Il est quatre heures du matin. Une douleur sidérante me tord le ventre. C’est un peu comme ressentir des contractions sans être enceinte. La première chose qui me passe par la tête, c’est :
« Si ça continue, comment je fais avec les enfants ? »
Quand on me parle de maman solo, c’est vrai que j’ai parfois envie de demander : « Solo-solo ? Ou solo en garde alternée ? ». Le père de mes enfants est reparti vivre en Argentine, autant dire que la garde alternée n’était pas une option. Je suis d’ailleurs triplement solo, parce que ma famille est loin aussi : je suis espagnole et je vis en France depuis des années, loin d’eux. C’est un choix qui me convient très bien, mais cette nuit… C’est la panique.
Maman simplement, doublement, triplement solo ou pas du tout, à ce moment-là, je crois que tu me comprends de toute façon :
ta douleur passe au second plan. Tu commences à lister à toute vitesse qui, dans ton groupe d’amis ou ton voisinage, peut t’aider et comment… Qui se lève tôt et peut emmener tes enfants à l’école avant d’aller travailler ? Et si tu restes aux urgences toute la journée, qui peut aller les chercher ? Et si tu trouves quelqu’un de disponible, comment te débrouiller pour que l’école laisse tes enfants partir avec quelqu’un qui ne figure pas sur la liste des personnes autorisées à aller les chercher ?
C’est un casse-tête que tu dois résoudre maintenant, dans le noir, avec le ventre qui te fait souffrir comme jamais.
Lorsque ce problème est résolu, tu te souviens que tu dois appeler le travail pour prévenir de ton absence. Ensuite, il faudra que tu te lèves, que tu trouves la force d’aller chez le médecin, seule, car il est probable que la seule personne disponible pour toi soit déjà occupée à gérer tes enfants. Il va falloir te débrouiller.
Je te livre la chute de l’histoire, en ce qui me concerne : j’ai trouvé quelqu’un qui s’est occupé de mes deux enfants, j’ai réussi à arriver entière aux urgences et aujourd’hui je t’écris depuis mon lit d’hôpital. Je partage avec toi cette expérience de totale vulnérabilité au nom de toutes ces mamans qui, face à l’adversité du quotidien et quelle que soit leur situation, arrivent à trouver une solution. Pendant que j’écris, mes enfants vont bien. Mes amis s’occupent d’eux pendant cette courte période et quand je rentrerai chez moi, il y aura tout un groupe de personnes qui se sont déjà organisées pour m’aider à gérer cette situation durant le temps de ma rééducation.
Ce que je traverse m’a permis de réaliser que :
1. Être maman est plus fort que n’importe quelle situation ou état. C’est un super-pouvoir.
2. En tant que maman solo, je m’aperçois que je ne suis pas si seule : j’ai construit ma tribu. Pour moi, l’amitié est comme une plante, et je l’arrose pour que mon jardin soit fleuri.
Courage, chère Fabuleuse qui connaît peut-être une grosse galère en ce moment-même !
Au bout du chemin, la lumière t’attend… Le sourire de tes enfants, quand ils voient que tu es fière de la façon dont tu réussis à surmonter un obstacle, ça n’a pas de prix.
Ce texte nous a été partagé par une fabuleuse maman, Raquel.