que moi. Tous ceux qui ne sont pas tombés avant…
Car oui, nous sommes restés debout : nous avons encaissé, nous nous sommes adaptés, nous avons tenu ferme, jonglant équilibre familial, professionnel et personnel. Mais, j’avais oublié que même lorsqu’un marathonien est bien entraîné, s’il court plus qu’un marathon, il est essoufflé, il doit s’arrêter. Je demande à la doctoresse si elle connaît les Fabuleuses au foyer et elle sourit en me disant que oui, elle connaît. À cet instant, je l’adopte :
Je sais qu’elle sait ce que je vis.
Je lui partage les outils que j’ai mis en pratique grâce au Village (gratitude, la télécommande, mieux connaître son cycle, se faire un petit coin chez soi, se lever plus tôt, boire de l’eau…). La vie m’a placée chez cette doctoresse qui s’est avérée être un ange sur mon chemin. Elle me rassure et m’écrit un certificat d’arrêt d’une semaine. Je la remercie, lui dis que je ne me fais pas de soucis pour moi, que je sais que j’ai les ressources, mais que j’ai juste besoin de souffler.
Je m’apaise, on me donne enfin le droit de souffler : j’ai une semaine de pause… Une semaine pendant laquelle, durant la journée, je serai seule chez moi, histoire de reprendre mon souffle, de m’ancrer dans mes valeurs, de prendre soin de moi, corps-âme-esprit, sans interruption, à MON rythme.
En sortant de chez le médecin, je prends aussi conscience que l’isolement social est ce qui me coûte le plus depuis le début de cette pandémie. De nature sociable, je me ressource avec mes copines. Et je décide que je n’en veux plus, que c’est trop difficile. Je suis prête à ne plus voyager en avion, à rester dans mon pays le temps qu’il faudra pour laisser le COVID s’essouffler, mais continuer à s’isoler n’est plus une option.
J’écris donc le message suivant à quelques copines :
« Je ne sais pas pour vous, mais ça m’effraie comme on s’accommode au fait de ne pas se voir, à cet isolement imposé par nos autorités, mais votre présence me manque terriblement. Chacune a dû s’occuper de gérer sa famille, son cercle intime pour survivre et être équilibrés en ces temps de science fiction. En ce qui me concerne, mon amitié avec vous fait partie de mon équilibre mental et affectif et j’aurai du plaisir à faire une balade ou une activité en plein air…qu’importe…histoire de se reconnecter les unes aux autres. »
J’en ai assez de ces messages vocaux que nous nous envoyons « de peur de déranger », de ces apéros-zoom, et de l’absence, du silence. Cela vient heurter mes valeurs fondamentales du partage, de la chaleur humaine et de l’entraide. J’ai besoin qu’on s’appelle, qu’on prenne du temps les unes pour les autres. Notre survie sur le long terme en dépend aussi, j’en suis certaine.
Ne restons pas isolées !
Je suis « fan » d’Hélène Bonhomme depuis de nombreuses années, depuis le début de son travail auprès des mamans. À chaque fois que le Village était proposé, j’ai hésité à m’inscrire.
Et puis, pendant le confinement il y a deux ans, je me suis lancée et c’est une des meilleures idées que j’ai eues en 2020. Même si j’avais déjà beaucoup d’outils dans mon sac à dos, le Village m’a permis de tenir sur la durée, de me forcer à penser à moi, d’apprendre à mieux me connaître, de rester connectée avec d’autres femmes même si je ne les côtoie pas au quotidien « dans ma vraie vie ».
Ainsi, cette reprise de souffle n’est pas une grosse cassure, juste une pause sur mon chemin. Qu’il est bon de souffler, de savoir que ça va aller, mais qu’il faut juste s’arrêter, respirer, réajuster certaines priorités et aller de l’avant.
À toi qui hésites à t’inscrire au Village, je t’encourage à te lancer.
Cette « formation » est un cadeau qu’on se fait à soi, un geste d’amour pour se dire que oui, on est belle, on est fabuleusement imparfaite mais fabuleusement humaine et ça :
Ça change tout !
Ce texte nous a été transmis par une Fabuleuse maman, Séverine.