« Génération caliméro » : l’épuisement maternel n’a jamais été aussi tendance. Un petit coup de mou et hop, on se proclame en burn-out… Et si tout cela n’était que l’effet d’une fâcheuse tendance à se regarder le nombril ? Les parents sont-ils devenus honteusement égocentriques ? Toute cette semaine, suivez mon entretien avec Moïra Mikolajczak, spécialiste du burn-out parental.
« De mon temps, on y arrivait, et sans râler », affirme la voisine.
« Ta grand-mère ne se plaignait pas », renchérit votre génitrice.
Mère à bout de nerfs : avez-vous seulement le droit de vous sentir épuisé, puisque vous avez une machine à laver, un aspirateur, une place en crèche et des allocations familiales ?
“Le burn-out parental est plus présent aujourd’hui qu’hier. En une génération, la parentalité s’est radicalement transformée”, explique Moïra Mikolajczak, chercheuse et auteure de Le burn-out parental : l’éviter et s’en sortir (éd. Odile Jacob, 2017).
“De mon temps”
À force de s’entendre dire “de mon temps, les choses se passaient différemment”, on a tendance à se demander ce qui cloche chez nous. Si ma grande-mère et ma mères y arrivaient, pourquoi moi je n’y arrive pas ?
“Ce qu’on attendait des parents à l’époque est très différent de ce qu’on attend des parents d’aujourd’hui”, m’explique Moïra. “Avant, il s’agissait simplement de maintenir l’enfant en bonne santé. À aucun moment, on ne cherchait à prévenir d’éventuelles maladies de manière proactive.”
La pression sur les parents a changé
Premièrement, les parents, et en particulier les mères, travaillent beaucoup plus. “Mais le principal élément amplificateur de pression est la Déclaration des droits de l’enfant de 1989. On l’a peu dit, ajoute Moïra, mais ce traité est assez révolutionnaire dans l’histoire de la parentalité. Il n’y a pas si loin dans l’histoire, les enfants travaillaient. Aujourd’hui, il y a l’enfant a des droits, et notamment le droit au bien-être. L’État et les parents exercent une responsabilité : celle de permettre à l’enfant d’exercer son droit au bien-être.”
Cette Déclaration des droits de l’enfant, nous ne l’avons pourtant pas sous les yeux à longueur de journée ! En quoi nous influence-t-elle autant ?
“Toutes sortes d’exigences nous sont communiquées d’une manière ou d’une autre, explique Moïra. Pas d’écran avant 3 ans, nécessité de jouer dehors plusieurs heures par jour, alimentation saine, bio, locale et maison…”
Votre épuisement est légitime
En tant que parent, on se sent responsable de cette réussite, vu qu’un nombre incalculable de livres, de magazines, de blogs et de sites internet nous disent comment faire. Donc se pose plus de questions… mais pas forcément parce qu’on est égocentrique ! Peut-être juste parce qu’on veut bien faire… Trop bien faire !?
Vos enfants n’ont pas besoin d’une mère parfaite… Ils ont besoin de vous !