« Maman, maman, c’est plutôt salé ». Ma fille fait la grimace en léchant le bout de son doigt après avoir goûté les grains blanc restés sur la table. Dubitative et de mauvaise foi, je m’écrie : « Mais non, c’est sucré, S-U-C-R-É ». Et je pense tout bas :
« Étrange ! À 8 ans, elle devrait quand même savoir la différence entre le sucre et le sel, non ? ».
Mais quelques minutes plus tard, c’est bien moi qui recrache mon pudding dans le bol et qui préviens mes filles :
« Non, ne mangez surtout pas ! Maman a confondu le sel et le sucre ».
Et d’un seul cœur, les filles s’exclament : « Encore !?! ».
Oui, encore !
16 ans que je suis mariée, et 20 ans au moins que je fais des catastrophes en cuisine (mes anciens collègues pourraient vous parler de la soupe aux tomates dans laquelle j’avais par inadvertance mixé une peau d’orange – immangeable – ou encore du pot de confiture fraîchement rempli que j’ai retourné pour faire un appel d’air sans l’avoir bien fermé avant).
« Papa, maman a encore mis du sel dans le pudding au chocolat ! »
Je vois le regard à peine étonné de mon mari qui, depuis que j’ai failli faire exploser le four à micro-ondes, m’a imposé une « interdiction de cuisiner ».
Un peu gênant mais très pratique :
c’est lui qui a pris le relais et il aime ça. Quand je m’aventure dans la cuisine, il ne manque jamais de me demander en souriant :
« As-tu bien suivi les instructions ? »
« Ben oui, presque… »
Oups, j’ai juste augmenté la température du four de 80 degrés pour que le gâteau d’anniversaire d’Emma cuise plus vite (il est donc devenu noir en dehors, cru en dedans).
Parfois, il entre dans la cuisine et me dit : « Rebecca, pose ce couteau tout de suite et prends-en un plus petit ». Ok, prendre le plus grand couteau pour couper des pommes en tranches fines, ça fait peur, surtout qu’il m’a toujours fait remarquer que je ne tiens pas mon couteau convenablement et ai une dangereuse tendance à laisser mes doigts dépasser.
Je l’ai déjà entendu me murmurer :
« Rebecca, on peut aussi utiliser son cerveau, dans cette pièce ».
Je ris avec lui parce qu’il a tellement raison de me dire cela. Un jour, mes filles étaient si étonnées que mon repas soit bon qu’elles se sont exclamées : « Maman, c’est bon ! Il faut absolument que tu postes ça sur Facebook ! »
Bref, si j’ai fait de gros progrès ces dernières années (on ne peut pas toujours faire des raviolis quand son mari est absent), j’ai gardé une longue liste d’histoires drôles qui viennent toujours à point nommé lorsque je veux amuser la galerie.
Et puis, j’ai développé une technique très efficace pour m’en sortir lorsqu’il s’agit d’apporter quelque chose à manger à un repas convivial, à l’anniversaire d’amis ou encore aux fêtes d’école de mes filles :
J’ai mes 3 recettes préférées, garanties 100% réussies.
Ok, d’accord, réussies si je me concentre sur ce que je fais, que j’éteins Facebook, Insta et mes mails et que je cache le sel s’il n’en faut pas dans ma recette. Je suis devenue experte internationale en tresse suisse (pain brioché), en tarte aux pommes (la tarte que faisait déjà ma maman quand j’étais petite) et en biscuits de Noël à la confiture (en allemand, les Spitzbube). Mais avant de comprendre que se limiter à une recette pourrait m’être salvateur, j’ai tenté régulièrement de faire des biscuits de Noël avec mes filles.
Laissez-moi vous partager les trésors de sagesse gagnés lors d’une dure bataille avec deux jeunes enfants dans la cuisine et l’espoir d’impressionner tout le monde avec nos biscuits de Noël faits maison.
Si tu fais partie des Fabuleuses qui aiment beaucoup être dans la cuisine avec leurs enfants, n’en attrapent pas des sueurs froides et peuvent même savourer ces moments en famille, tu n’as probablement pas besoin de mes conseils et sache que je t’admire ! Vous êtes des héroïnes (mais bon, ça, on l’est toutes, au fond) ! ?
Règles de base
…à ne pas oublier quand tu fais des biscuits de Noël avec tes enfants :
- Il est préférable de choisir la recette des biscuits avant de commencer à cuisiner (avant même de promettre à tes enfants que vous allez faire des biscuits ensemble). En fait, tu peux même choisir la recette avant d’aller faire les courses, comme ça tu n’es pas tributaire des ingrédients présents dans le frigo (« Ok, quels biscuits n’ont besoin ni de pâte d’amande, ni de sucre brun, ni d’œufs, ni de zeste de citron… ? »).
- Achète du beurre en quantité suffisante : tu n’auras pas besoin de prier pour la multiplication du beurre en ouvrant la porte du frigo (je ne résiste pas à l’envie de te partager la joie qui fut la mienne lorsque j’ai retrouvé le reste du vieux paquet coincé derrière le paquet de fromage au fond de l’étage du haut).
- Évite de dire à tes enfants en les fusillant du regard : « Non, il n’est pas question que vous touchiez à la pâte à biscuits, après on en aura partout ! » (Surtout si à la base tu voulais faire des biscuits avec eux et pas seule).
- Ah oui, rassure-toi, pas la peine de nettoyer la cuisine le matin même : c’est une perte de temps absolue, surtout (voir points 3, 5 et 8)…
- …surtout si tu laisses tes enfants seuls face aux pépites de chocolat et autres décorations colorées minuscules que tu retrouveras jusque dans leurs chaussettes (même si tu ne quittes la pièce que quelques minutes pour demander à tes amies si on décore les biscuits avant ou après la cuisson. N.B. : Oui, il y a des gens qui se renseignent avant de commencer !).
- Vérifie l’heure qu’il est quand tu mets les biscuits au four, ou utilise tout simplement le nouveau minuteur que tu as acheté dernièrement (encore faut-il y penser). Sinon, tu risques de brûler les calories plus vite que prévu.
- Si tu n’as pas prévu de faire des couques de Dinant (biscuit belge le plus dur que j’aie jamais goûté, qui se préserve une éternité mais qu’il ne faut jamais essayer de croquer, c’est presque du granit), alors sors tes biscuits à temps du four pour éviter qu’ils soient trop durs (je précise ici que ça n’est même pas la peine de partir étendre une lessive, passer à la poste ou téléphoner à ta sœur : ça cuit toujours bien plus vite que prévu).
- Et puis, quand enfin tu as remis ta cuisine dans un état habituel (très rangé, pas très rangé, avec ou sans sol collant, à toi de voir) et que tu fermes le lave-vaisselle, soulagée d’avoir rempli ton devoir de « maman qui veut absolument faire des biscuits avec ses enfants même si elle y perd quatre nerfs et demi par quart d’heure », ferme bien ton lave-vaisselle ! N’oublie pas de vérifier si une spatule ne s’est pas malencontreusement bloquée dans la porte et t’empêche de fermer ton lave-vaisselle convenablement…. Sinon, à toi le prochain nettoyage de cuisine (oui, c’est du vécu).
Bref, les biscuits de Noël sont à savourer… avec modération ^^
Courage (fuyons ?) !