Leurs succès ne sont pas nos échecs - Fabuleuses Au Foyer
Dans ma tête

Leurs succès ne sont pas nos échecs

succès échecs maman
Rebecca Dernelle-Fischer 30 août 2021
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Je ne sais pas si j’ai plus horreur des mauvais perdants ou des mauvais gagnants. Vous savez ? Ces joueurs qui à la fin d’un jeu pourront bien vous dire, soit :

« J’ai gagné mais vraiment, à la base, j’avais de super mauvaises cartes, j’ai tout donné et j’ai vaincu malgré tout »,

Soit :

« Tu as gagné par chance, tu avais les meilleures cartes en main ».

Bref, qu’il gagne ou qu’il perde, il orientera son focus de compréhension en fonction. S’il gagne, c’est toujours grâce à lui, s’il perd, c’est toujours à cause du contexte.  

Vous connaissez cette manière de faire ?

À l’université, un professeur nous avait expliqué ce concept à travers la question du focus interne ou externe. Il avait pris l’exemple des examens. Si un ami échoue à son examen, on aura tendance à l’expliquer par un facteur interne — « il n’avait pas assez étudié » — alors que si on échoue, on dira peut-être plus facilement « oui mais l’examen était vache, certaines questions n’étaient pas claires ».

Et on pourra tout aussi bien dire, en cas de réussite, que notre ami a réussi par chance (les questions étant supers faciles : facteur externe), mais que nous, on s’est bien préparé, ce qui explique notre succès (facteur interne).

L’être humain est ainsi fait : il est en quête constante de sens, d’explications.

Nous avons besoin de comprendre ce qui nous arrive, les tenants et aboutissants, quitte à faire des conclusions hâtives. On pense analyser de manière bien objective alors que notre regard est forcément subjectif. Nous construisons presque par réflexe les explications pour les choses que nous voyons, entendons, vivons. C’est quasi un automatisme, on compare, on explique, on juge même, sans que ce soit complètement volontaire.

Cela se passe aussi sur les réseaux sociaux. Même si on ne veut pas se comparer aux autres, notre cerveau va plus vite que nous et il compare en quelques secondes, de manière inconsciente, ce que nous y voyons à ce que nous vivons/sommes. Tout en oubliant que sur les réseaux sociaux, nous ne percevons que quelques miettes très bien choisies de la vie de l’autre.

Oui, nous comparons tout le temps, et ce de manière involontaire.

Dans nos têtes, les éléments se mélangent, les facteurs internes et externes, leurs vies et nos vies. Autant on peut penser que l’autre a réussi par chance, autant on pense aussi souvent l’inverse :

« Je n’y arrive pas parce que je suis nulle »,

« Gérer le quotidien de maman, tout le monde y arrive, c’est faisable, mais moi, je suis une grosse ratée et si je n’y arrive pas, c’est que c’est de ma faute ».

Là, on met tout le focus sur le facteur interne et on oublie les facteurs externes. Parce que oui, la tâche est méga lourde et super difficile.

Et si tu ne faisais pas moins bien que les autres ? Et si les images que les autres montraient n’étaient qu’une toute petite partie d’un paysage bien plus complexe? Je suis persuadée que même dans une décharge publique, un bon photographe saurait vous faire croire que c’est l’endroit de rêve. Il suffit d’un angle bien choisi, d’une fleur sauvage, d’un reflet de soleil dans un miroir brisé.

Il faut bien dézoomer pour voir le contexte.

Il faut dézoomer des photos esthétiques d’insta pour lever les yeux et réaliser que le normal est autre. J’aime beaucoup m’arrêter sur un banc pour regarder les gens passer. Cela me rappelle que la normalité est bien moins habillée, maquillée, énergique, chic, que ce que mon smartphone me donne à croire.

Chère Fabuleuse,

Oui, on compare et on interprète dans un premier temps de manière automatique et inconsciente. Et oui, on juge nos vies en fonction de celle des autres et nos échecs aux “reflets” des succès des autres. Comme si ce qu’ils avaient atteint me parlait de ce que je n’avais pas encore réussi. Moi aussi, il m’arrive de penser « Merde, il sait déjà lire, ma fille sait à peine déchiffrer l’alphabet » (et je me couvre de reproches parce que forcément, j’aurais dû faire bien plus d’efforts).

Mince quoi ! Mais utilisons un peu nos zooms !

Nous pouvons prendre du recul face à ce réflexe et aux résultats de nos tergiversations. Si nous reconnaissons ce biais de lecture, on peut enfin faire quelque chose contre. On peut rectifier le tir. Tout comme un bon archer peut compenser la force du vent pour atteindre la cible, nous pouvons aussi agir contre nos réflexes :

  • En nous rendant compte que nous comparons de manière spontanée et automatique.

