Ma philosophie des toilettes - Fabuleuses Au Foyer
Vie de famille

Ma philosophie des toilettes

Irène Dautrey 12 avril 2020
Partager
l'article sur


Il y a un moment de ma journée que je savoure tout particulièrement, notamment quand mon mari est absent et que je m’occupe seule de mes trois garçons (tous les mercredis et samedis) : le petit tour aux toilettes.

Sitôt entrée et la porte barricadée, je m’assois sur le trône avec un soupir de soulagement : trois minutes (voire plus si affinités) pour moi toute seule.

Je prépare ce moment avec délectation, et suis capable de le retarder pour pouvoir vraiment en profiter : prendre le temps d’aller aux toilettes quand on est seule avec trois garçons déchaînés, c’est essentiel. 

Deux règles sont à respecter : 

1. Choisir avec soin le bon moment (non, il n’est pas soumis à ma biologie interne) : 

  • Soit quand les enfants sont calmes : ils lisent, ils jouent dans le jardin. J’ai la paix assurée, mais autant profiter de ce moment pour me poser dans le canapé et boire mon café, non ?
  • Soit quand ils sont totalement surexcités : la fin du repas tourne à la foire, la nourriture vole, les hurlements me percent les tympans. Ou bien ils sont en train de faire un parcours du combattant sur les canapés du salon en poussant des cris d’indiens. Bref, il est urgent et même vital de m’extraire de ce brouhaha. C’est le moment que je choisis en général.

2. Le choix du matériel (non, le papier toilette ne suffit pas !) 

Il est très important qu’aller aux toilettes soit un véritable moment de repos et de relaxation. Pour cela, il me faut, au choix : 

  • Un bon bouquin dont la fin du chapitre me tient en haleine depuis la veille.
  • Un magazine à feuilleter (sujet souhaité : le Megxit ou tout autre suffisamment futile).
  • Un téléphone portable (pour consulter le dernier Mail du matin d’Hélène Bonhomme, répondre aux messages de mes copines…)
  • Un ouvrage à poursuivre (tricot, broderie, tout est possible !)
  • Un poster collé sur la porte des toilettes, et que j’aime bien observer car il me fait voyager.

Il se peut aussi que j’aie simplement envie de laisser mon esprit vagabonder. Je tente de m’extraire des bruits qui me parviennent de la maison. Je pense à des choses agréables, aux vacances, aux odeurs du printemps, au gâteau au chocolat que je cuisinerai toute à l’heure.

Vous l’aurez compris, aller aux toilettes est un véritable rituel

C’est un moment de grâce dans ma journée survoltée, où le temps se suspend et n’appartient qu’à moi. J’en ressors apaisée, détendue, prête à aller constater calmement le désastre qui m’attend dans la cuisine ou le salon (bon évidemment, j’exagère un peu l’effet sédatif de cette petite pause). 

Parfois, bien sûr, les choses ne se passent pas comme prévu. Je suis dans les toilettes, dans ma bulle, jusqu’à ce que : 

  • Mon petit dernier tombe et se cogne. Il hurle. 
  • Mon second et mon aîné commencent à se battre. Je les entends rouler par terre en se traitant de « gros caca boudin », ou de « sac à crottes »
  • Les trois tambourinent à la porte en criant. Je suis comme enfermée dans une caisse de résonance.
  • Au contraire, je n’entends plus un bruit. C’est suspect.
  • Ils ne savent pas où je suis (je me suis bien gardée de leur dire pour être plus tranquille), et ils me cherchent partout, désespérés. Je ne voudrais pas non plus les traumatiser.
  • Certaines fois aussi, ils tentent de petites originalités : dernièrement, ils ont vidé le tiroir à couverts et les ont passés un à un sous la porte (j’ai bien ri). 

Dans chacun de ces cas de figure, une question s’impose :

« Ce qui est entrain de se passer à l’extérieur de ces toilettes vaut-il la peine que j’en sorte prématurément ? »

Parfois la réponse est oui, parfois la réponse est non. Soit je m’isole encore plus dans ma bulle, tâchant d’ignorer ce qui ne me semble pas tenir de l’urgence vitale, soit je suis obligée d’abréger, à regrets. Bref.

Aller aux toilettes, en tant que maman, c’est la vie.

Mieux encore que de prendre sa douche. C’est un moment que PERSONNE ne peut m’empêcher de prendre pour moi, puisqu’il est universellement obligatoire pour tous, et ce plusieurs fois par jour.

Aller aux toilettes, c’est une philosophie. Ma philosophie. Ma philosophie des toilettes.



Partager
l'article sur


CHÈRE FABULEUSE
Le mail du matin
Les aléas de ta vie de maman te font parfois oublier la Fabuleuse qui est en toi ? Inscris-toi ici pour recevoir chaque matin ton petit remontant spécial maman ! Une piqûre de rappel pour ne pas oublier de prendre soin de toi, respirer un grand coup et te souvenir de ton cœur qui bat. C’est entièrement gratuit et tu peux te désabonner à tout moment.


Cet article a été écrit par :
Irène Dautrey

Mariée depuis 2013, je suis maman de trois garçons et d'une fille nés
entre 2014 et 2020. J’ai suivi avec passion un parcours littéraire et suis professeur d’histoire. Ayant commencé ma vie de maman à 21 ans, je me suis très tôt intéressée à la question du féminin et de la maternité, ce qui me conduit  à écouter et conseiller de nombreuses amies qui deviennent mamans à leur tour.

> Plus d'articles du même auteur
Les articles
similaires
illustration enfant qui apporte des fleurs à sa maman
À nos mères
À nos mères, qui nous ont attendues, sereines ou en panique, avec ou sans le soutien de nos pères, qui[...]
maman joue avec son enfant
Un mercredi sans crier : tu veux ma recette ?
J’ai abandonné les bonnes résolutions prises dans l’euphorie du passage à la nouvelle année. Elles s’évaporent aussi vite que les[...]
maman au Liban
Fabuleuses sans frontières : Être maman au Liban
Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de me rendre au Liban. J’y ai rencontré Sandra, maman de deux[...]
Conception et réalisation : Progressif Media