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Vie de famille

Les profs de leur vie

Rebecca Dernelle-Fischer 9 octobre 2019
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Dernièrement, j’ai découvert le hashtag #lesprofsdemavie :

bien entendu, tant de noms me sont revenus à l’esprit. Des souvenirs de profs qui m’ont donné les outils dont j’avais besoin, d’autres qui m’ont cassé les pieds, ennuyée peut-être.

Mais bien plus marqués sont les souvenirs de ceux qui m’ont vue, qui m’ont fait confiance, qui ont élargi mon horizon, ouvert des sources secrètes — ou plus encore, ont posé dans ma main les clés qui m’ont permis d’ouvrir de nombreuses portes sur mon chemin.

Il y a les noms de profs de ma vie, mais en tant que maman je découvre que de nouveaux noms s’ajoutent à la liste.

Ce sont les noms des profs de leur vie,

de la vie de mes enfants.

Au début c’est un peu embêtant parce que d’un seul coup, “maman/papa a dit” est remplacé par “oui mais madame Dupont a dit” !

Les profs de leur vie : les enseignants de mes enfants, qui leur apprennent plus encore que ce que nous sommes capables de leur transmettre. Ceux qui savent voir nos enfants et les prendre en compte, ceux qui savent rire de leurs blagues. Ceux qui rouspètent à propos de leurs devoirs oubliés, qui les consolent quand ils tombent dans la cour…

Ceux à qui l’on « confie nos enfants ».

Ces adultes qui jouent un grand rôle dans le développement des mes filles. Ceux qui écrivent des histoires dans leur cœurs, y plantent des graines d’intérêt, de passion même parfois, et les arrosent aussi.

Bien entendu, il y a des instituteurs qui me plaisent un peu moins, dont les méthodes me dérangent même carrément. Mais la plupart du temps, je me réjouis de voir les fruits que la plupart laissent dans la vie de nos filles.

Il y a eu Madame H. (dont le nom signifiait littéralement en français “madame Héros”), par laquelle ma grande fille était à juste titre fascinée ; Mademoiselle L. dont j’ai craint que le manque d’expérience ne nuise à son travail — mais qui a donné cours à Emma et toute sa classe avec une dextérité incroyable.
Il y a eu Madame B., qui faisait la même taille que ses élèves de 9 ans et qui a su reconnaître l’esprit vif et intéressé d’Ann-Céline.
Et surtout il y a eu monsieur S., l’instituteur parfait pour Emma : comique, hyper structuré, motivé, attentionné et parfois mauvais joueur. Semaine après semaine, nous avons savouré ce qu’Emma avait à nous raconter (elle a un don pour raconter les histoires, c’est fou). On a ri, on s’est étonné, on a vu la petite demoiselle écrire des histoires et des histoires — et se voir encourager par son instituteur.
Il y a eu le professeur de musique d’Ann-Céline qui a fait d’une classe de 25 élèves de 10 et 11 ans un orchestre. Je crois qu’à chaque fois que je l’ai croisé, je lui ai dit merci… la première fois que je l’ai vu diriger son orchestre d’enfants, j’ai eu des frissons : il connaissait le nom de chacun, faisait des remarques positives en parlant d’eux en plein concert, leur accordait sa confiance et mettait la barre très haut (ah ben oui, il était sévère mais ces pré-ados à trompettes et autres instruments à vent donnaient tout pour leur prof de musique).

Aller à l’école et y survivre,

tout en restant créatifs, courageux, en osant faire des erreurs : ce n’est pas facile.

Et je vois bien que certaines de mes amies souffrent de voir leurs enfants ramer devant de trop nombreux devoirs, des profs parfois si frustrés qu’ils éclaboussent leur aigreur sur les âmes des élèves, des systèmes d’examens qui négligent que l’intelligence est multiple et qu’on est tous différents.

Bien entendu que notre système scolaire a besoin de se réformer, en profondeur et en urgence… mais cela ne devrait pas nous empêcher de voir et d’apprécier les profs de leur vie.

N’oublions pas de dire merci.

Ne négligeons pas d’éprouver de la gratitude, aidons nos enfants à prendre conscience que des personnes dévouées les encouragent à apprendre, à réussir, à rater.

Montrons à nos enfants qu’on s’en fout des résultats dans le bulletin mais qu’on est épatés de les voir prendre goût à l’apprentissage, à acquérir des outils, à s’essayer dans des domaines nouveaux, à commencer et recommencer avec courage.

Ne mettons pas la gratitude au placard,

ouvrons nos bouches pour encourager et nos enfants et leurs professeurs. Osons le “merci pour tout”, osons le petit mot d’encouragement glissé dans le journal de classe. Osons être les parents ringards qui voient le bon, qui voient l’effort et qui prennent le temps de le souligner.

Osons accepter que nous ne serons pas les seuls à influencer les vies de nos enfants…

et parfois, les enfants ont besoin qu’on les autorise à se sentir bien à l’école, qu’on leur communique qu’ils ne trahissent pas du tout notre amour-propre quand leur idole devient Monsieur Untel ou Madame Machin.

Bien sûr qu’en tant que parent, on deviendra “pénible” et que d’autres adultes auront l’air bien plus attractifs que nous. C’est normal, c’est sain, c’est un être humain en construction ! Montrons-leur donc que notre amour pour eux n’est ni fragile, ni jaloux — mais constant, bienveillant et solide.

Alors merci, MERCI aux profs de ma vie mais aussi aux profs de leur vie…

merci d’avoir choisi ce métier envers et contre les intempéries… merci de ne pas laisser la frustration pourrir vos classes de cours, merci, vous êtes importants dans nos familles, et surtout pour le futur de nos enfants.



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Cet article a été écrit par :
Rebecca Dernelle-Fischer

Psychologue d’origine belge, Rebecca Dernelle-Fischer est installée en Allemagne avec son mari et ses trois filles. Après avoir accompagné de nombreuses personnes handicapées, Rebecca est aujourd’hui la maman adoptive de Pia, une petite fille porteuse de trisomie 21.
https://dernelle-fischer.de/

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