21h30. Fatiguée de ma journée, je gravis d’un pas lourd chaque marche de l’escalier.
Je pousse la première porte du couloir pour m’avancer dans la chambre de ma fille.
Je me pose sur son lit, les yeux émerveillés par cette image si douce. Celle de son visage apaisé, les joues rougies par le sommeil. Ses petites paupières closes, ses longs cils joliment posés. Son corps tellement détendu sous la couette. Je caresse ses cheveux, ses joues toutes douces, dépose un baiser sur l’une d’elles.
D’instinct, je me dirige vers la chambre de mon fils, pour fourrer mon nez dans son cou en fermant les yeux.
Comme j’aime son odeur !
J’arrange doucement sa couverture, dans laquelle il se retrouve toujours entortillé ! Je caresse son front tout chaud, tout en murmurant des mots d’amour au creux de son oreille.
Mon moment de bonheur
Soulever leur couverture, voir leurs jambes s’allonger à vue d’oeil. Me rappeler de leurs petits pieds potelés cachés dans la gigoteuse taille naissance. Et réaliser, encore, combien ils ont grandi.
Admirer le lien qui a grandi entre eux et moi, au fil des jours, au gré des rires et des pleurs.
M’interdir de penser à demain, à ces lendemains où ils s’envoleront vers leurs rêves. Cueillir l’instant présent, caresser leurs petites mains toutes chaudes, garder précieusement en moi la poésie de leurs mots innocents.
Oui, parfois, j’ai hâte qu’ils grandissent.
Hâte qu’ils sachent mieux gérer leurs émotions qui partent en tsunami à la moindre broutille. Hâte aussi qu’il nous laissent dormir un peu plus longtemps le dimanche matin.
Mais en réalité, je n’échangerais ces instants d’aujourd’hui pour rien au monde.
Les voir grandir est un poème. Les voir devenir, petit à petit, ce petit bout d’homme et de femme remplis de rêves face à la page blanche qui se dresse devant eux.
Les voir grandir est ma mission. Je veux leur donner foi en la vie, les aider à déployer leurs ailes, même si cela me coûtera en larmes de tristesse le jour où ils quitteront le nid.
Quand en moi tout se mêle, regarder leurs corps paisibles me contamine. Je veux être, moi aussi, cette petite fille sereine face à demain, qui s’abandonne avec confiance dans les bras de Morphée, et qui laisse ses multiples pensées devant la porte de sa chambre. Lâcher prise.
Je suis à ma place.
Les regarder dormir me réconcilie chaque soir avec mon rôle de maman, qui pèse parfois bien lourd sur mes épaules.
Ce rituel un peu secret me chuchote à l’oreille :
« Tu es à ta place. Tu vas y arriver ! »