Il y a quelques jours, je lisais un post Facebook d’une amie, maman solo qui décrivait avec authenticité et humour ses nuits blanches actuelles, remplies de questions, de larmes quand les fêtes et autres voyages scolaires de ses enfants étaient annulés les uns après les autres en raison de la crise du coronavirus et toute la charge qui pèse sur ses épaules, jour après jour, nuit après nuit.
Une petite phrase m’a scotchée, quelques mots qui touchent dans le mille :
« Parce que “on”, c’est toi ».
Être maman, être papa solo c’est aussi le « on devrait » qui évolue en « tu devras ».
- Parce que quand on doit sortir les poubelles ce sera toi…
- Parce que si on doit penser à prendre un RDV ophtalmo pour le gamin, c’est toi…
- Parce que « on devrait remplir la fiche des impôts », ce sera toi…
- Parce que les nuits où les enfants sont malades, c’est pour toi…
- Parce que les questions de retour à l’école ou pas, c’est toi qui réfléchis, te tourmentes, doutes…
- Parce que « faut qu’on pense à commander du mazout », c’est pour toi…
- Parce que « on n’a pas intérêt à oublier la fête d’anniversaire de la miss », c’est encore toi …
- Parce que la pile de linge à plier c’est… eh oui, c’est toi, sauf si tu délègues, alors « on va déléguer », ce sera aussi pour toi !
- Parce que la sortie du bain c’est encore toi, le traitement des poux aussi, parce que « on aurait bien besoin de vérifier la pression des pneus », c’est tout simplement pour toi.
- Parce que les frais d’inscription à l’université de ta grande miss et le matériel de base de formation du deuxième, c’est toi qui cherches à joindre les deux bouts pour les payer.
- Parce que « on devrait faire réparer le lave-vaisselle », ce sera toi qui chercheras l’ouvrier qui a du temps le plus rapidement possible, sinon, ce sera toi qui…
- Parce que les câlins du soir au petit dernier, quand tes yeux piquent de sommeil c’est pas « on » qui le fera, ce sera toi… et ce, tous les soirs…
- Parce que le léger « on doit penser à appeler granny », ce sera aussi toi, entre deux bâillements, quelques tasses de café tiède et un bout de chocolat piqué en cachette dans les placards.
- Parce que s’il n’y a plus rien dans le frigo et qu’« on devrait faire des courses », ben ce sera encore et toujours toi, en plus des repas, des goûters, des miettes à ramasser et de la table à nettoyer…
- Parce que « on devrait changer la couche du petit », ce sera indéniablement toi….
Alors, oui, parfois l’ex-conjoint(e) est super motivé et aide vraiment bien, je sais… mais parfois pas et c’est le cas de mon amie.
Je lisais ses mots et mon cœur se serrait, ma gorge aussi.
Est-ce de la pitié qui monte en moi ?
Non, parce que quand je vois le sourire de ses enfants, quand je réalise que cette maman déplace des montagnes pour eux, quand je lis les blagues qu’elle écrit, je n’ai ni pitié pour elle, ni reproches, j’ai de l’admiration sincère, l’envie de la serrer dans mes bras et de lui dire :
« Purée, mais tu donnes tout et tu le donnes si bien, si véritablement et de manière si constante ! »
J’ai envie de regarder ses enfants et de leur dire :
« Pas mal du tout votre maman, hein ? »
Mais j’ai aussi cette terrible envie de pouvoir lui murmurer dans l’oreille, le soir quand les larmes coulent :
« Demain sera un autre jour, pleure, c’est bon, laisse couler. Et puis essaie de te reposer un peu, respire, en fait tu gères hyper bien, tu le sais, ça ? »
Et la nuit, quand la panique monte, j’aimerais poser une main sur son front et lui chanter une berceuse pour apaiser son âme fatiguée, tourmentée et si lourde du lot quotidien qu’elle porte.
J’aimerais pouvoir l’aider aussi, un peu, m’assurer qu’elle a du temps pour souffler MAIS je suis loin – 500 km au moins – avec une réalité à gérer ici aussi. Et si chez moi déjà, la pandémie double inlassablement les choses à gérer au jour le jour, je sais que pour mon amie, ce virus démultiplie et complexifie chacune de ses journées.
Parce que comme beaucoup de mamans et de papas solos, le confinement signifie mettre un quotidien géré sur le fil en déséquilibre et y rajouter une tonne de nouveaux challenges (ou deux tonnes et demi si parmi leurs enfants ils ont aussi un enfant à particularité : un enfant dont le confinement fait exploser les habitudes, les apprentissages, les repères,…).
J’aimerais avoir une baguette magique et fournir à mon amie 6 bras de plus, des journées de 36 heures, une force de titan et un compte en banque rempli à souhait.
Mais rien de tout cela n’augmentera la quantité d’amour, de bienveillance, de soutien, de compréhension, de joie, de rires, de moments savoureux qu’elle donne si généreusement à ses enfants :
Parce qu’elle donne déjà tout et bien plus encore.
Mamans solos, fabuleuses mamans solos, on sait que vous donnez tout à en faire péter votre système interne, on sait que vous jonglez entre de multiples tâches en repoussant chaque jour vos limites, on sait que vous finissez allongées, vidées, claquées sur votre lit, à vous demander comment vous tiendrez encore un jour de plus dans cette situation de corona-merde… et on sait, et on voit que vous vous levez le matin et que vous reprenez le combat là où vous l’avez laissé.
Le combat ? La valse ? La folie du quotidien ? Le conte de fée ? Le cauchemar ? Vous continuez en tout cas la vie et on vous dit : « Merci d’oser ce défi, pour tes enfants, pour toi, parce que tu n’as pas le choix ».
Je vous tire mon chapeau !
Et je murmure à mon amie : « Merci, tu es si Fabuleuse, ne cache pas tes larmes, elles sont précieuses, et si un jour, la vie te met un temps au tapis, on sera là pour nous asseoir à côté de toi et te rappeler tout le merveilleux que tu as déjà mis au monde, tout le beau que tu as semé, arrosé et aidé à pousser ».