Il ou elle crie sur les enfants pour un rien, ne les supporte plus, passe son temps à les punir… Comment réagir lorsque son conjoint montre des signes d’épuisement parental ? Dernier volet de mon entretien avec Moïra Mikolajczak, spécialiste du burn-out parental et auteure de Le burn out parental, l’éviter et s’en sortir.
“Voici à quoi vous reconnaîtrez que votre conjoint est épuisé, explique Moïra : il devient plus irritable, est constamment à fleur de peau, se fâche pour peu de choses… »
Le problème, c’est que la personne irritable ne va pas forcément s’en rendre compte, surtout si son mal-être s’exprime par des petites manifestations d’irritabilité.
Autrement dit, il peut être à bout mais ne pas s’en apercevoir !
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La première étape consiste donc à relever, comme un miroir, ces comportements :
- “Tu ne te serais jamais fâché pour ça avant”
- “Tes punitions sont plus sévères”
- “Tu as l’air de mauvaise humeur”
Attention : autant que possible, il faut le faire d’une manière qui ne culpabilise pas l’autre, qui ne ramène pas les choses à soi-même. Autrement dit, bannis les :
“Qu’est-ce qui te prend de crier comme ça pour les enfants” ou les “Arrête de hurler”.
Contentez-vous de renvoyer à l’autre l’image de son irritabilité, en reflétant simplement ces comportements nouveaux, jusqu’à ce que vous ayez l’impression qu’il y a une prise de conscience. Jusqu’à ce qu’il dise par exemple : “oui, c’est vrai”, “oui, ça m’inquiète”.
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Accompagner l’autre vers sa prise de conscience
Votre conjoint est une femme :
De manière générale, la femme a d’abord besoin que l’on reconnaisse les difficultés qu’elle traverse. Même si ce n’est pas naturel pour lui, l’homme doit donc d’abord et avant tout reconnaître l’état d’épuisement de sa femme, valoriser et légitimer cette fatigue : “c’est normal, tu es super maman, regarde ce que tu fais pour les enfants, c’est sûr que tu dois être à bout…”
Votre conjoint est un homme :
Tandis que la femme cherche avant tout à être reconnue dans son ressenti, l’homme a, à l’inverse, besoin de solutions très concrètes. Surtout, ne lui dites pas qu’il est en burn-out parental, cela pourrait atteindre sa virilité et le mettre sur la défensive ! Même si ce n’est pas son réflexe premier, la femme doit donc davantage proposer des solutions concrètes à son conjoint épuisé.
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Se mettre en action et faire quelque chose de concret :
- “Est-ce que tu penses que ça t’aiderait si on partait quelques jours sans les enfants ?”
- “Ou si je prenais en charge telle ou telle tâche ?”
- “Sinon, qu’est-ce qui te soulagerait ?”
L’idée est que la personne elle-même puisse exprimer ce qui lui ferait du bien. Car ce qui nous fait du bien à nous-même n’est pas toujours ce qui ferait du bien à l’autre !
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En dernier recours, engagez votre conjoint à se faire aider par un professionnel.
Encore une fois, rappelle Moïra : il convient d’être toujours attentif à ce que l’idée puisse, autant que possible, venir de l’autre. Car dire “va voir un psy” pourrait bien le vexer et le bloquer tout à fait ! Attention donc, cette étape n’est justifiée que si le conjoint est totalement dépassé et que son comportement est absolument inacceptable: il ou elle casse des chaises ou une table, tape les enfants, pète les plombs d’une manière qui ne lui ressemble plus…
Dans ce cas, il est évidemment essentiel de poser une limite extrêmement claire, par une demande explicite qui ne tolère aucune négociation : “Tu es à bout, je veux que tu ailles consulter”.
Mais encore une fois : ceci est le dernier recours.
Un dialogue respectueux et non culpabilisant est toujours beaucoup plus efficace qu’une sommation !
À lire : Moïra Mikolajczak, Le burn out parental, l’éviter et s’en sortir.