Cette phrase défilait sans cesse dans mes pensées lorsque les émotions de la joie et de l’excitation à l’annonce de cette nouvelle se sont apaisées, et que couchée dans le noir, je me remémorais cette journée d’anniversaire exceptionnelle !
Mon bébé qui venait de souffler ses 27 bougies allait elle aussi donner la vie ! D’ailleurs, elle la portait déjà, cette vie, lorsque toute fière de son effet-surprise, elle avait dévoilé le contenu de son nouveau sac à main : un minuscule body de bébé ! Les cris de joie et de surprise ont retenti pendant de longues minutes, quelle fête !
Mon premier bébé va avoir un bébé, et moi je vais devenir grand-maman !
Ahh… Grand-maman ? Quel bouleversement !
Bien sûr, je m’y attendais depuis un moment, mais là, c’était réel, concret…
Les semaines de grossesse ont défilé, je suivais le développement de bébé de mon côté, par internet. J’avais l’impression que cela me donnait un petit point commun à partager avec ma fille. Comme un point d’ancrage de partage retrouvé, après toutes ces années où l’indépendance du jeune adulte avait gentiment détaché les amarres de l’attachement parent-enfant et rendu notre relation plus superficielle…
En moi se baladaient tour à tour la reconnaissance de vivre une étape différente avec ma fille et aussi des craintes de faire faux, de ne pas faire assez ou trop, ce souci de la voir s’éloigner encore une fois, de ne pas être à la hauteur de ses attentes, ni des miennes d’ailleurs …
Mes émotions jouaient au grand huit durant toute cette période, et j’avoue que j’ai souvent pleuré dans les bras de mon mari face à toute cette inconnue.
Et puis j’ai rencontré une toute jeune grand-maman,
déjà pleine de sagesse pour son âge et qui m’a partagé son vécu avec sa propre fille. Elle m’a encouragée avec ces mots devenus tellement précieux pour moi :
« Tu verras, Sandrine, votre relation va à nouveau grandir, mais cela se vivra tout autrement. Ce sera une véritable relation d’adulte à adulte. Elle va venir à toi, alors laisse-la faire le premier pas. Ne t’impose pas dans sa vie et n’interviens pas dans l’éducation de son enfant, à moins qu’elle ne t’y invite. Elle aura besoin que tu l’encourages, encore et encore ! Alors ne te prive pas ! Encourage-la avec son mari ! Valide leur statut de parents. N’arrête pas de leur dire qu’ils sont de bons parents, qu’ils peuvent se faire confiance et trouver les ressources dont ils ont besoin en tant que tels. »
Ces conseils me semblaient tellement sensés et fonctionnaient pour cette copine, alors je me suis dit : « Pourquoi pas les appliquer ? Je peux bien essayer ! »
Cela n’a pas toujours été facile de se taire
et de ne pas mettre en avant mon expérience de femme qui a eu 6 grossesses et de mère qui a élevé 5 enfants. J’ai souvent pleuré de dépit, lorsque les conseils trouvés sur internet avaient plus de valeur que ceux que j’aurais pu offrir, j’ai essayé de ne pas intervenir et de prier intérieurement lorsque c’était difficile, mais dans l’ensemble, j’ai tenu le cap. Comme je n’avais aucune prise sur le résultat de cette relation, que je ne pouvais pas contrôler ce qui allait se passer ou comment ma fille allait réagir,
j’ai décidé de me concentrer sur mon attitude d’écoute et d’encouragement.
J’ai grandi, mûri et vu qu’au fur et à mesure de ma transformation intérieure, la relation avec ma fille s’est effectivement développée et la confiance intensifiée. J’ai trouvé un certain équilibre entre la frustration de trop s’effacer et la tendance à envahir un espace qui ne m’appartient pas.
Il y aura toujours des hauts et des bas dans cette relation renouvelée par la venue de bébé, mais au fur et à mesure les bas sont moins profonds et je trouve plus de plaisir dans chaque marque de confiance qui valide notre rapport d’adulte à adulte.
Ma grande joie est de voir que mes entrailles ont porté et enfanté cette magnifique jeune femme qui s’est transformée en une femme de plus en plus épanouie dans son rôle de maman et pleine d’une force et d’une nouvelle confiance en soi et en la vie.
Ce texte nous a été transmis par une fabuleuse « grand-maman », Sandrine Sunier.