Noël approche.
Les enfants démarrent le compte à rebours, vont bientôt pouvoir s’émerveiller du sapin si grand qui trône sur la place, et imaginer ce que le grand barbu habillé de rouge pourrait bien leur amener (enfin, c’est ce qu’on leur raconte)…
Chez nous, Noël revêt une autre dimension : la prise de tête du calendrier.
Nos deux grands partagent leur vie entre leurs autres parents, et nous.
Lorsque mon mari et moi nous sommes rencontrés, nous avons vécu une première difficulté : j’avais ma fille à Noël les années impaires, il avait son fils les années paires. Cela paraît tout bête, mais il a fallu se mettre en phase : mon fabuleux époux a donc dû accepter de sauter « son tour » de Noël, une année, pour que nous puissions fêter notre premier Noël à quatre.
Une fois cet ajustement fait, nous avons aussi rencontré la galère du Noël qui tombe sur le week-end du milieu des vacances : plus pourri, tu meurs. C’est le week-end de transition entre papa et maman. Noël, dans ces cas-là, est un peu amputé pour l’un des parents, car il faut bien que l’ex-conjoint puisse partir et passer une semaine de vacances avec son enfant.
Il y a aussi le planning du nouveau conjoint de l’ex-conjoint, parfois même de l’ex-conjoint du nouveau conjoint de l’ex-conjoint, quand il y a là aussi des enfants…
Vous me suivez encore ?
Ce n’est déjà pas évident de se mettre d’accord avec son mari bien-aimé pour l’organisation de Noël, alors à quatre, voire à six… Bref, je ne vous fais pas de dessins : Noël, chez nous, a été synonyme de sueurs froides pendant plusieurs années.
Pour couronner le tout, les parents de mon fabuleux sont également divorcés.
Vous visualisez ?
Alors pendant quelques années, ça a été chaud pour que chacun puisse vivre Noël dans la sérénité et l’allégresse. Il y avait la tentation de « ne pas se faire avoir » par l’ex ; la tentation d’organiser LE super Noël qui fera VRAIMENT plaisir aux grands (si possible, PLUS que chez l’ex-conjoint) ; l’organisation quasi-militaire pour ne pas offrir les mêmes cadeaux de chaque côté (et si possible, des cadeaux MIEUX appréciés – mais cela, les grands ont très vite su en tirer un parti optimal !).
Et puis tout ce stress a fini par s’atténuer avec l’arrivée des deux derniers lutins.
Certainement parce qu’ils ont rempli notre vie de leurs cris et de leurs rires, et que le manque de nos grands enfants – un Noël sur deux et la moitié des vacances – s’est fait moins douloureux, moins amer. On a appris à moins s’arquebouter sur les dates afin de gagner en sérénité : après tout, nos enfants ne sont pas un gâteau que l’on partage en deux parts strictement égales. Peu nous importe, finalement, que l’autre parent l’ait vingt-quatre heures de plus.
Les Noëls en cascade pour contenter tout le monde et n’oublier personne ? Finis aussi.
Papi, Mamie, et leurs conjoints prendront sur eux et, cette année, c’est tous ensemble que nous fêterons Noël (si toutefois la situation sanitaire le permet), comme dans ces comédies américaines ou les ex-conjoints s’entendent tous – trop – bien. Après tout, ils se sont déjà revus à notre mariage, cela fait jurisprudence. Et puis, on ne va pas infantiliser nos (beaux-)parents et les considérer comme des gamins qui vont se tirer les cheveux ou se mettre des coups de coude dans les côtes en douce.
La sagesse vient avec l’âge, et l’esprit de Noël aidant, tout se passera au mieux.
Et puis, fêter Noël avec un côté de la famille signifie ne pas le fêter avec l’autre côté.
Le but des vacances est de se reposer, pas de se faire exploser la panse à coups de grandes salves de dinde, de treize desserts et de centaines de kilomètres.
Cette année, nous n’aurons pas nos grands à Noël ; ou plutôt, si je reformule positivement, nous les aurons au jour de l’An. Cette année, nous entourerons davantage nos deux petits garçons :
- Faire avec eux des activités adaptées à leur âge ;
- Caresser les lapins à la mini-ferme qui vient chaque Noël dans notre ville ;
- Monter dans le petit train enrubanné qui sillonne les rues…
… toutes ces activités qui ont cessé de captiver nos grands, entrés dans l’adolescence.
En pensée, nous nous réjouirons sincèrement des bons moments que ces derniers passeront de l’autre côté. Et nous nous réjouirons encore plus quand nous les retrouverons, non pas de fêter Noël en retard avec eux, mais de démarrer, tous les six, la Nouvelle Année en beauté.