L’histoire que je me raconte - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

L’histoire que je me raconte

Hélène Bonhomme 25 février 2021
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« J’ai la tête qui éclate, j’voudrais seulement dormir »

2014. Dans l’histoire que je me raconte, je suis tombée dans la mauvaise comédie musicale : mes jumeaux de 18 mois ont trouvé comment sortir de leur lit à barreaux, autant dire que mes nuits sont hachées plus que jamais. Quand ils se rendorment enfin, c’est moi qui n’arrive plus à dormir, parce que je pense. Je pense beaucoup trop, et beaucoup trop mal, à tout ce que je devrais faire et à tout ce que je devrais être. Comme Atlas, je porte le poids du monde sur mes épaules — mon sac à dos est rempli de cailloux, de tubes de dentifrices et de paquets de café. 

Dans l’histoire que je me raconte, « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’emmerdes. » C’est une histoire où je ne suis jamais assez bien pour l’homme de ma vie, et où lui non plus n’est jamais au niveau pour me rendre heureuse.

Dans l’histoire que je me raconte, je suis une princesse pourrie-gâtée, un peu tête à claques, qui a la vie dont elle avait toujours rêvé, mais qui ne sait pas en profiter. Beaucoup trop râleuse, elle fait payer à ses enfants sa propre insécurité intérieure. Son instabilité émotionnelle fait d’elle ce qu’elle appelle une “mauvaise mère” : la marâtre qu’elle avait justement prévu de ne jamais devenir.

Dans l’histoire que je me raconte, je suis une maman en congé en parental qui n’a “que ça” à faire de s’occuper de ses enfants, alors pourquoi elle n’y arrive pas ?

Dans l’histoire que je me raconte, je ferais bien d’arrêter tout de suite ce site internet des Fabuleuses que je viens de mettre en ligne. Je passe mes journées à crier, et mes soirées à pleurer parce que j’ai crié toute la journée, alors pour qui je me prends ? Je n’ai vraiment aucune leçon à donner à personne.

Dans l’histoire que je me raconte, je passe à côté de ma vie et je voudrais parfois « m’étendre sur l’asphalte, et me laisser mourir. »

2022. J’ai encore plus d’enfants, encore plus de cernes, encore plus de responsabilités. Je cours constamment derrière ma to-do-list (si bien que je ne l’ai jamais rencontrée face à face) et je ne me souviens plus de la dernière fois où je me suis sentie fraîche comme la rosée du matin.

Pourtant, dans l’histoire que je me raconte, je suis la “Girl on fire” d’Alicia Keys (car tu l’as compris, dans l’histoire que je me raconte, je sais chanter ^^ et ma vie est un karaoké).

Dans l’histoire que je me raconte, j’ai une flamme qui brûle à l’intérieur. Alors oui, je suis toujours aussi débordée et chez moi, ça sent très souvent le roussi. Mais j’ai commencé à me raconter une nouvelle histoire, une histoire où mes plus grandes imperfections sont mes plus belles inspirations.

Dans l’histoire que je me raconte, ce n’est pas évident d’être maman de 4 enfants tout en gérant une communauté qui emploie 10 personnes à plein temps. Mais dans l’histoire que je me raconte, je fais un bras d’honneur aux préjugés qui voudraient nous enfermer, nous les mamans d’aujourd’hui, soit dans la case de la mère au foyer dépitée, soit dans celle de la working mum sans cœur. Dans l’histoire que je me raconte, je tâtonne, j’expérimente, je teste, j’invente mon propre modèle, celui qui correspond à ma vie et à mes aspirations — et je sais qu’à tout moment, je peux réajuster mes choix car dans l’histoire que je me raconte, j’ai le droit de me tromper, j’ai le droit d’apprendre, de progresser et de grandir.

Dans l’histoire que je me raconte, je brise le plafond de verre qui était dans ma tête — et je le fais pour mes filles. Dans cette histoire-là, je m’aime telle que je suis et je sais que c’est le plus beau cadeau que je puisse glisser dans le balluchon qu’elles emporteront dans leur propre grande aventure.

J’ai toujours les mêmes galères.

Il y a toujours des portes qui claquent. Je m’endors toujours tout habillée, comme une masse sur l’oreiller, pour me réveiller en panique au milieu de la nuit, en pensant à ma to-do-list qui s’allonge plus vite que je n’en coche les cases, et au fait que personne n’a pensé à racheter du PQ.

Mais entre-temps, j’ai changé l’histoire que je me raconte. Je suis passée entre les mains de plusieurs thérapeutes et j’ai compris ceci :

rien dans ma vie n’a un sens, si ce n’est le sens que JE décide de donner aux événements de ma vie.

« Je ne survivais pas. Je me préparais. » 

C’est la réponse qu’a donnée Nelson Mandela, lors d’un entretien avec Tony Robbins qui lui demandait comment il avait fait pour survivre à 27 années de captivité. « I didn’t survive. I prepared. »

Quand tu traverses une situation difficile (et ça nous arrive à toutes, tout le temps) c’est à toi de décider du sens que tu veux donner à cette expérience. En fait, la signification que tu vas donner à ce que tu es en train de vivre, c’est précisément ce qui va contrôler ta vie (et on connaît le résultat, concernant Nelson Mandela).

Comme le dit Brené Brown, “shit happens”. Les merdes font partie de la vie. Leur présence ne signifie pas qu’il y a forcément un coupable : en t’auto flagellant, tu perds ton temps. 

J’ai toujours eu une tendance naturelle à donner un sens négatif aux événements — et ce faisant j’ai toujours conforté ma croyance que la vie est dure. C’est au cours de mes 11 dernières années de mariage que j’ai découvert qu’il était possible de donner une toute autre interprétation à un même événement. Là où mon réflexe est de penser « Pourquoi ça tombe encore sur moi ? », David se demande toujours en quoi telle difficulté peut devenir une opportunité d’apprendre et de grandir. Et j’aime ça chez lui !

Chère Fabuleuse, rien dans ta vie n’a un sens, si ce n’est le sens que tu décides de donner aux événements de ta vie. Sur le moment, chaque difficulté peut paraître insurmontable et insensée. Mais à l’échelle d’une vie, tu réalises que chaque épreuve t’a amenée à être la personne que tu es aujourd’hui.

Tu me diras que se raconter des histoires, c’est un peu de la fabulation… Eh bien oui, justement, c’est ça aussi, être Fabuleuse 😉 Et c’est là toute la magie : même si l’histoire n’était pas vraie à la base, elle le devient.

Parce que nos pensées créent notre réalité.

Voilà pourquoi chaque matin au réveil, je me raconte l’histoire d’une fabuleuse maman qui fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a, qui se pardonne souvent, et qui sait célébrer ses victoires. Cette habitude n’a rien changé aux événements de ma vie… et pourtant, elle a changé toute ma vie.

Chère Fabuleuse, c’est toi qui as le micro, c’est toi qui as le stylo ! Tu peux devenir plus consciente de ton dialogue intérieur, et l’utiliser à ton avantage.



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journal Hélène

Cet article a été écrit par :
Hélène Bonhomme

Fondatrice du site Fabuleuses au foyer, maman de 4 enfants dont des jumeaux, Hélène Bonhomme multiplie les initiatives dédiées au bien-être des mamans : deux livres, deux spectacles, quatre formations, la communauté du Village, une chronique sur LePoint.fr et un mail qui chaque matin, encourage plusieurs dizaines de milliers de femmes. Diplômée de philosophie, elle est mariée à David et vit à Bordeaux.

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