Le savoir permet de réagir à cette tendance. On peut décider d’éviter les images qui sapent notre amour propre et notre bienveillance envers nous-même. Si un compte insta, un magazine beauté, une émission télé ou autre te laisse un arrière-goût amer ou insatisfait de toi-même, ne cherche pas plus loin, évite-les, c’est vraiment la méthode la plus efficace. Si on remarque qu’on n’arrive pas à relativiser la comparaison, alors pourquoi ne pas faire un gros détour pour contourner les images qui nous enfoncent dans des humeurs négatives.

  • En nous rendant compte qu’on utilise des lentilles différentes que les autres pour lire nos échecs ou nos réussites.

Non, si tu ne réussis pas tout ce que l’autre fait, ce n’est pas parce que tu es une catastrophe sur pattes. Tu réussis probablement d’autres choses. Comme a dit une de mes connaissances lors d’une interview télé sur la compétition entre mamans : « Les forces des autres ne sont pas mes faiblesses ». Ce que l’autre réussit ne dit rien sur ce que je rate. Ce qu’il sait faire de manière toute naturelle ne dit rien sur le fait que pour moi c’est un combat qui me demande tous les efforts du monde (ranger, tricoter, travailler à temps plein, décorer, cuisiner, organiser des fêtes, courir des marathons, adopter un enfant porteur de handicap,…). Fais attention aux lentilles que tu utilises pour comprendre les raisons, les facteurs ayant pesé dans la balance. Et sois bienveillante envers toi-même.

  • En nous rappelant qu’on n’est pas le centre du monde et que ce qui arrive aux autres ne nous concerne pas tout le temps.

Que ce qu’ils vivent n’a rien à voir avec moi, ce n’est ni ma faute, ni une déclaration qui parle de ma vie, ni un défi qui m’est lancé. Oui, le fils d’untel sait déjà lire des livres à 5 ans sans que ça ne dise quoi que ce soit sur mes enfants. Oui, unetelle peut aller le matin faire du sport en salle sans que ça n’implique que je sois grosse et fainéante. Oui, les selfies de groupes de copains qui ont l’air de s’amuser à fond pendant une randonnée en montagne ont l’air vraiment sympa, mais ça ne dit rien sur la qualité de mes relations sociales. Parfois, il faut simplement voir les choses comme elles sont : « Non, en fait, ça ne dit rien sur moi et sur ma vie, je ne suis pas le nombril du monde ».

  • En nous forçant à utiliser notre zoom pour mettre le focus sur notre vie à nous : nos forces, nos réussites, notre corps, nos familles, nos minutes, nos moments, nos trésors.

Tu peux vraiment décider de tourner la tête et de poser ton regard ailleurs. Non, tout n’est pas facile, non tout ce que nous vivons et faisons ne nous remplit pas de bonheur et de fierté tout le temps. Mais oui, tu peux décider de changer ton regard sur qui tu es et ce que tu vis.

Commence par travailler sur les mots qui sont dans ta tête.

  • Tu peux passer d’un discours de reproches à un discours plus tendre, plus patient, plus positif, plus reconnaissant…

  • Tu peux contredire les voix dans ta tête qui te disent que l’autre a des meilleures cartes en main

  • Tu peux contredire les voix dans ta tête qui te condamnent à « tu n’es bonne à rien », tu peux leur dire que tu n’es pas parfaite, que les autres semblent mieux s’en sortir que toi mais qu’au fond, tu te trouves toi-même vraiment top, que tu réussis plein de choses, que tu atteins des buts que tu trouves importants, que tu t’engages dans ta vie avec dynamisme, que tu n’es pas obligée de tout gérer pour être fabuleuse…

  • Tu peux contredire les voix, tourner le regard vers ce qui t’encourage, ce qui te rend fière, ce qui t’anime et tu peux zoomer sur le bon. Tu peux zoomer simplement, avec reconnaissance, sur ce qui remplit ton cœur de joie.

  • Tu peux aller à contre-courant de notre naturel qui compare et critique… et respirer tranquillement pour te dire :

« Bravo, tu es arrivée jusqu’ici, qui l’aurait cru… alors faisons les prochains pas la tête haute ».

C’est tout le bon que je te souhaite.

Ne néglige pas ton bonheur, ta vie, même le petit, le beau, l’insignifiant, c’est ce qui est l’or de nos vies, la trame indispensable. Tant de gens courent toute leur vie après des buts inatteignables. Il est si facile de passer son temps à garder les yeux fixés sur la vie des autres, à essayer d’en faire de même…et ce faisant, de passer totalement à côté de ses propres paysages.

Utilise ton zoom, zoome vers le tout petit, puis dézoome pour découvrir le panorama devant toi. Joue avec ton zoom, jusqu’à trouver que le bonheur est tout près de toi.

Fais un instantané et grave-le dans ton cœur.

On s’en fout de la Tesla du voisin, du luxe des influenceuses online, du mec super canon de ta copine. Si tu es comme moi, tu trouveras bien plus magnifique d’observer ton enfant chanter en marchant, de respirer l’air frais qui sent l’herbe mouillée ou de lire un message d’une de tes lectrices qui te dit merci pour tes mots qui étaient comme un bisou à l’âme. 

N’est-ce pas fabuleux de vivre tout cela ?



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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