D’une main, je tiens le guidon. De l’autre, je supprime des photos sur mon Iphone. C’est bon, j’ai de nouveau assez d’espace de stockage pour mitrailler l’horizon. Nous sommes à 67 mètres au-dessus de l’océan, à la jointure du Pacifique et de la baie de San Fransisco. Roman, qui n’a pas l’air de réaliser l’ampleur de l’événement, dort dans le siège arrière.
Je m’arrête tous les 10 mètres pour prendre des photos de down town San Fransisco. Fait rare, le ciel est sans nuages et la baie sans brouillard. Au loin, j’aperçois Alcatraz. Je m’extasie devant la magnificence de l’énorme structure de métal rouge.
La traversée du Golden Gate Bridge. À vélo !
Soudain, un autre 2 roues me dépasse avec une rapidité fulgurante. C’est mon Fabuleux qui, sans même se retourner, hurle plus fort que le bruit du vent et des voitures : « J’AI TROP LE VERTIGE ! JE TRACE ! ON SE RETROUVE DE L’AUTRE CÔTÉ ! »
London city. Des shows à couper le souffle, de la musique sensationnelle, une ambiance girly au possible : la Colour Conference bat son plein. Une phrase résonne dans ma tête.
«Love is on the way» : «L’amour est EN route». Quand je vais mal, je me dis que l’amour veille sur moi et que le secours ne va pas tarder à arriver. Tout ira mieux, ce n’est qu’une question de temps. Bientôt tout s’arrangera. Un jour j’y arriverai. Un jour j’aurai surmonté tout ça.
Sauf qu’on peut comprendre la phrase autrement.
«Love is on the way» : «L’amour est SUR la route». Il n’est pas sur la ligne d’arrivée. Il ne m’attend pas de l’autre côté du pont. Il n’attend pas que je sois parfaite. Je n’ai pas besoin de pédaler plus vite pour le trouver. Il est déjà là, avec moi. Sur le chemin. Au milieu du pont. Il m’accompagne, il me garde, il m’emmène plus loin.
L’amour est SUR le chemin. Et ça change tout !
«Quand les enfants seront grands, je pourrai enfin…» «Si je parviens à devenir moins susceptible, j’arriverai enfin à…» «Quand mon couple ira mieux, alors je…»
On se met la pression, on veut y arriver, on veut être parfaite. On veut passer de l’autre côté de la baie. On se dit que quand on sera comme ci et qu’on fera comme ça, tout ira mieux. On se concentre sur le résultat final.
On ne pense qu’à la ligne d’arrivée. On oublie qu’en fait, tout est dans le processus. Tout se passe sur le chemin.
«Love is on the way». La route, c’est pas toujours drôle. Les ponts, c’est pas toujours simple. Parfois c’est dur, parfois c’est long. Mais c’est là qu’on est. Alors vivons-y à fond !
Merci à Bobbie Houston pour la révélation et merci à Cheryl et Amanda pour le tour à vélo le plus extraordinaire de ma vie !